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Par arevareva le 6 Juillet 2016 à 08:06
TROIS POEMES
de
Joubert JOSEPH
*
Joubert JOSEPH ,écrivain , poète-diseur, auteur-compositeur et interprète est né à Port- Margot le 29 avril 1997, l'une des plus belles communes du nord d'Haïti . Il est guitariste depuis l'âge de 13 ans, et commence à écrire des poèmes dès ses 15 ans. Il est l'auteur de plusieurs recueils de poèmes inédits.
1
24 mai 2016
O mon inconnue
La chaleur de ton corps
Un élixir
Pour les papillons errants
Ton nom habite
La Rue Louis Cupidon
O mon inconnue
Les voyelles du poème
Ont un goût de sexe
Chaque parcelle de silence
Me dessine ton visage
O mon inconnue
Je te cherche partout
Avec mes mains assoifées
De la densité de tes fesses
Et tes pas rythment
Les battements de mon coeur
O mon inconnue
Tu es un séisme
Seul mon sexe subit
Les secousses de ton passage.
*
2
QUEL EXORCISME POUR LA CHAIR ?
12 janvier 2016
-
-
Entre les lignes de mes mains
Je navigue
Pour retrouver
La mémoire d'un pays
Au souvenir trempé de larmes
Des enfants qui pleurent
Entre 2010 mots
Ma plume déambule
Vomissant de l'encre
Telle la nuit pissant
Aux seins des étoiles
Entre 12 témoins
J'ai déposé mes rêves d'enfance
Pour exorciser la peur
Des pères et mères sans repères
Qui pleurent leurs misères
Je porte ma phrase fissurée
Par un tremblement de voyelles
Et mon poème devient blessure
Pour exacerber ma douleur.
*
3
30 juin 2016
O mon inconnue
L'architecture de tes cuisses
Ne cesse de me bercer l'esprit
Je rode
Dans le jeu subversif
De tes yeux-diamants
Montre-moi la route
Qui mène à ton nombril
O mon inconnue
Montre-moi la route
Qui mène à tes seins
Ton sourire suffit
Pour vivifier les fleurs brûlées
Par la chaleur du mal
Et ta bouche pour provoquer
Des tremblements de coeur
O mon inconnue
Depuis la découverte de ta photo
Je ne cesse de t'admirer
Mes yeux vont sans doute mourir
D'une overdose
De ton visage.
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Par arevareva le 19 Novembre 2015 à 01:17
Joubert JOSEPH :
Préface de D.O.Tron aux 15 POEMES POUR UN MILLION D' ETREINTES de Joubert JOSEPH :
Haïti, île de rêve ou île de cauchemar ? Les deux sans doute, l'île a deux faces comme toute notre planète et cette espèce humaine qui y prolifère. Haïti île fertile en poètes, en peintres, en musiciens, comme pour conjurer les malédictions des séismes , des corruptions, des esclavagismes, de la déforestation.
Parmi ces inspirés , Joubert JOSEPH. On connaissait Joseph JOUBERT, qui ne publia rien de son vivant mais que son ami Chateaubriand fit lire après son décès . Mais voilà que s'est levée une nouvelle semence d'étoile dans la galaxie des poètes des Caraïbes , de Corse et de Navarre où scintillent les proférations de Davertige, Metellus, Christian Présent, Raynaldo Pierre-Louis, Claude Sterlin-Rozema ,Patrick Quillier, Françoise Roy, Jay Cee , Dominique Ottavi, Bernard Gueit et bien d'autres en convergence catalytique d'affinité et de conscience.
Cette nouvelle étoile en gestation se prénomme Joubert , son nom de famille est JOSEPH. Le yogi Taimni affirmait naguère que les âmes libérées des illusions matérielles de l'incarnation deviennent des semences d'étoiles. Je dirai que le poète, dès qu'il cesse d'être polarisé par son narcissisme et l'approbation mondaine, se joint à cette procession où l'identité animale et sociologique peut se transformer en celle d'un astre naissant .
Afin de conjurer le mauvais sort de l'Histoire présente de l'humanité et de ses turpitudes, j'ai perpétué sur le net la HORDE CATALYTIQUE POUR LA FIN DE L'ANTHROPOPHAGIE, le groupe artistique mythique qui m'avait fait chaman à 20 ans sans jamais m'écouter en profondeur , et c'est sur les pages de cette Horde que je vis un jour atterrir les poèmes de Joubert JOSEPH . Il joignait alors ses révoltes à celle des autres membres du groupe . C'est qu'il ne manque pas dans la société humaine de motifs de se désoler , de se trouver seul, poubellisé , privé de fertilité matérielle ....
Puis le jeune poète guitariste se transforma en chantre hédoniste de l'amour et de la sensualité :''Ton ombre est une tente /Là ou tous les flâneurs /Veulent venir se cacher /Pour que le soleil de la misère ne les éclaire pas ''
Désormais ses poèmes devinrent des chambres d'enregistrement de ses idylles, et ses rencontres intimes avec la Femme se révélèrent des voies d'accès au livre extatique de l'Univers :'' Tu étais si belle/avec la nuit/dans tes yeux/les étoiles éparpillées/sur ton visage''. C'est à la femme idolâtrée qu'il confie le soin de lui révéler le secret de sa transmutation cosmique : ''Fais moi parler la langue des étoiles'' . Et c'est par l'érotisme que le poète cherche à guérir de son mal-être :''J'ai soif d'un baiser humide/Pour cicatriser les blessures de la solitude''
Les poèmes de Joubert JOSEPH deviennent alors des stèles mémorielles d'une sexualité enivrée et explicite, comme s'il voulait perpétuer le présent des étreintes après leur épuisement, sans doute pour mieux les retrouver ... Il célèbre la femme , ses caresses, ses gémissements, et jusqu'à ses poils ...
Cette exaltation contagieuse de la fusion amoureuse aurait-elle rendu aveugle le poète sur le désastre de la condition humaine? Non, il s'agirait plutôt , à l'échelle individuelle, d'une tentative d'exorcisme , tant nous ne pouvons compter que sur notre propre conscience et nos propres élans pour rendre la planète un peu vivable . Il reste lucide sur les limites de l'identité charnelle : ''Faut il revenir vers toi /pour goûter encore/à la méchanceté inconsciente/de tes 20 ans ?'', ou encore : ''Mais faut il revenir/dans ton enfer/avec des blessures/aux entrailles ?''
Le poète ne peut échapper à la problématique existentielle de nos incarnations humaines, où sur le plan matériel, jouissances et douleurs semblent corollaires. L'amour physique parait alors ne pouvoir fournir que des indices, des reflets de la règle du Jeu de l'Amour Cosmique : '' Je suis en quête d'une métaphore/dans la densité/de ton sein gauche.''
C'est ainsi que la poésie se transforme en une tentative de magie bienveillante ,en un artisanat alchimique inspiré par un ange gardien ,sorte d'antidote aux sorcelleries criminelles qui flattent et vampirisent les égos : '' J'entends une voix lointaine disant/''ce pays est un devoir à rédiger''
Et c'est par ce rayonnement spirituel où la dignité se conquiert par l'humilité d'un perpétuel apprentissage que le poète peut déchiffrer dans la présence de la femme une ''signature des étoiles '' et la lui révéler, et qu'il peut affirmer : ''Je porte en moi/une pétition à signer/avec les doigts de l'invisible''.
Dominique Oriata TRON
docteur ès Etudes Théàtrales de l'Université de Paris
La préface ci dessus a été dactylographiée le 1er septembre 2015 sur l'île Aimeho (appelée aussi Moorea), dans l'Océan Pacifique. Par ailleurs le recueil de Joubert JOSEPH, qui en détient le copyright, n'est pas le choix des quelques poèmes déjà publiés dans Arevareva. Il s'agit d'un nouvel ouvrage , et nous mentionnerons comment il sera disponible dès que l'auteur le rendra public.
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Par arevareva le 18 Juin 2015 à 19:46
Quelques poèmes de Joubert Joseph, poète haïtien du 21ème siècle et membre du groupe artistique international ''Horde catalytique pour la fin de l'anthropophagie''.
___
© Joubert Joseph
*
MÉMOIRE D'UNE GUÉRISON
Je me souviens de cette chambre
Que nous avons remplie
De nos sueurs
Et de silences palpables
Nous avons fait transpirer les mots
Au creux d'un désir fauve
Je me souviens de cette chambre
Oú nous avons tant pleuré
Au rythme de l'amour
Je ne puis remplir les vides
Que ton absence crée
Dans mes veines
Avec le doute
Et le chagrin
Je t'aime
Comme un éclair perdu
Aux tréfonds du ciel
Tu m'as fait toucher
Des choses interdites
Et tu m'as montré
Sur ton corps
Le secret du paradis
Comment vivre
Avec les cicatrices
D'une femme qu'on aime?
Ne pars pas mon amour
J'ai tant d'histoires
À écrire
Avec ma langue
Sur le bout de tes seins.
15 Juin 2015
Joubert Joseph
*
LE MAL DE LA TERRE
ou LA SOUFFRANCE D'UNE ILE
Ce jour là, le vent creusait l'horizon avec ses griffes dans la nudité de la nature
La respiration de la mer flouait les vagues affolées sous le ciel noir
c'était le soleil qui peignait ses reves dans l'innocence des étoiles
la grève avait déjà bu nos larmes
et le sable laissait sur nos visages les entrelacs ocrés du désespoir
un arbre déambulait en silence avec le secret de l'éternité caché sous sa chevelure
Ô mon ile bleue que sont devenues tes forets remplies d'oiseaux et de bougainvilliers
la terre gémit sous l'enclume , mais l'homme est sourd et ses cris ne sont que poussière,
elle craque sous le galop des chasses légendaires
un jour viendra où les nuages denses danseront avec la lune entrelacés pour exorciser nos maux
et nous nous servirons de nos mots pour fuir cet univers
tels des chiens errants laissant derrière nous la terre offensée,
outragée depuis la nuit des temps.
Joubert Joseph et Denise Bernhardt le 18 Mai 2015
*
GREVE
....................................................................
Un matin
après avoir rompu
avec mon sommeil
je prends part
à tremper mes pieds
dans la tristesse du jour
je vois les rues remplies de maux
mots sauvages
la rivière chante
une chanson en putréfaction
néanmoins le soleil marche
sur les pneus enflammés
sur les barricades
aux figures de protestation
les tessons de bouteilles dansent
dans la densité des rues
et j'entends une voix lointaine disant
ce pays est un devoir à rediger
midi moins cinq
la nuit envahit le jour
strip-tease de nuages
au bord de la mer
naissance de nouveaux astres
dans la précocité de la nuit
tete calée mon ame s'évade
je me souviens des lampadaires
qui n'ont aucun respect
pour l'obscurité
disparition de l'horizon
la grève est lancée.
Joubert Joseph
*
INTIME
..................
Chaque matin
Je me lave les yeux/
Avec des vers
Qui coulent
Comme une chanson
à double sexe
Je ne lis plus
En plein jour
Pour coiffer mon âme
Je lis dans des moments/
Qui n’ont pas de nom/
Pour coffrer le stress
Dans mon cœur
J’oublie mon ombre/
Sous le jupon d’une nuit
En plein midi/
Métissage de rêves
Dans les fentes de mes doigts
Chaque soir
Je serre la main
De la lune
Je baise les étoiles
Sans maux
Je coince les nuages
Avec mes mots
Au cœur de ma poésie errante.
Joubert Joseph
*
BONNE FETE À DENISE BERNHARDT
O poète
Je t'apporte
une multitude d'îles-mots
Au creux de mes mains
Métaphores infinies
Luisant sur ton visage
Et dans la danse de tes prunelles
Mon silence n'est qu'espace
Espace pour noyer l'invisible
Dans la lueur de tes maux
À ta guise O poète
Je t'apporte mille sourires verrouillés
Pour exorciser ma peur
Peur de te dire
BONNE FETE.
*
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Par arevareva le 10 Mai 2014 à 14:26
J'ai retrouvé deux poèmes d'André Remacle dont celui -ci m'avait donné une copie dans les années 60. En les publiant ici, je suis presque sûr de ne pas les égarer .Lire les romans et recueils de poèmes d'André Remacle, auteur notamment du ''Temps de vivre'' dont Bernard Paul fit un film où joua r Marina Vlady et Moustaki une chanson (consulter la fiche Wikipédia d'André Remacle, ci dessus avec son épouse Rosette) .
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Par arevareva le 9 Avril 2013 à 14:21
A partir de 1984 je vis à Tahiti, puis Moorea. A cette époque là les quotidiens de Tahiti sont très accueillants à la poésie, donc c'est là que je publie mes poèmes continuellement diffusés ainsi à des dizaines de milliers d'exemplaires chaque fois. J'en publie aussi de plus longs aussi dans la revue Eden, que je diffuse à 200 exemplaires environ avec un des premiers ordinateurs Macintosh et une imprimante. Ensuite , lorsque j'arrête cette diffusion, j'en publie dans la revue Poètes en Pareu, qu'anime alors mon ami Tutuuehitu, le romancier du "Trésor des îles Marquises",livre publié aux Editions Latines. J'ai aussi à l'époque une synthétiseur. J'enregistre alors mes poèmes sur des cassettes sous forme de recueils, je dis les poèmes sur la musique que j'ai improvisée sur un synthétiseur . Je produis aussi de nouvelles versions de mes anciens livres . C'est à partir du tirage imprimé de l'ensemble de ces recueils qu'a été fait le choix de l'anthologie des 108 poèmes clefs aux Editions de la Bartavelle .En janvier 2011 , j'ai pu retrouver les maquettes de ces recueils, les master tapes étiquettés EDIT 1,2, 3, etc... malheureusement la rouille s'est attaquée aux bandes magnétiques , elles ne sont pas très audibles, et dans le processus de numérisation s'ajoutent des sons parasites que je n'ai pu éliminer. Donc les fichiers audio dont je donne les liens ci dessous ne peuvent être considérés que comme des archives, qui gardent une trace des publications de ces années là . Avant de partir à Tahiti, j'avais créé avec mon frère le Mîme Freddy l'association Ateliers sans frontières. C'est le nom d'éditeur que j'inscris alors sur les jaquettes de ces cassettes , comme sur celle où j'ai enregistré le Manifeste du Pluriculturalisme en 1986. J'accompagne ces liens de photos biographiques prises approximativement à l'époque mentionnée de l'écriture ou de la publication de ces recueils.
Dominique Oriata TRON
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SOLEIL
1985
1
http://www.wat.tv/audio/soleil-face-archive-1987-peinture-68af5_2hlcv_.html
2
http://wlww.wat.tv/audio/soleil-face-archive-1987-peinture-68b1b_2hlcv_.html
*
POEMES POUR UNE DEMOCRATIE PLANETAIRE
1987
face A
http://www.wat.tv/audio/pour-democratie-planetaire-face-68b71_2hlcv_.html
face B
http://www.wat.tv/audio/poemes-pour-democratie-planetaire-68bjl_2hlcv_.html
*
J'AI VU !
1988
face A
http://www.wat.tv/audio/ai-vu-face-archive-1988-68he3_2hlcv_.html
face B
http://www.wat.tv/audio/ai-vu-face-archive-1988-68hfh_2hlcv_.html
*
AIMANT
1989
section1
http://www.wat.tv/audio/aimant-version-1989-section-61vqf_2hlcv_.html
section 2
http://www.wat.tv/audio/aimant-section-66ien_2hlcv_.html
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L'AMI NOUVEAU
1990
face A1
http://www.wat.tv/audio/ami-nouveau-face-a1-archive-1990-68o4t_2hlcv_.html
face A2
http://www.wat.tv/audio/ami-nouveau-face-a2-archives-68osz_2hlcv_.html
face B, version 1
http://www.wat.tv/audio/ami-nouveau-face-archives-1990-68oa1_2hlcv_.html
fece B, version 2 , celle au format de la cassette publiée
http://www.wat.tv/audio/ami-nouveau-face-autre-version-68p4b_2hlcv_.html
*
NAITRE A LA DANSE COSMIQUE
2 ème version ,1991
face A
http://www.wat.tv/audio/naitre-danse-cosmique-face-68p0j_2hlcv_.html
face B
http://www.wat.tv/audio/naitre-danse-cosmique-face-68ssr_2hlcv_.html
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DANS L'OEIL DU CYCLONE
1991
face A
http://www.wat.tv/audio/dans-oeil-cyclone-face-version-68wzd_2hlcv_.html
face B
http://www.wat.tv/audio/dans-oeil-cyclone-face-archive-68x1z_2hlcv_.html
*
LES FLEURS DU BIEN
1992
face A
http://www.wat.tv/audio/fleurs-bien-face-archives-1992-68x45_2hlcv_.html
face B
http://www.wat.tv/audio/fleurs-bien-face-archives-1992-68x5v_2hlcv_.html
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PHOTOS DE CETTE EPOQUE :
Le mariage avec Christine , le 16 août 1984 , à la mairie de Punaauia, commune où vécut Gauguin. A cette époque là, Nim venait de naïtre en Afrique , à Elog Batindi le 11 Mai 1984 . Les témoins du mariage sont André et Sabrina Teae , le maire est je crois , Ronald Temauri :
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Près du cimetière, la maison où nous habitions à la Pointe des Pêcheurs, qui devint par la suite terriblement urbanisée ...
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entrée de la grotte des Lavatubes à Tahiti , à travers une cascade :
Je travaillais à l'époque dans les salles et les jardins du Lycée La mennais, sur la colline derrière la cathédrale :
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A Bora Bora, invités sur le "motu Tane" par Colette et Paul Emile Victor, nous avions trouvé sur un ilôt désert voisin, une chatte avec deux chatons que nous avons emportés et adoptés, l'une d'elle a survécu jusqu'au siècle 21.
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*
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déménagement en 1989 à Moorea, à Tiki Tapu :
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l'atelier face au lagon à Tiki tapu :
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danse sous le badamier au bord du lagon :
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Par arevareva le 6 Avril 2013 à 17:56
Siècle 21 : Dominique Gabriel Nourry :et Dominique Oriata Tron
On trouvera ces poèmes et bien d'autres sur le blog de Dominique Gabriel NOURRY http://www.dici-dance.com/blog/index-428799.html .
*
LE GARDIEN DE LA PORTE SECRETE
http://www.wat.tv/audio/gardien-porte-secrete-par-6d9hj_2hlcv_.html
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Encens d'amour
Dominique Oriata TRON chante ici , le 7 avril 2013 , deux poèmes de Dominique Gabriel Nourry, qu'il a trouvé cohérent de mettre à la suite, ATTENTE D'UNE FEMME et TISSU D'AMOUR, que l'on retrouvera ci dessous . cela créait une progression dans le chant , et il a pris le titre "Encens d'Amour" dans un des poèmes , après avoir hésité avec "Perspective de Femme".Il a enregistré son chant, sa guitare, sa flûte de pan et ses petites percussions avec un micro Skype et le logiciel gratuit Audacity. Dominique Oriata TRON est l' auteur également du dessin ci dessous, son opus 220, qui a besoin qu'on clique dessus pour perdre son flou. Quant à la photo ancienne elle n'avait malheureusement pas d'autres indications que celles qui sont inscrites sur son tirage, lorsqu'elle a été trouvée sur le net. La photo de Tron avec l'Ibis a prise le 1/4/2013 avec la webcam de l'ordi sur lequel les chants ont été enregistrés, en Afrique Equatoriale.
ou
http://www.wat.tv/audio/domnourryencens-amour-66iiv_2hlcv_.html
*
Les colombes
Le chant et la mise en musique du poème "Les Colombes" et le dessin ci dessous, opus 458 sont de Dominique Oriata TRON , ainsi que le jeu acoustique à la guitare, à la flûte de pan et aux percussions
Pour le chant du poème , cliquer sur : http://www.wat.tv/audio/dominique-gabriel-nourry-colombes-63cwb_2hlcv_.html
Ton visage qu' apprivoise la nuit
lentement se défait
sous les néons de l' absence
tu sais
que certains mots
sont aujourd' hui
imprononçables
habite-les
puisqu' ils tissent
déjà
ce corps cadavre
qui t' oubliera
mais voici
à l ' aube
je tiens des arbres
et des fleuves
et des pics qui
d' un trait d' ombre
tranchent la plaine
telle est ma force
et mon devenir
car
le sais-tu
même dans les cimetières
les colombes
roucoulent
*
La femme
Attendre une Femme
c' est attendre
sue le monde naisse
dans
l' antichambre
de la Création
c'est tenir
au centre
du
corps
ce big-bang
dont
s' éclatent
les
cosmos .....
c'est longuement
prier
devant la fleur
pour qu' elle
s'
épanouisse
et
se
con
cen
trer
dans le plus
intime
du
Désir
car l' Univers
en
sa
parfaite
Harmonie
ne
saurait
être
Idole
lorsque
je
brûle
en ton rai de Lumière
l' incandescence
de
mon
encens
d'
Amour !!!
*
TISSU D'AMOUR
Au bout de ta langue
une étoile hésite
et se déshabille
je tombe dans l' abyme
de ta perspective
avec des mots qui n' ont
qu' un lointain rapport
avec la Poésie
mais constituent cette Poésie
du corps
sang sperme larmes
qu' infiniment je quête au bout des lignes
de ma Vie
et de la Tienne
tissu d' Amour où en suis-je
où es-tu
mous savions-nous presqu' îles
nous que fouettaient les vents d' hiver
qui est
l' en
droit
qui est
l' en
vers
de cette jonchée de plaisis
dans le cataclysme des draps
de soie
qui est l' envers
qui est l' endroit
tu n'es plus que le revers
de mes doigts
et je te cherche
te cherche encore
lorsque déjà je t' ai trouvée
ce n' est jamais assez
jamais assez Toi
jamais assez mo
pour que l' on se confonde vraiment
souviens-toi de la caverne
où je t' ai aperçue
dans les coulisses du
29/12/2012
*
POEME DU SOLSTICE
O sapin !
s'exclame
le
lapin
qui
dit
et
bondit
que
j'
aimerais
comme
toi
siéger
dans
la
permanence
au
milieu
des
arbres
et
des
hommes
et
des
astres
déchus
moi
le
vent
du
Temps
me
bouscule
me
bascule
et
m'
emporte !!!
je
suis
la
proie
sautillante
de
toutes
les
illusions :
je
désire
la
première
lapine
qui
passe
et
je
gobe
les
discours
des
orateurs
et
je
crois
à
la
vertu
au
progrès
aux nouvelles relogions
athées
aussi
meurtrières
que
les
anciennes
qui
d'
ailleurs
reprennent
du
poil
de
la
bête
et
de
fourrure
pol
aire
recouvrent
même
les
ordinateurs
moi-même
je
ne
suis
qu'
une
ombre
un
être
fabriqué en série
membre remarquable d'une de ces innombrables élites qui pululent dans les terriers
si
seulement
l'on
ne
m'
avait
reproduit
que
charnellement !!!
hélas
tout
en
moi
idées sentiments raisonnements
n'est
que
reproduction !!!
ô
cher sapin
enseigne-moi
la
sagesse
des
hautes
montagnes
raconte-moi
encore
l'homme
qui
marche
dans
la
neige
et
qui
désire
se
coucher
mourir
mais
avance
tout
de
même
parce que
ceux
celles
qui
l'
aiment
pensent
qu'
ils
avancent
dis-mi
sapin
que
moi
misérable boule de fourrure
que
convoitent
les
chiffonniers
" po d'lapins pos "
je
compte
autant
que
le
grand
soleil
puisque
j'ai
le
savoir
au
fond
de
moi
le
savoir
et
la
vie
qui
me
fait
palpiter
la vie
et
mon Coeur
qui
bat
qui
bat
qui
bat
si
fort
pour
ceux
pour
celles
que
j'
aime
et
pour
l' humanité
toute
entière
que
même
éphémère
j'ai
toute
ma
place
sous
la
Lumière
qui
bientôt
reviendra !!!
*
YOUKI
Youki s'endort
dans la ville figée
Youki s'endort
une fleur de pierre à la main
Youki s'endort
loin des cris des combats des supplices
je ne sais rien d'elle
je ne sais rien de son destin de son visage de ses souvenirs
je sais que dans son sommeil
elle fut écrite
par un homme usé combattant
je sais qu'elle fut écrite
par un poète aux yeux de somnambule
il est possible de plier les bords du rêve
d'y glisser des baisers
certains mots voyez-vous ont des lèvres
certains mots ne se laissent pas
abuser
Youki marche
dans les rues piégées
Youki marche
en évitant les ombres
Youki marche
et sa main cherche la main qui ne tient plus sa main
je ne sais rien d'elle
mais il arrive que certains matins je la croise
elle a pris le voile des veuves
elle a pris l'allure de toutes les passantes
elle a pris le temps de me regarder moi qui ne la connais pas
il est possible de plier les bords du rêve
d'y glisser des baisers
certains mots voyez-vous ont des lèvres
certains mots ne se laissent pas
périmer
Youki est vivante
et lui est mort
un poème cousu dans son manteau de déporté
Youki s'endort
et je veille - je veille
Je pense à toi Desnos
*
LE VAGABOND
Dominique Gabriel Nourry:
Là où le chemin
s'
étoile
le vagabond
s'
arrêta
pour relacer
sa
chaussure
et
consulter
une
montre
depuis longtemps
perdue .....
----------------
Suite du poème, par Dominique Oriata TRON
et en observant son poignet
ainsi que
l'orientation de ses poils
ondulant à peine
sous
la brise
le vagabond décida :
c'est l'heure de l'Eternité
les marginaux ce sont
ceux qui n'ont ni le temps
ni pitié
ils n'ont même pas de boussoles
Ils marchent à côté de leurs pieds
alors sur un banc il s'assit
et pendant sa sieste se fit dévaliser
de plusieurs liasses de billets
qu'il avait depuis longtemps oubliées
dans le fond de son
cartable d'écolier
il ne s'en aperçut même pas
lorsqu'un moineau vint le réveiller
en se posant sur son front
et l'oiseau
qui avait tout vu
se mit à babiller :
"eh bien voilà
maintenant te voici comme moi même
et comme tu t'étais rêvé
Il ne te reste plus
qu'à t'envoler ! "
alors le vagabond se
sou
vint
et compris
il se
leva en chantant
et n'avait
plus honte
de mendier
du
jus de raisin
ou du cidre
pour sa pomme
d'Adam
*
*
LE 23 MARS JE RESTERAI CONNECTE VINGT-QUATRE HEURES
Amis
de Paris Librairies
vous ne manquez pas
de fonds
puisque
vous
submergez
nos places
de vos
niaises
affiches !!!
" le 23 mars
déconnectez
VOUS "
en 68
Ami décerveleur
c' était foutu :
le Pouvoir
était
dans
LA RUE !!!
en 2013
il est temps
que tu te
déniaises
même
si
tu es devenu
encore
plus
bête
LE POUVOIR EST SUR LE NET
LA PLANETE EST SUR LE NET
nous sommes
ici
par la vilonté
des
Internautes
et
nous n' en
sortirons
plus
malgré
vos mines hautes
et
parfois
vos bruits de bottes !!!
ne nous faites pas la leçon
une fois
de plus
avec vos impératifs !!!
- seul mode de la
conjugaison
que vous connaissiez !!!
combien
de piles
de
Hessels
se sont entassés
sur
vos présentoirs
histoire
certainement
de ne pas nous laisser
l' embarras
du
choix !!!
trop aimables !!!
et
la plupart
des
Editeurs
aujourd' hui
doivent
savoir
qu'
ils
ne sont pas
dans
l'
esprit
de MA COLLECTION !!!
ils peuvent
se
garder
leurs censeurs
leurs ascenseurs
et
les
renvois
indigestes
qui
vont
avec !!!
croyez-vous
que
vous allez
continer
vos processus
de
marchandisation
" Rentrée Littéraire ? "
- désolé je n' étais pas sorti !
prix qu'on gourre
à
ne
jamais
lire
vous avez fait
et
défait
des modes
qui
ont
saccagé
la Littérature
Structuralisme Sémiotique Oulipo etc....
vous avez flatté
le goût
bobopuliste
pour la basse Politique !!!
chaque année
voit
son nouvel Auteur
Copain de Coquin
qui
est
forcément
A LIRE !!!
EPOUSTOUFLANT !!!
petit monde
des
Petits Maîtres
le 23 mars
et
tous les autres jours
NE NOUS ALIENEZ PLUS !!!
je remercie
les
Libraires
qui
organisent
des
Lectures
dans
leurs
locaux !!!
mais pourquoi
si
souvent
des lectures
de
ceux
ou
celles
qui ont su baisser
leur pantalon
au moment venu ???
j' ai même
entendu
dans une librairie gauchiste
un Snob
se revendiquant
Anarchiste
se flatter
de
se
laisser
CORRIGER
par son Editrice
qui
n'
était
pas
-au niveau sensible ou intellectuel !-
UNE BOMBE !!!
en conséquence
le 23 mars
je vous conseille
chers petits chefs
d'
abandonner
l'
impératif
et
de
vous
plonger
dans le CONDITIONNEL
mode infiniment
plus
complexe
et
donc
mieux adapté
au
Réel !!!
MOI JE RESTERAI CONNECTE TOUTE LA JOURNEE !!!
pour citer ces Classiques et surtout CES ROMANTIQUES
que vous méprisez tant
puisqu' ils
viennent
du Peuple
écrivent pour le PEEUPLE
expriment
plus
facilement
des sentiments
que
des sophismes orientés
et
navrants !!!
je couvrirai
ma
page
mes écrans
des cris des élans des Amours
des
Poètes du Monde Entier
de ceux que
l'on
écoute
quand on a
le ventre
creux
même
si
on sait
à peine
lire !!!
car la poésie
je ne l' aime pas
seulement
au printemps
un peu beaucoup passionnément
la Poésie
moi comme tant d' autres
dans l' espace
et le temps
ME FAIT VIVRE
de la naissance à la mort !!!
- et plus si Infinités !!!
mais
comme
je sais lire
chers Clercs si attaché aux comptes clairs
-mais pas aux contes clairs !!!
je relis vos bienveillants conseils
moi
l' homme du peuple
ignare
qui
n' ai
servi
que
de
bouche-trou
dans les banlieues
qui
vous
font
peur
mais
qui parfois
lisent
plus et mieux que vous !
je lis voyez-vous
certains
de vos livres
moi
quand un ami précieux
retient
mon
attention !!!
et vous ?
combien lisez-vous de blogs
par
semaine
ô Moralistes Défenseurs de la Culture
si
désintéressés ???
puis-je
vous
rappeler
qu' à la fin du XXe siècle
l' image
tentait
de prendre TOUTE LA PLACE ???
que
le
net
même pour le plus naïf
chat
éloigne
des
ineptes
jeux
télés
ou
videos ???
vous supposez
que
se déconnecter
suffit pour rêver !!!
là voilà bien votre belle
intelligence
vous ne devez pas rêver
souvent
vous-même !!!
l' incroyable
manque
d'
imagination
de votre appel
aussi vide
que les indignations
de
supermarchés
montre
que
vous avez
les pieds bien sur terre
surtout
lorsqu' il
s'
agit
de
commerce !!!
ensuite
vous me proposez
de
rencontrer
mon voisin de palier !!!
mon voisin
de
palier
n' a pas le temps
et puis
il
a
voté
d' inesthétiques et ruineux
ravalements
de
nos
façades
qui
ont
décidément
construit
entre lui
et
moi
un mur
beaucoup plus
infranchissable
que
cet
écran !!!
juste en face
de
mon portail
s' est établi
sans nul souci
de
l'
Ame du quartier
un Club de Sport
dont
les sauteurs
me
considèrent
avec
hauteur !!!
ah ! Dieu ! que ce Socialisme est JOLI !!!
mes véritables voisin-e-s
sont
mes Ami-e-s
facebook
ou celles et ceux
qui
lisent
mon
blog
ils se trouvent
partout
sur la planète
je me sens plus proche d' eux
que
de la plupart
de
mes
" voisins de palier "
même
en cas
de coup dur
-comme en ce moment-
je
les
sens
là
je sens qu' ils ont un Coeur
comme
moi !!!
ils elles
m' adressent
des
messages
personnels
et certain-e-s
même
se
déplacent
pour venir
me
rencontrer
dans
l'
un
de mes réels
- n'est-ce pas , Poète Parhal
dont
m'
éblouit
le
talent ? -
lorsque
ça va
mal
mes voisins
de
palier
doivent
être
comme beaucoup
de
Parisiens
dans
l'expo-qu'il faut voir -
devant
lefilqu'il ne faut pas manquer
ou
bien
dans votre Librairie
- pas pour
acheter
Victor Hugo ou Racine
mais le dernier roman
chic
et
cynique
ou
les secrets
de
quelque
malversation
politique
opportune !
ensuite
chère affiche
vous m' incitez à flâner
voyez-vous
bien que les passants
pressés
me
bousculent
pendant que je vous lis
flâner j' adore !!!
mais
toutes ces années
où
je devais conjuguer
travail alimentaire
plus
quatre heures par jour
de
transport
plus mon désir d' écriture
sans prétention
mais
perpétuellement
revendicatif
plus
mon devoir et plaisir
de
transmettre
des
poèmes
surtout des autres
surtout du passé
partout
dans
les bars
cabarets
théâtres
plus
le temps
si
essentiel
des
Amours
je n' avais guère le temps de flâner !!!
dommage
je suis d' une insatiable
curiosité
mais
voyez-vous
pour l' instant
mis
en
état
de
KO
mais non de chaos !
psychologique
je
me
promène
dans les rues de mon quartier
et
des
autres quartiers
et des autres pays !
mais
aussi
sur le net !!!
que de merveilles
j' y
découvre
d' un clic
je satisfais
l'
amorce
du sujet qui m'intéresse
- merci google !!! -
et
ça
m' incite
a courir
dans
la
librairie voisine
pour
commander
un
ouvrage
plus
complet
- s' il n' est pas
comme c'est souvent le cas
obsolète
zappé !!!
dernier achat
de
ce
type :
Arthur Cravan , précipité
de
Bertand LACARELLE
- qui n'est pas un voisin de palier !
ensuite
il m'est conseillé
de partager
un moment avec ceux que j' aime !!!
en tant qu' habitant du Monde
ceux que j' aime
sont
souvent
inaccessibles
sans
écran !!!
celle
que
j'
aime
aussi !!!
mais
cher Paris Librairie
j' accepte
les
dons !!!
un billet d' avion
serait
le
bienvenu !!!
et
vous
avez
des
revenus
vous
qui
éditez
de
si
coûteuses
si peu
goûteuses
affiches !!!
et pour finir l' APOSTROPHE
de manière
magistale
mais
indigne
de
Georges MOUSTAKI
vous m' enjoignez
de
prendre
LE TEMPS DE VIVRE !!!
de vivre quoi ?
vos proses sarcastiques ?
le regard méprisant des Ecrivains du Sérail
les émois et moi et moi
d' une Critique avide ?
je vous en prie
cette vie-là
gardez-la pour
vous !!!
copier des poèmes sur facebook
ne
m' empêche
pas
de me promener sur des plages
ni
de faire l' Amour
le temps des Elans Romantiques
n' est pas celui
que
proposent
vos pamphlets
essouflés
ou
vos
romans
aux phrases
si
concises
qu'
on
n'
en
mémorise
que les points !
..... surtout
s'ils
sont
de
suspension !!!
grâce au net
j' ai vécu
les plus beaux évènements
de
ces
dernières
années
David Law Bérény Notemboom Canella ....
si j' énumère
je
vais
faire
un grand nombre de jaloux
et
de
jalouses !!!
et puis
chaque
moment
que je passe sur le net
avec les un-e-s ou les autres
C' EST DE LA VIE DE LA VRAIE VIE
DE CETTE VIE MERVEILLEUSE
où sont rarement
présents
les
irritants
problèmes
d'
intendance
qui font de la vie offerte
un mauvais roman
naturaliste !!!
alors
pour
VIVRE INTENSEMENT
POUR AIMER
POUR M' EMERVEILLER
assis
sur la pile de livres
que
je
n'
arrive
pas
à
ranger
dans mon étroit
appartement
de
saltimbanque
sans
compromis
LE 23 MARS JE ME CONNECTERAI VINGT-QUATRE HEURES SUR VINGT QUATRE !!!
*
MAGELLANI
Audacieux Internaute
qui
frôle
les îles lointaines
où règnent
les
gracieuses Pinays
séduisantes Sirènes
sais-tu
que
Magellan n' a pas fait lui-même
le Tour du Monde
Magellan est mort à Cébu
vaicu
par Lapu lapu
redoutable guerrier
de
Mactan
qui digérait mal
dit
l' histoire
le pain béni
sa statue se dresse
égale
à
celle
du Navigateur
je
le
dis
ainsi que j' ai dit
en
ma
jeunesse
les origines secrètes
de
Perceval
et Magellan
savait
bien avant Galilée
que
la
Terre
était
ronde ronde ronde
comme
le
savaient
dix-huit siècles
auparavant
les disciples de Pythagore
Magellan est mort à Cébu
souvent
je
rêve
de toutes ces îles
impossibles
dont
jamais
on ne m' a parlé
je
ne
suis
même pas
capable
d'
imaginer
la Vie
que
l'
on
mène
là-bas
je me laisse
fasciner
comme
se
laisse
par la flamme
séduire
le
phalène
si j ' allais très loin très loin
j' essaierais
d'
oublier
tous mes codes et tous mes repères
j'
essaierais
de
me
taire !!!
nous nous imaginons
avoir
tout
vu
parce
nous sommes farcis
de
documentaires
ne
savons
plus
regarder
parce que
de
nos
Libertés
nous
avons
fait
des
jumelles
qui
bornent
la
perspective
et
grossissent
i
nu
ti
le
ment
certains détails
qui
servent
si
bien
nos
préjugés
toute
honte
bue
malgré ses armes
im
pa
rables
Magellan
est
mort
à
Cébu
toutes les Vérités sont bonnes à dire
mais
nous
n'
aurons
pas
le Temps de les dire
car
elles sont
innombrables
et
souvent
se
contredisent !!!
autour de quoi dis-moi
tourne
le
Soleil
autour de quoi
la
galaxie ?
l' Univers
est-il
une
spirale
qui
traverse
le
Temps
cette Illusion ?
peu importe :
pour trois cailloux
les singes nus
tombent
à
genoux
pour
un
tas
de
poussière
in
cul
te
se font la guerre
comme
dans
les
anciens
millénaires
moi je veux savoir
le Nom
de
cet
ancien Sage
qui
se
tua
sous prétexte
que
ses
yeux éteints
lui
interdisaient
de
voir
les
étoiles !!!
comment
marchent
les
Belles
de
Cébu
se souviennent-elles
de
Lapu lapu
mieux
que
nos
jeunes femmes
qui
pour
son
Amour
Adultère
ne
craignit
pas
le
déshonneur
tout chevalier qu' il
était
Magellan est mort à Cébu
et
moi
je
m'
égare
dans des écrans
des
sites
m'
accueillent
comme
des
gares
désaffectées
où
ne
passeront
plus jamais les trains.....
je
me
souviens
qu' en mon adolescence
innocente
guidé
par
l'
UNESCO
j'
ai
interrogé
des Gardes Rouges Chinois
sur
les
Religions de leur Pays
leur réponse
fut
brève
polie
lapidaire
et
c' est pour ça
que
je
les
ai
promené
dans
Carnac
en
Bretagne
où
s'
alignent
les menhirs préhistoriques
je
ne
sais
d' où ils viennent
dans
quelle Cébu
s'
est éteint
le
premier
Shaman
qui
les
cueillit
je
sais
très
peu
de choses
mes connaissances
ne
sont
pas
à
la
hauteur
de mes rêves
et
chaque
Poème
que
j'
écris
c'est une main
qui
se
tend
vers le plus Lointain
vers ceux
vers celles
même
qui
ne
sachant
cette langue
ne
peuvent
le
déchiffrer
mais
un jour ou l' autre
sans
le
savoir
le rencontreront
car
incontestablement
l' Image
à
la
forme
d'
une
Sphère ....
*
Le nouveau Sisyphe
Le nouveau Sisyphe
doute vivement
qu' il existe
le
sommet d' une montagne
digne
d'
être escaladée
d' ailleurs
il se demande
quelle
montagne terrestre
est visible
depuis
Vénus !!!
encouragé pourtant
par la Ligue
des
Philosophes
supporters
de toutes les grandes causes
et
des
monstrueux effets
il avise
le
premier
caillou
venu
le pousse de son index menu
tout
en
se
mettant
l' auriculaire
où
il
se
doit !!!
et puis
il
murmure
pour
se
faire
un alibi
tu es pierre
et cette pierre
je la pousserai
sur la pente du Temps
qui monte monte monte
toujours
merveille des Messies et de l ' Histoire et du PPPPProrès !!!
mais
le
même caillou
jusqu' au bout
c' est fou
comme ça lasse
quand
on
n'
est
plus très sûr
qu' il existe
un
bout !!!
le
nouveau Sisyphe
décide alors
d'
essayer
quelque nouveau caillou
qu'
il
pousse
cette fois
du
genou
pour
ne
pas
s' abimer les mains !!!
mais
c' est un caillou mou
comme
une
montre de Dali !!!
ça roule mal !!!
le nouveau Sisyphe
avise
un galet pour faire
des
ricochets .....
miracle de l' Astrophysique :
le galet reste immobile
et
c'
est
notre Héros
qui
ricoche .....
l' étonnant
c'
est
qu' il n' en sait rien
le
pauvre !!!
ne
lui
dir
rien
parle-lui de mode de jeux de musculation
distrais-le
ne
le
perturbe
pas !!!
d'
ailleurs
ce
personnage
est
insignifiant
sur
le
flanc
d' une vraie montagne
un point
c' est
tout !!!
ne lui dis pas :
ça le déprimerait
trop
moi
je ne déprime
pas
je cultive des perles précieuses
en
toute
connaissance
des vagues à l' Ame
elles
me
murmurent
dans la nuit des écrans
de mots troublants
susceptibles
de
tenir
en échec
les trous noirs gobeurs de Soleils
et
je
descends tout doucement
vers
la
vallée secrète
que
les Poètes
peu soucieux
des
cimes
éveillent
en
leurs
rimes
intimes .....
*
PHOTOGRAPHIES DE DOMINIQUE GABRIEL NOURRY :
votre commentaire -
Par arevareva le 27 Mars 2013 à 22:13
Les organes pertinents
à Dominique Oriata Tron
(auteur des images ci dessous, opus 204, 465 ,275,710)
Epilogue improbable des épluchures survenues,
l’action des grandes pierres reluisait dans le noir.
Comment parvenir à l’informe,
comment désexciter la bolée ainsi offerte ?
Comment rasséréner l’inopiné des choses ?
Tout continua, longtemps.
Et puis un matin,
alors que l’eau tournait dedans l’écluse,
le champ du ciel s’emplit d’un élixir talé,
d’une paresse semblable aux plateaux ajourés
qui parfois couvrent l’abyme.
Plusieurs mâts avaient surgi.
D’en-haut d’eux, l’adéquate puissance
fomentait d’hallucinants vertiges.
Et visions.
On eût cru l’ajouré converti en épigone
dans la simple clarté des vagues.
Lentes.
Pourtant enfin revinrent les glaces.
Pour rire ?
Que nenni,
vous qui savez la patience du Paradisier sensé,
la croissance inéluctable dans l’azur et la chaleur,
le torrent, la bonté des plantes, la source cachée
d’où changent, cataractent, rugissent les aurores libérées.
Ô
A présent dans le calme,
par l’amour ourdi d’impénétrables murmures,
perché sur la cime du plus beau des arbres,
hulule l’oiseau chanteur.
Ses plumes étincellent et s’ouvrent en myriades de pôles,
comme des sentiments ourlés.
Ses yeux luisent d’un éclat serein.
Tu vis en lui.
La Vie.
La Vie même te constituait,
ce que tu appelleras le vif.
Ce vif que tu propages à la toile
– comme à la flûte ou aux cordes –
contemplée
et par toi, en toi, contemplante.
Cette plante tressée en monde,
en toi, en jours, jaillissait donc, soudaine.
Infinie d’horizons et profondeurs.
Galbée comme le firmament.
Festin de saumon cru et d’algue estimée,
d’étamines et de pistils pris au sérieux,
d’étoile suspecte, d’air infini…
Jusqu’à retirer du sépulcre oublié, enfin,
la prudente ligature…
Parachever le fléau qui nous outragea,
pour mieux l’abolir…
Caresser l’oblongue danse des machines
et, par sa grâce, supplanter la forêt
qu'infusent les artères sèches,
les lacets gorgés de sèves,
pour mieux l’entourer, la boire,
enfin s’en féconder…
Seriez-vous égarés !
Alors encore s’y remettre, au turbin,
garantir les ondes,
amalgamer les outils pressés,
sonder les souches.
Parcourir la terre et labourer tout en chantant,
retourner un humus parcouru d’insectes minuscules,
de poissons d’or, d’argent, de grenouilles
géantes naines et de sauterelles décomposées…
Seulement ainsi
combleront les mousses et les feuilles
l’antique pari.
Et sous cette oriflamme regarnie,
les fleurs et leurs enfants enjamberont la pareille.
L’inoculée et l’Alhambra
fascineront les tours
et balaieront les épuisements,
clameront l’advention du cobalt,
du sparadrap et des toisons,
le miracle du champ, l’écaille des murmures.
Les organes pertinents.
votre commentaire -
Par arevareva le 25 Mars 2013 à 08:09
La peste.
Dans la rue un pas retentit. La cloche n’a qu’un seul
battant. Où va-t-il le promeneur qui se rapproche
lentement et s’arrête par instant ? Le voici devant
la maison. J’entends son souffle derrière la porte.
Je vois le ciel à travers la vitre. Je vois le ciel où les
astres roulent sur l’arête des toits. C’est la grande
Ourse ou Bételgeuse, c’est Vénus au ventre blanc, c’est
Diane qui dégrafe sa tunique près d’une fontaine de lumière.
Jamais lunes ni soleils ne roulèrent si loin de la
terre, jamais l’air de nuit ne fut si opaque et si
lourd. Je pèse sur ma porte qui résiste…
Elle s’ouvre enfin, son battant claque contre le
mur. Et tandis que le pas s’éloigne je déchiffre
sur une affiche jaune les lettres noires du mot « Peste ».
___
J'AI TANT REVE DE TOI
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m’est chère?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps
Sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l’amour et toi, la seule
qui compte aujourd’hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu’il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu’a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l’ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.
votre commentaire -
Par arevareva le 25 Mars 2013 à 07:52
http://www.sergepey.fr/index.html
LE CHORÉSOPHE, Rituel des Renversements
Il faut inverser le connu
Le dehors nous fait passer au dedans
Le dedans au dehors
Le multiple à l'unique
Le diamètre au centre
Le dispersé au concentré
Il faut inverser aussi l'inconnu
Il faut inverser l'inverser
Ouvrir un angle
ne sert qu'a trouver
le point qu'il ne peut mesurer.
___
AVERTISSEMENT D'INCENDIE
__
DE LE LIBERTE
___
CLAIRVOYANCE DIALECTIQUE
___
COMMENT ENTRER DANS UNE MAISON
___
LA VERITE
___
MOT D'ORDRE
___
POEME DE NEGOCIATION
___
THEOREME DE GODEL
votre commentaire -
Par arevareva le 25 Mars 2013 à 05:57
http://www.paperblog.fr/5575705/bertolt-brecht-poemes/#Ql6tleFButM3wFZo.99
Quand ceux qui luttent contre l’injustice
Montrent leurs visages meurtris
Grande est l’impatience de ceux
Qui vivent en sécurité.
De quoi vous plaignez-vous ? demandent-ils
Vous avez lutté contre l’injustice !
C’est elle qui a eu le dessus,
Alors taisez-vous
Qui lutte doit savoir perdre !
Qui cherche querelle s’expose au danger !
Qui professe la violence
N’a pas le droit d’accuser la violence !
Ah ! Mes amis
Vous qui êtes à l’abri
Pourquoi cette hostilité ? Sommes-nous
Vos ennemis, nous qui sommes les ennemis de l’injustice ?
Quand ceux qui luttent contre l’injustice sont vaincus
L’injustice passera-t-elle pour justice ?
Nos défaites, voyez-vous,
Ne prouvent rien, sinon
Que nous sommes trop peu nombreux
À lutter contre l’infamie,
Et nous attendons de ceux qui regardent
Qu’ils éprouvent au moins quelque honte.
*
poème aux jeunes.
Je vécus dans les villes au temps des désordres et de la famine
Je vécus parmi les hommes au temps de la révolte
Et je m’insurgeais avec eux
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
Je mangeais en pleine bataille
Je me couchais parmi des assassins
Négligemment je faisais l’amour et je dédaignais la nature
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
De mon temps les rues conduisaient aux marécages
La parole me livra aux bourreaux
J’étais bien faible mais je gênais les puissants
Ou du moins je le crus
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
Les forces étaient comptées
Le but se trouvait bien loin il était visible pourtant
Mais je ne pouvais pas en approcher
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
Vous qui surgirez du torrent où nous nous sommes noyés
Songez quand vous parlez de nos faiblesses
A la sombre époque dont vous êtes sortis
Nous traversions les luttes de classes
Changeant de pays plus souvent que de souliers
Désespérés que la révolte ne mît pas fin à l’injustice
Nous le savons bien
La haine de la misère creuse les rides
La colère de l’injustice rend la voix rauque
Ô nous qui voulions préparer le terrain de l’amitié
Nous ne sûmes pas devenir des amis
Mais vous quand l’heure viendra où l’homme aide l’homme
Pensez à nous avec indulgence
Pour ceux qui souhaitent la version intégrale :
A ceux qui viendront après nous.
I
Vraiment, je vis en de sombre temps ! Un langage sans malice est signe De sottise, un front lisse D’insensibilité. Celui qui rit N’a pas encore reçu la terrible nouvelle.
Que sont donc ces temps, où Parler des arbres est presque un crime Puisque c’est faire silence sur tant de forfaits ! Celui qui là-bas traverse tranquillement la rue N’est-il donc plus accessible à ses amis Qui sont dans la détresse ?
C’est vrai : je gagne encore de quoi vivre. Mais croyez-moi : c’est pur hasard. Manger à ma faim, Rien de ce que je fais ne m’en donne le droit. Par hasard je suis épargné. (Que ma chance me quitte et je suis perdu.)
On me dit : mange, toi, et bois ! Sois heureux d’avoir ce que tu as ! Mais comment puis-je manger et boire, alors Que j’enlève ce que je mange à l’affamé, Que mon verre d’eau manque à celui qui meurt de soif ? Et pourtant je mange et je bois.
J’aimerais aussi être un sage. Dans les livres anciens il est dit ce qu’est la sagesse : Se tenir à l’écart des querelles du monde Et sans crainte passer son peu de temps sur terre. Aller son chemin sans violence Rendre le bien pour le mal Ne pas satisfaire ses désirs mais les oublier Est aussi tenu pour sage. Tout cela m’est impossible : Vraiment, je vis en de sombre temps !
II
Je vins dans les villes au temps du désordre Quand la famine y régnait. Je vins parmi les hommes au temps de l’émeute Et je m’insurgeai avec eux. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
Mon pain, je le mangeais entre les batailles, Pour dormir je m’étendais parmi les assassins. L’amour, je m’y adonnais sans plus d’égards Et devant la nature j’étais sans indulgence. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
De mon temps, les rues menaient au marécage. Le langage me dénonçait au bourreau. Je n’avais que peu de pouvoir. Mais celui des maîtres Etait sans moi plus assuré, du moins je l’espérais. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
Les forces étaient limitées. Le but Restait dans le lointain. Nettement visible, bien que pour moi Presque hors d’atteinte. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
III
Vous, qui émergerez du flot Où nous avons sombré Pensez Quand vous parlez de nos faiblesses Au sombre temps aussi Dont vous êtes saufs.
Nous allions, changeant de pays plus souvent que de souliers, A travers les guerres de classes, désespérés Là où il n’y avait qu’injustice et pas de révolte.
Nous le savons : La haine contre la bassesse, elle aussi Tord les traits. La colère contre l’injustice Rend rauque la voix. Hélas, nous Qui voulions préparer le terrain à l’amitié Nous ne pouvions être nous-mêmes amicaux.
Mais vous, quand le temps sera venu Où l’homme aide l’homme, Pensez à nous Avec indulgence..
.Poème sur une jeune noyée
Lorsqu’elle fut noyée et dériva
De ruisseaux en plus grandes rivières
L’opale du ciel prit un ton étrange
Comme s’il devait apaiser le cadavre.Varech et algues s’enroulèrent à elle
Et peu à peu elle s’alourdit
Les poissons glacés glissaient près de sa jambe
Plantes et animaux alourdirent encore son dernier voyage.Et le soir, le ciel s’assombrit comme de la fumée
Et la nuit, il tint avec les étoiles, la lumière en échec.
La clarté toutefois se fit tôt, afin
Que pour elle aussi il y ait un matin et un soir.Lorsque son corps pâle fut pourri dans l’eau
Il arriva (cela se fit lentement) que Dieu l’oublia peu à peu
Tout d’abord son visage, puis les mains et enfin sa chevelure.
Alors elle devint charogne parmi les charognes des rivières..
.L’heure n’est pas à la poésie
Je sais bien: On n’aime que
Les gens heureux. Leur voix
Nous plaît. Leur visage est beau.L’arbre étiolé de la cour
Dénonce l’aridité du sol, mais
Les passants le traitent d’estropié
A juste titre.Je ne vois
Ni les bateaux verts ni les joyeuses voiles du Sund. De tout cela
Je ne vois que le filet déchiré des pêcheurs.
Pourquoi ne parlé-je que
De la quadragénaire qui chemine le dos voûté?Les seins des jeunes filles
Sont chauds comme aux temps passés.Une rime dans ma chanson
Me semblerait presque être une insolence.En moi s’affrontent
L’enthousiasme à la vue du pommier en fleurs
Et l’effroi lorsque j’entends les discours du barbouilleur.*
Mais seul le second
Me pousse à ma table de travail.—-
(*Brecht aimait utiliser ce sobriquet pour désigner Hitler qui voulait devenir peintre en suivant l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne.)
.
.ELOGE DE LA DIALECTIQUE
L’injustice aujourd’hui s’avance d’un pas sûr.
Les oppresseurs dressent leurs plans pour dix mille ans.
La force affirme: les choses resteront ce qu’elles sont.
Pas une voix, hormis la voix de ceux qui règnent,
Et sur tous les marchés l’exploitation proclame: c’est maintenant que je commence.
Mais chez les opprimés beaucoup disent maintenant :
Ce que nous voulons ne viendra jamais.Celui qui vit encore ne doit pas dire : jamais!
Ce qui est assuré n’est pas sûr.
Les choses ne restent pas ce qu’elles sont.
Quand ceux qui règnent auront parlé,
Ceux sur qui ils régnaient parleront.
Qui donc ose dire: jamais ?
De qui dépend que l’oppression demeure? De nous.
De qui dépend qu’elle soit brisée? De nous.
Celui qui s’écroule abattu, qu’il se dresse!
Celui qui est perdu, qu’il lutte !
Celui qui a compris pourquoi il en est là, comment le retenir?
Les vaincus d’aujourd’hui sont demain les vainqueurs
Et jamais devient: aujourd’hui.(traduction Maurice Regnaut)
.
.On dit que tu ne veux plus travailler avec nous
Tu ne veux plus travailler avec nous, nous dit-on.
Tu es fourbu, tu ne peux plus te traîner.
Tu es trop las.
Tu es au bout de ton rouleau.
On ne saurait exiger de toi encore quelque action.Sache-le donc :
Nous l’exigeons.Si tu es las, si tu t’endors
Personne ne viendra t’éveiller et te dire :
Debout le repas est prêt.
Pourquoi le repas serait-il prêt?
Si tu ne peux plus te traîner
Tu resteras couché. Personne
N’ira te chercher et te dire :
Une révolution a eu lieu. Les usines
T’attendent.
Pourquoi y aurait-il eu une révolution?
Quand tu mourras, on te mettra en terre
Que ta mort soit ta faute ou non.Tu dis:
J’ai trop lutté et je ne peux plus me battre.
Ecoute:
Si tu ne peux plus lutter, tu périras
Que ce soit ta faute ou non.Tu dis: j’ai trop longtemps vécu d’espoir, je ne suis
plus capable d’espérer.
Et qu’espérais-tu donc?
Que la lutte serait facile?Ce n’est pas le cas.
Notre situation est pire que ce que tu croyais.Voici notre situation:
A moins d’accomplir des actions surhumaines
Nous sommes perdus.
A moins de pouvoir faire ce que nul ne peut exiger
Nous périrons.
Nos ennemis attendent le moment
Où nous laisserons tomber les bras.Plus le combat est acharné
Et plus las sont les combattants.
Les combattants trop las perdront cette bataille(Traduction Gilbert Badia et Claude Duchet)
.
.LA CROISADE DES ENFANTS 1939
En l’an trente-neuf, en Pologne,
Il y eut un combat d’enfer
Qui de nombreux hameaux et villes
Ne laissa plus rien qu’un désert.La soeur alors perdit le frêre,
La femme le mari ; I’enfant,
Entre les flammes et les ruines,
Ne retrouva plus les parents.Plus rien n’est venu de Pologne,
Rien au courrier, rien au journal.
Mais il court une étrange histoire
Dans tout le monde oriental.C’était à l’Est, un soir de neige,
Dans une ville on raconta
De quelle manière, en Pologne,
Une croisade commença.A petits pas, par maigres troupes,
Des enfants affamés allaient,
Rencontrant dans les bourgs en ruines
D’autres enfants qu’ils emmenaient.lls voulaient fuir, fuir ces batailles,
Ce cauchemar, fuir à jamais,
Ils voulaient un beau jour atteindre
Un pays où règne la paix.Un jeune chef marchait en tête,
Ce qui leur donnait de l’entrain.
Mais grande était son inquiétude :
Quel chemin ? Il n’en savait rien.Une enfant de onze ans traînait
Un de quatre ans, mais elle avait
Tout d’une véritable mère,
Seul manquait un pays en paix.Un petit Juif était du nombre,
Il portait un col de velours,
Toujours nourri de pain très blanc,
Il tenait bon au long des jours.Du nombre aussi étaient deux frères,
Tous deux stratèges de génie,
Ils forçaient des cabanes vides,
Seule les en chassait la pluie.Et dans la campagne, à l’écart,
Marchait un malingre au teint gris.
Il venait, tare épouvantable,
D’une ambassade des nazis.Un jeune musicien trouva,
Au fond d’un magasin détruit,
Un tambour, mais qu’il ne put battre,
Car le bruit les aurait trahis.Et les accompagnait un chien,
Pour le tuer on l’avait pris,
A présent fallait le nourrir,
Nul n’ayant pu prendre sur lui.Il y eut un maître d’école,
Un élève qui s’appliquait,
Qui sur la carcasse d’un tank
Ecrivit presque le mot paix.Il y eut aussi un concert.
Un torrent faisait tel fracas
Qu’au bord on put battre tambour,
Sans que personne entende, hélas.Il y eut aussi un amour.
Elle douze ans, lui trois de mieux.
Au milieu d’une ferme en ruines,
Elle lui peigna les cheveux.Mais cet amour ne put survivre,
Il vint des froids beaucoup trop grands :
Comment pourrait fleurir la plante
Sur qui la neige tombe tant ?Il y eut aussi une guerre,
Car une autre bande existait,
Guerre qui prit fin simplement,
Puisque rien ne la motivait.On se battait autour des ruines
De la maison d’un garde-voie,
L’un des partis vit que ses vivres
Avaient fondu sans qu’il le voie.A peine eut-il appris la chose,
L’autre parti leur fit porter
Un plein sac de pommes de terre,
Car ventre creux ne peut lutter.Il y eut même un tribunal,
Par deux cierges illuminé,
L’audience n’alla pas sans mal,
Le juge enfin fut condamné.D’un garçon au col de velours,
Se déroula l’enterrement
Et dans la terre le portèrent
Deux Polonais, deux Allemands.Nazi, protestant, catholique,
Tous étaient là et pour finir
Parla un jeune communiste,
Des vivants, de leur avenir.Foi, espoir, rien ne leur manquait,
Que la viande et le pain. Celui
Qui veut les accuser de vol
Leur a-t-il offert un abri ?Et n’accusez pas l’homme pauvre
Qui ne les a point invités :
Pour cinquante il faut abondance
De farine et non de bonté.Quand ils sont deux, ou trois encore,
On les accueille volontiers,
Mais devant un nombre pareil,
On referme sa porte à clé.De la farine, ils en trouvèrent
Dans les décombres d’une ferme.
Une enfant mit un tablier,
Durant sept heures pétrit ferme,La pâte fut bien travaillée,
Le bois pour le feu bien fendu,
Pas une miche ne leva,
Cuire le pain, nul n’avait su.Ils se dirigeaient vers le Sud.
Le Sud, c’est quand il est midi
L’endroit où le soleil se trouve,
On marche alors tout droit sur lui.Il y eut un soldat blessé
Qu’ils trouvèrent sous un sapin.
Pendant sept jours ils le soignèrent
Pour qu’il leur montre le chemin.Puis il leur dit: Vers Bilgoray
Mais tant de fièvre le fit taire,
Au huitième jour il mourut
Et lui aussi ils l’enterrèrent.Et les poteaux indicateurs,
Ceux qui restaient étaient couverts
De neige et n’indiquaient plus rien :
Tous étaient tournés à l’envers.Ce n’était pas plaisanterie,
C’était pour raisons militaires.
Mais eux qui cherchaient Bilgoray,
En vain, en vain ils le cherchèrent.Ils étaient là, autour du chef.
Loin dans la neige il regarda,
Puis tendit sa petite main
Et dit: Ça doit être là-bas.Une fois, dans la nuit, ils virent
Un feu et partirent ailleurs.
Une fois passèrent trois tanks
Et des soldats à l’intérieur.Une fois ce fut une ville
Qui leur fit faire un long détour.
Tant qu’ils eurent la ville en vue,
Ils ne marchèrent pas de jour.Au sud de l’ancienne Pologne,
Dans le vent de neige et le froid,
On a vu les cinquante-cinq
Pour la dernière fois.Quand je ferme les yeux,
Je les vois qui cheminent
Des ruines d’un hameau
Vers un hameau en ruines.Je vois au-dessus d’eux, là-haut dans les nuages,
Des cortèges nouveaux, des cortèges sans fin !
Avançant avec peine au milieu des vents froids,
Ceux qui sont sans patrie et qui vont sans chemin,Qui cherchent le pays en paix,
Sans tonnerre, sans incendie,
Tout autre que ceux d’où ils viennent,
Leur cortège grandit, grandit,Et bientôt dans le crépuscule
Il ne reste plus identique :
Je vois d’autres petits visages,
Espagnols, français, asiatiques !En Pologne, ce janvier-là,
Fut trouvé un chien vagabond
Qui promenait à son cou maigre
Une pancarte de carton.Sur elle était écrit: A l’aide !
Nous ne savons plus le chemin
Et nous sommes cinquante-cinq.
Vous n’avez qu’à suivre le chien.Si vous ne pouvez pas venir,
Chassez-le.
Ne tirez pas sur lui,
Lui seul connait le lieu.C’était écrit par un enfant.
Des paysans l’ont lu.
Une année et demie est passée à présent.
Le chien est mort de faim.
En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/5575705/bertolt-brecht-poemes/#OgDB5ArpUUQuwQjC.99
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Par arevareva le 25 Mars 2013 à 05:34
Mes frères
En dépit de mes cheveux blonds
Je suis Asiatique.
En dépit de mes yeux bleus
Je suis Africain.
Chez moi, là-bas, les arbres n’ont pas d’ombre à leur pied
Tout comme les vôtres, là-bas.
Chez moi, là-bas, le pain quotidien est dans la gueule du lion.
Et les dragons sont couchés devant les fontaines
Et l’on meurt chez moi avant la cinquantaine
Tout comme chez vous là-bas.
En dépit de mes cheveux blonds
Je suis Asiatique.
En dépit de mes yeux bleus
Je suis Africain.
Quatre-vingts pour cent des miens ne savent ni lire ni écrire
Et cheminant de bouche en bouche les poèmes deviennent chansons.
Là-bas, chez moi, les poèmes deviennent drapeaux
Tout comme chez vous, là-bas.
.
__
Berceuse
Dors ma belle, dors
Des jardins je t'apporte à l'instant le sommeil
Ah ! dans tes yeux marrons que sont vertes les treilles
Dors ma belle, dors
dors en souriant aux anges,
do, do.
Dors ma belle, dors
De la mer je t'apporte à l'instant le sommeil
Un sommeil vaste et frais, léger comme une abeille
Dors ma belle, dors
sous les voiles gonflées de vent,
do, do.
Dors ma belle, dors
Des astres je t'apporte à l'instant le sommeil
Un sommeil d'un bleu sombre à du velours pareil
Dors ma belle, dors
car à ton chevet mon cœur veille,
do, do.
Nazim Hikmet
__
Sur la vie.
Source "Nazim Hikmet Anthologie poétique" éditions TEMPS ACTUELS
traduit par Hasan Gureh
La vie n'est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux,
Comme le fait un écureuil, par exemple,
Sans rien attendre du dehors et d'au-delà
Tu n'auras rien d'autre à faire que de vivre.
La vie n'est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point,
Qu'adossé au mur, par exemple, les mains liées
Ou dans un laboratoire
En chemise blanche avec de grandes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Les hommes dont tu n'auras même pas vu le visage,
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n'est plus beau, que rien n'est plus vrai que la vie.
Tu la prendras au sérieux
Mais au sérieux à tel point
Qu'à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras des oliviers
Non pas pour qu'ils restent à tes enfants
Mais parce que tu ne croiras pas à la mort
Tout en la redoutant
mais parce que la vie pèsera plus lourd dans la balance
__
GLOBE
Offrons le globe aux enfants.
Offrons le globe aux enfants, au moins pour une journée.
Donnons-leur afin qu’ils en jouent comme d’un ballon multicolore
Pour qu’ils jouent en chantant parmi les étoiles.
Offrons le globe aux enfants,
Donnons-leur comme une pomme énorme,
Comme une boule de pain tout chaude,
Qu’une journée au moins ils puissent manger à leur faim.
Offrons le globe aux enfants,
Qu’une journée au moins le globe apprenne la camaraderie,
Les enfants prendront de nos mains le globe
Ils y planteront des arbres immortels.
____
IL NEIGE DANS LA NUIT...
Extrait.
Cela fait cent ans
que je n’ai pas vu ton visage
que je n’ai pas passé mon bras
autour de ta taille
que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
cela fait cent ans que je ne pose plus de question
à la lumière de ton esprit
que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.
Cela fait cent ans
qu’une femme m’attend
dans une ville.
Nous étions perchés sur la même branche,
sur la même branche
nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
entre nous tout un siècle
dans le temps et dans l’espace.
Cela fait cent ans que dans la pénombre
je cours derrière toi.
____
Traître à la Patrie
Näzım Hikmet est traître à la patrie,
et il continue.
“Nous sommes la demi-colonie de l’impérialisme capitaliste, dit Nâzım Hikmet.
Näzım Hikmet est traître à la patrie,
et il continue.”
Voilà ce qu’on lit dans un journal d’Ankara,
Sur trois colonnes,
en caractères bien noirs et gras,
dans un journal d’Ankara,
à côté d’une photo de l’amiral Williamson
qui rit jusqu’aux oreilles,
sur 66 centimètres carrés.
L’impérialisme de l’amiral capitaliste a fait
À notre budget un don de 120 millions de livres.
Oui, 120 millions de livres.
“Nous sommes une demi-colonie de
L’impérialisme capitaliste, dit Hikmet.
Näzım Hikmet est traître à la patrie,
et il continue.”
Oui, je suis traître à cette patrie
Si vous, vous êtes patriotes,
Si vous êtes protecteurs de ce pays,
Alors moi, je suis traître à ce faux pays,
Je suis traître à cette fausse patrie.
Si la patrie, ce sont vos fermages,
Si la patrie, c’est ce qu’il y a dans vos caisses
et dans vos carnets de chèques,
Si la patrie, c’est crever de faim au bord des routes, si la patrie, c’est trembler de froid,
dehors, comme un chien,
Et en été se tordre de paludisme,
Si c’est pomper notre sang
versé dans vos usines, la patrie,
Si la patrie, ce sont les griffes
de vos grands propriétaires terriens,
Si la patrie, ce sont les livres religieux
armés de lances, les matraques des policiers,
si ce sont vos rémunérations et vos traitements, la patrie, si ce sont les bases militaires,
les bombes atomiques, la patrie,
les canons des flottes capitalistes,
si la patrie, ce n’est pas nous délivrer
de ces ténèbres putrescentes,
alors moi je suis traître à la patrie.
Ecrivez sur trois colonnes en caractères bien noirs et gras:
“Nâzım Hikmet est traître à la patrie,
et il continue.”
Vatan Haini
Nâzım Hikmet vatan hainliğine devam ediyor
hâlâ.
“Kapitalist emperyaliszminin yarı sömürgesiyiz,
dedi Hikmet.
Nâzım Hikmet vatan hainliğine devam ediyor
hâlâ.”
Bir Ankara gazetesinde çıktı bunlar,
üç sütun üstüne,
kapkara haykıran puntolarla,
bir Ankara gazetesinde,
fotoğrafıında
Amiral Vilyamson’un
66 santimetre karede gülÿor,
ağzı kulaklarıinda,
kapitalist amirali emperatorluk,
bütçemize 120 milyon lira hibe etti,
120 miliyon lira.
“Kapitalist emperyalizminin yarı sömürgesiyiz,
dedi Hikmet.
Nâzım Hikmet vatan hainliğine devam ediyor
hâlâ.”
Evet, sahte vatanın hainiyim,
siz sahte vatanperverseniz,
sahte yurtseverseniz,
ben tuzak olduğunun yurdun hainiyim,
ben sahte vatanın hainiyim.
Vatan çiftliklerinizse, kasalarınızın
ve çek defterlerinizin içindekilerse vatan,
Vatan, şose boylarında gebermekse açlıktan,
Vatan, soğukta it gibi titremek ve
sıtmadan kıvranmaksa yazın,
fabrikalarınızda al kanımızı içmekse vatan,
Vatan tırnaklarıysa ağalarınızın,
Vatan, mızraklı ilmûhalse,
vatan, polis copuysa,
Ödeneklerinizse, maaşlarınızsa vatan,
Vatan, asker üsleri, atom bombaları,
Kapitalist donanması topuysa,
Vatan, kurtulmamaksa kokmuş karanlığımızdan,
Ben vatan hainiyim.
Yazın üç sütun üstüne kapkara haykıran
puntolarla:
“Nâzım Hikmet vatan hainliğine devam ediyor
hâlâ. “
___
ARBRE
J'ai un arbre en moi.
J'ai un arbre en moi
Dont j'ai rapporté le plan du soleil
Poissons de feu ses feuilles se balancent
Ses fruits tels des oiseaux gazouillent
Les voyageurs depuis longtemps sont
Descendus de leur fusée
Sur l'étoile qui est en moi
Ils parlent ce langage entendu dans mes rêves
Ni ordres, ni vantardises, ni prières.
J'ai une route blanche en moi
Y passent les fourmis avec les grains de blé
Les camions pleins de cris de fête
Mais cette route est interdite aux corbillards.
Le temps reste immobile en moi,
Comme une odorante rose rouge,
Que l'on soit vendredi et demain samedi
Que soit passé beaucoup de moi, qu'il en reste peu ou prou
Je m'en fous !
___
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Par arevareva le 25 Mars 2013 à 05:26
Fallait pas partir.
Si j'étais resté au collège, ils ne m'auraient pas arrêté.
Je serais encore étudiant, pas manoeuvre, et je ne serais pas enfermé une seconde fois, pour un coup de tête.
Fallait rester au collège, comme disait le chef de district.
Fallait rester au collège, au poste.
Fallait écouter le chef de district.
Mais les Européens s'étaient groupés.
Ils avaient déplacé les lits.
Ils se montraient les armes de leurs papas.
Y avait plus ni principal ni pions.
L'odeur des cuisines n'arrivait plus.
Le cuisinier et l'économe s'étaient enfuis.
Ils avaient peur de nous, de nous, de nous !
Les manifestants s'étaient volatilisés.
le suis passé à l'étude. J'ai pris les tracts.
J'ai caché la Vie d'Abdelkader .
J'ai ressenti la force des idées.
J'ai trouvé l'Algérie irascible. Sa respiration...
La respiration de l'Algérie suffisait.
Suffisait à chasser les mouches.
Puis l'Algérie elle même est devenue...
Devenue traîtreusement une mouche.
Mais les fourmis, les fourmis rouges,
Les fourmis rouges venaient à la rescousse.
Je suis parti avec les tracts.
Je les enterrés dans la rivière.
J'ai tracé sur le sable un plan...
Un plan de manifestation future.
Qu'on me donne cette rivière, et je me battrai.
je me battrai avec du sable et de l'eau.
De l'eau fraîche, du sable chaud. Je me battrai.
J'étais décidé. Je voyais donc loin. Très loin.
Je voyais un paysan arc-bouté comme une catapulte.
Je l'appelai, mais il ne vint pas. Il me fit signe.
Il me fit signe qu'il était en guerre.
En guerre avec son estomac, Tout le monde sait...
Tout le monde sait qu'un paysan n'a pas d'esprit.
Un paysan n'est qu'un estomac. Une catapulte.
Moi j'étais étudiant. J'étais une puce.
Un puce sentimentale... Les fleurs des peupliers...
Les fleurs des peupliers éclataient en bourre soyeuse.
Moi j'étais en guerre. je divertissais le paysan.
Je voulais qu'il oublie sa faim. Je faisais le fou. Je faisais le fou devant
mon père le paysan. Je bombardais la lune dans la rivière.
____
POUSSIÈRES DE JUILLET
Le sang
Reprend racine
Oui
Nous avions tout oublié
Mais notre terre
En enfance tombée
Sa vieille ardeur se rallume
Et même fusillés
Les hommes s’arrachent la terre
Et même fusillés
Ils tirent la terre à eux
Comme une couverture
Et bientôt les vivants n’auront plus où dormir
Et sous la couverture
Aux grands trous étoilés
Il y a tant de morts
Tenant les arbres par la racine
Le cœur entre les dents
Il y a tant de morts
Crachant la terre par la poitrine
Pour si peu de poussière
Qui nous monte à la gorge
Avec ce vent de feu
N’ enterrez pas l’ancêtre
Tant de fois abattu
Laissez-le renouer la trame de son massacre
Pareille au javelot tremblant
Qui le transperce
Nous ramenons à notre gorge
La longue escorte des assassins.
______
BONJOUR
Bonjour ma vie
Et vous mes désespoirs.
Me revoici aux fossés
Où naquit ma misère !
Toi mon vieux guignon,
Je te rapporte un peu de cœur
Bonjour, bonjour à tous
Bonjour mes vieux copains ;
Je vous reviens avec ma gueule
De paladin solitaire,
Et je sais que ce soir
Monteront des chants infernaux…
Voici le coin de boue
Où dormait mon front fier,
Aux hurlements des vents,
Par les cris de Décembre ;
Voici ma vie à moi,
Rassemblée en poussière…
Bonjour, toutes mes choses,
J'ai suivi l'oiseau des tropiques
Aux randonnées sublimes
Et me voici sanglant
Avec des meurtrissures
Dans mon cœur en rictus !…
Bonjour mes horizons lourds,
Mes vieilles vaches de chimères :
Ainsi fleurit l'espoir
Et mon jardin pourri !
- Ridicule tortue,
J'ai ouvert le bec
Pour tomber sur des ronces
Bonjour mes poèmes sans raison…
___
MORTS POUR RIEN
« Il est de jeunes bras
Qui sont morts tendus
Vers une mère…
Et ces morts qui ont bâti pour d’autres
Et ceux qui sont partis en chantant
Pour dormir dans la boue anonyme de l’oubli.
Et ceux qui meurent toujours,
Dans la gaucherie des godillots
Et des habits trop grands
pour des enfants ! Aux soirs tristes
De mortes minutes,Il est un gars qui tombe
Et sa mère qui meurt pour lui, de toute la force de son vieux cœur
…..Mais les morts les plus à plaindre,
Ceux que mon cœur veut consoler,
Ce sont les pauvres d’un pays de soleil,
Ce sont les champions d’une cause étrangère,
Ceux qui sont morts pour les autres,
ET POUR RIEN ! »
___
Vous, les pauvres !
Vous, les pauvres,
Dites-moi
Si la vie
N'est pas une -----!
Ah! Dire que
Vous êtes les indispensables!…
Ouvriers, gens modestes
Pourquoi les gros
Vous étouffent-ils en leur graisse
Malsaine de profiteurs?
Ouvriers,
Les premiers à la tâche,
Les premiers au combat,
Les premiers au sacrifice,
Et les premiers dans la détresse…
Ouvriers,
Mes frères au front songeur,
Je voudrais tant
Mettre un juste laurier,
A vos gloires posthumes
De sacrifiés.
- La grosse machine humaine
A beuglé sur leurs têtes,
Et vente à leurs oreilles
Le soupir gémissant des perclus !…
Au foyer ingrat
D’une infernale société,
Vous rentrez exténués,
Sans un réconfort
Pour vos cœurs de « bétail pensif »…
Et vos bras,
Vos bras sains et lourds de sueur,
Vos bras portent le calvaire
De vos existences de renoncement !
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Par arevareva le 25 Mars 2013 à 05:15
L’on se verra bientôt…
dans un an,
deux ans, dans un siècle…
et dans l’appareil photographique
furent jetés
vingt jardins
et les oiseaux de la Galilée
et la voilà partie, au-delà de la mer
cherchant un sens nouveau à la vérité.
ma patrie est une corde à sécher
et les rubans du sang répandu à
chaque minute…
Et sable, et palmiers, je me suis
étendu sur le rivage
Les oiseaux ne savent point, ma Rita,
que la mort et moi t’avons donné
le secret de la joie fanée
à la barrière douanière…
Et nous voilà, la mort et moi,
renaissant
dans ton front premier,
et dans la fenêtre de ta maison…
deux visages… moi et la mort.
Pourquoi fuis-tu?
Pourquoi fuis-tu, à présent, ce qui
de l’épi, fait les cils de la terre
et du volcan, un autre visage du jasmin
Mais pourquoi fuis-tu?
Rien, la nuit, ne me fatiguait autant
que son silence
quand il s’étirait devant ma porte
comme la rue, comme le vieux quartier…
qu’il soit fait selon ta volonté,
Rita !
Le silence serait une cloche
des cadres d’étoiles
ou un climat ou la sève bout ans
les flancs de l’arbre.
Je bois le baiser au tranchant des
couteau
Viens ! Qu’on appartienne à la boucherie !…
comme des feuilles inutiles
sont tombées les vols d’oiseaux
dans les puits du temps
ET me voilà, ma Rita, repêchant leurs ailes bleues.
Je suis celui qui porte dans sa peau,
gravée par les chaînes,
une forme de la patrie.
____
extrait de Rameaux d’olivier - 1964 : INSCRIS
Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d’enfants : huit
Et le neuvième… arrivera après l’été !
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j’ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d’écolier
Je les tire des rochers…
Oh ! je n’irai pas quémander l’aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille - je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines…
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l’effusion de la durée
Avant le cyprès et l’olivier
…avant l’éclosion de l’herbe
Mon père… est d’une famille de laboureurs
N’a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan - être
Sans valeur - ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis - cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.
Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux… couleur du charbon
Mes yeux… couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
…elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c’est
L’huile d’olive et le thym
Mon adresse :
Je suis d’un village isolé…
Où les rues n’ont plus de noms
Et tous les hommes… à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !
Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as rafflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
…à ce que l’on dit !
DONC
Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n’ai pas de haine pour les hommes
Que je n’assaille personne mais que
Si j’ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !
____
Rien ne me plaît ,traduction par Jalel El Gharbi :
« Rien ne me plaît, dit un voyageur dans le bus, ni la radio
Ni les journaux du matin, ni les citadelles sur les collines.
J’ai envie de pleurer»
« Attends qu’on arrive et pleure tout ton saoul, répondit le chauffeur »
« Moi non plus, dit une dame, rien ne me plaît. J’ai montré ma tombe à mon fils.
Elle lui a plu : il s’y est endormi et ne m’a pas dit adieu »
L’universitaire dit « Moi non plus, rien ne me plaît.
J’ai fait de l’archéologie et je n’ai jamais trouvé
Mon identité dans une pierre. Suis-je vraiment
Moi-même ? »
Un soldat dit alors : « Moi non plus, rien ne me plaît
Je traque une ombre qui me traque »
Nerveux, le chauffeur dit alors : « Terminus ! Préparez-vous
A descendre.
Tous lui crièrent : « Nous voulons aller au-delà du terminus
Continuez donc ! »
Quant à moi, je dis : « Faites-moi descendre. Je suis comme eux, rien ne me plaît mais je suis fatigué du voyage. »
لاشيء يعجبني
((لا شيءَ يُعْجبُني))
يقول مسافرٌ في الباصِ – لا الراديو
ولا صُحُفُ الصباح , ولا القلاعُ على التلال.
أُريد أن أبكي/
يقول السائقُ: انتظرِ الوصولَ إلى المحطَّةِ,
وابْكِ وحدك ما استطعتَ/
تقول سيّدةٌ: أَنا أَيضاً. أنا لا
شيءَ يُعْجبُني. دَلَلْتُ اُبني على قبري’
فأعْجَبَهُ ونامَ’ ولم يُوَدِّعْني/
يقول الجامعيُّ: ولا أَنا ’ لا شيءَ
يعجبني. دَرَسْتُ الأركيولوجيا دون أَن
أَجِدَ الهُوِيَّةَ في الحجارة. هل أنا
حقاً أَنا؟/
ويقول جنديٌّ: أَنا أَيضاً. أَنا لا
شيءَ يُعْجبُني . أُحاصِرُ دائماً شَبَحاً
يُحاصِرُني/
يقولُ السائقُ العصبيُّ: ها نحن
اقتربنا من محطتنا الأخيرة’ فاستعدوا
للنزول.../
فيصرخون: نريدُ ما بَعْدَ المحطَّةِ’
فانطلق!
أمَّا أنا فأقولُ: أنْزِلْني هنا . أنا
مثلهم لا شيء يعجبني ’ ولكني تعبتُ
من السِّفَرْ.
_____
A MA MERE
Je me languis du pain de ma mère
du café de ma mère
des caresses de ma mère
jour après jour
l’enfance grandit en moi
j’aime mon âge
car si je meurs
j’aurai honte des larmes de ma mère
si un jour je reviens
fais de moi un pendentif à tes cils
recouvre mes os avec de l’herbe
qui se sera purifiée à l’eau bénite de tes chevilles
attache -moi avec une natte de tes cheveux
avec un fil de la traîne de ta robe
peut-être deviendrai-je un dieu
oui un dieu
si je parviens à toucher le fond de ton cœur
si je reviens
mets-moi ainsi qu’une brassée de bois dans ton four
fais de moi une corde à linge sur la terrasse de ta maison
car je ne peux plus me lever
quand tu ne fais pas ta prière du jour
j’ai vieilli
rends-moi la constellation de l’enfance
que je puisse emprunter avec les petits oiseaux
la voie du retour
au nid de ton attente
___
LE CYPRÈS S’EST BRISÉ
Le cyprès s’est brisé comme un minaret
et il s’est endormi
en chemin sur l’ascèse de son ombre,
vert, sombre,
pareil à lui-même. Tout le monde est sauf.
Les voitures
sont passées, rapides, sur ses branches.
La poussière a recouvert
les vitres … Le cyprès s’est brisé mais
la colombe n’a pas quitté son nid déclaré
dans la maison voisine.
Deux oiseaux migrateurs ont survolé
ses environs et échangé quelques symboles.
Une femme a dit à sa voisine :
Dis, as-tu vu passer une tempête ?
Elle répondit : Non, ni un bulldozer …
Le cyprès s’est brisé. Les passants sur ses débris ont dit :
Il en a eu assez d’être négligé,
il a sans doute vieilli
car il est grand
comme une girafe,
aussi vide de sens qu’un balai
et il n’ombrage pas les amoureux.
Un enfant a dit : Je le dessinais parfaitement,
sa silhouette est facile. Une fillette a dit :
Le ciel est incomplet
aujourd’hui que le cyprès s’est brisé.
Une jeune homme a dit :
Le ciel est complet
aujourd'hui que le cyprès s’est brisé.
Et moi, je me suis dit :
Nul mystère,
le cyprès s’est brisé, un point c’est tout.
Le cyprès s’est brisé !
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Par arevareva le 14 Mars 2013 à 11:40
Il est le Souffle des souffles...
Je ris de voir que le poisson dans l’eau a soif
La perle est dans ton cœur, ne cherche pas ailleurs
Comme l’iris est dans l’œil
Qui ne voit pas cela le cherche en vain ailleurs
O Kabir, le daim cherche dans la forêt
Le musc caché dans son nombril
Et l’homme cherche ailleurs
Celui qui est dans son cœur
N’imite pas le daim qui, cherchant dans les herbes
Veut déterrer le musc que secrète son nombril
Ils cherchent tous ailleurs
Celui qui est dans le cœur
A cause du voile épais de l’ignorance
Nul ne voit l’Un
Comme l'huile dans le grain de sésame
Et l’étincelle dans la pierre de silex
Il est en toi
Fais-le jaillir si tu peux
Je croyais qu'Il était loin
Mais Il est en chacun
En chaque forme vit le Sans-Forme
Mais nul n’a compris ce mystère
Rien en moi n’est à moi
Car toute chose T’appartient
Que puis-je perdre, en vérité
Si je T’offre tout ce qui est à Toi
Comme le suc de couleur rouge
Qui imprègne les feuilles de myrte
Ton essence imprègne tout ce qui vit
Invisible dans le cœur
Depuis longtemps errant, cherchant l’essence universelle
Si tu es las, pourquoi te tourmenter encore
Fais jaillir cette étincelle divine
De toute éternité, cachée en toi, elle brille
कबीर
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Par arevareva le 14 Mars 2013 à 11:34
Officine et dénonciation
A Fernando Vela
Sous les multiplications
il y a une goutte de sang de canard ;
sous les divisions
il y a une goutte de sang de marin ;
sous les additions, un fleuve de sang tendre.
Un fleuve qui avance en chantant
par les chambres des faubourgs,
qui est argent, ciment ou brise
dans l’aube menteuse de New York.
Les montagnes existent. Je le sais.
Et les lunettes pour la science.
Je le sais. Mais je ne suis pas venu voir le ciel.
Je suis venu voir le sang trouble,
Le sang qui porte les machines aux cataractes
et l’esprit à la langue du cobra.
Tous les jours on tue à New York
quatre millions de canards,
cinq millions de porcs,
deux mille pigeons pour le plaisir des agonisants,
un million de vaches,
un million d’agneaux
et deux millions de coqs,
qui font voler les cieux en éclats.
Mieux vaut sangloter en aiguisant son couteau
ou assassiner les chiens
dans les hallucinantes chasses à courre
que résister dans le petit jour
aux interminables trains de lait,
aux interminables trains de sang,
et aux trains de roses aux mains liées
par les marchands de parfums.
Les canards et les pigeons,
les porcs et les agneaux
mettent leurs gouttes de sang
sous les multiplications,
et les terribles hurlements des vaches étripées
emplissent de douleur la vallée
où l’Hudson s’enivre d’huile.
Je dénonce tous ceux
qui ignorent l’autre moitié,
la moitié non rachetable
qui élève ses montagnes de ciment
où battent les coeurs
des humbles animaux qu’on oublie
et où nous tomberons tous
à la dernière fête des tarières.
Je vous crache au visage.
L’autre moitié m’écoute
dévorant, chantant, volant dans sa pureté,
comme les enfants des conciergeries
qui portent de fragiles baguettes
dans les trous où s’oxydent
les antennes des insectes.
Ce n’est pas l’enfer, c’est la rue.
Ce n’est pas la mort, c’est la boutique de fruits.
Il y a un monde de fleuves brisés et de distances insaisissables
dans la petite patte de ce chat
cassée par l’automobile,
et j’entends le chant du lombric
dans le coeur de maintes fillettes.
Oxyde, ferment, terre secouée.
Terre toi-même qui nage
dans les nombres de l’officine.
Que vais-je faire ? mettre en ordre les paysages ?
Mettre en ordre les amours qui sont ensuite photographies,
Qui sont ensuite morceaux de bois et bouffées de sang?
Non, non, non, non ; je dénonce.
Je dénonce la conjuration
de ces officines désertes
qui n’annoncent pas à la radio les agonies,
qui effacent les programmes de la forêt,
et je m’offre à être mangé par les vaches étripées
quand leurs cris emplissent la vallée
où l’Hudson s’enivre d’huile.
Federico Garcia Lorca
Un poète à new York, “Officine et dénonciation”,
tr. fr. Pierre Darmangeat modifiée, Gallimard, 1961.
*
Couleurs
Au-dessus de Paris
la lune est violette.
Elle devient jaune
dans les villes mortes.
Il y a une lune verte
dans toutes les légendes.
Lune de toile d’araignée
et de verrière brisée,
et par-dessus les déserts
elle est profonde et sanglante.
Mais la lune blanche,
la seule vraie lune,
brille sur les calmes
cimetières de villages.
Federico Garcia Lorca, Chansons sous la lune
*
Lune de fête
La lune
on ne la voit dans les fêtes.
Il y a trop de lunes
sur la pelouse !
Tout veut jouer à être lune.
La même fête
C’est une lune blessée
qui est tombée sur la ville.
Des lunes microscopiques
dansent sur les vitres
Et certaines restent
Sur les gros nuages
De la fanfare.
La lune de l’azur
on ne la voit pas dans les fêtes
Elle se voile et soupire :
” J’ai mal aux yeux !”
Federico Garcia Lorca, Poemas de la Feria
Traduction de Winston Perez
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Par arevareva le 11 Mars 2013 à 21:25
Pour la poésie touarègue en français et en tifinagh, cliquer sur :
http://touaregsmirages.canalblog.com/archives/2009/03/10/14392623.html
et Rhissa Rhossey
"Jour et Nuit, Sable et Sang, poèmes sahariens »
Éditions Transbordeurs
*
Nomades
Hier encore
Ils comptaient les étoiles
Ils avaient tout le temps
Et tout l'espace
Solitaires et libres
N'écoutant que l'écho
De leur voix
Aujourd'hui
Contrariés
Leur lourd voile
Obstrue leur regard
Et ils ne peuvent compter les étoiles
Pourtant encore ils rêvent
Leurs rêves lumineux
Comme la voie lactée
Est en suspens dans le chant
Des canons.
Leur mouvement pris en otage
Dans le filet des frontières
Héritier d'une époque
Sans gloire
Les fils du vent et des étoiles
Font du Silence et de l'oubli
Leur triste mélodie
*
Prière d'un bouzou
Le charbon sort de chez moi
Mais je suis dans les ténèbres
L'Uranium sort de chez moi
Mais je suis pauvre.
L'Aïr est une immense nappe phréatique
Mais j'ai soif.
Chez moi, il y a d'immenses
Plaines fertiles ... inexploitées.
Chez moi il y a deux axes routiers :
Celui qui Exporte l'Uranium
Et celui qui Exploite le Charbon.
Et vous voudriez que je me taise
De toute façon je me tais
Puisque je suis en majorité Analphabète
Et patati patata
Que les bavards se taisent
Que les braves meurent
Et que les lâches coopèrent
Pour la pérennité du système
Des loups.
Amen!
*
Souvenir
Je me souviens
D'un jour et d'une nuit
D'un jour de soleil
D'une nuit de glace
Un souvenir de lutte
En ce temps-là
Mon passé entier
Était deux fois dix ans!
Mon avenir: : l'Éternité
Ou l'instant suivant
Parce que j'avais vingt ans J
E voulais changer le monde
Le modeler à ma guise
Le façonner à mon goût
C'est tout
J'avais lu un livre Vert
Et un autre Rouge
Et beaucoup d'autres
De toutes les couleurs
D'ailleurs
Tout cela est beau
Mais trop confus
J'avais besoin d'une chose :
La LIBERTÉ
Cela au moins était clair
Ironie du sort
Un jour ils m'ont pris
De ma maison
À leur prison
Ça n'a pas été long
*
Tam-tam
C'est la nuit profonde
Et le tam-tam gronde
Il gronde
Très fort
Encore baraqués
Devant les tentes
Chameaux et chameliers
S'impatientent
Car longue est l'attente.
C'est la nuit profonde
Et le tam-tam gronde
Il gronde
Très fort
Il appelle ceux des vallées
Et ceux des plaines
Il les appelle tous
A la grande fête.
C'est la nuit profonde
Et le tam-tam gronde
Tourbillon de poussière
Et vertige des âmes
Cadence des corps
Hommes et bêtes
Réconciliés
Par le tam-tam
Tournoient
Et tournoient encore.
C'est la nuit profonde
Et le tam-tam gronde
TENDEN Goumaten
Entraîne tout
Dans sa fureur
Elle viole les âmes
Les perce, les envole
Rien que déchaînement
Désordre, folie
Les mots délivrés d'eux-mêmes
Epousent la fuite
Des gestes
Dans l'espace
Nocturne
C'est la nuit profonde
Et le tam-tam gronde
Par la magie l'IRREEL
Côtoie le Réel
Le vrai et le faux se confondent.
*
Ténéré
Terre ancestrale
Terre mythique
Terre magique
Terre nombril de la terre
On te dit cruelle
Moi, je te dis maternelle
Non, je ne dirai jamais
Les secrets de ton lait
Mère, la manne de tes mamelles
Mais je dirai la magie
Ta magie
D'ensemencer la vie
Dans le vide
Tes dunes
Ne sont pas des ras de sable sans vie
Tes dunes sont vivantes
Vivante ta lune
Ton silence n'est pas un gouffre
Mais clémence pour qui souffre
Et qui s'interroge
Sur cette nature que l'on s'arroge
*
TENERE
Terre de méditation
Terre de création
Terre d' artistes
Terre ÉTERNELLE
L'Homme est peintre
Sur pierre
La femme est mannequin
Le jour lumière
La nuit poète
Le vent ciseleur
Sur marbre
TENERE
Tes enfants ne sont pas
Des marionnettes
Qu'on exhibe pour théâtre
A quatre sous
Ce sont des caravaniers
Qui tissent la fraternité
Ce sont de grands artisans
De l'Unité
TENERE
N'est-ce pas encore
Ta magie
Cette nostalgie
Qui toujours ramène à toi
Les Hommes de toutes les fois
Ta loi étant Ie toit
De l'Univers?
Mer autrefois
Paradis ou Enfer Demain?
Qui dira le mystère ?
*
Thingalène
Salut THINGALÈNE
Remparts où butent
Toutes les basses volontés
Tour au sommet
Réservée aux âmes pures
Tu es mon ARC DE TRIOMPHE
Monument divin
Tu es pétri de la pierre
De la pierre pure et dure
Larmes de feu
Vomissures des sables
Ou pilier de la terre
Dis-moi montagne qui es-tu
Vestige des hommes de prestige
Sommet aux grandeurs de vertiges
Kaocen et Dayak t'ont habité
Jamais je ne cesserai de te chanter
*
Imbroglio
Les jours passent
Les braves trépassent
La résistance s'effiloche
Et dans mon cœur
Le désenchantement
Va de sa pioche
Dans chaque vallée
Sur chaque colline
Chacun crie sa tribu
Et revendique déjà
Son lopin de terre
Celui-là dénonce son frère
Cet autre tue son père
'Oh ! Frère d'ÉGUIGUlRE
Oh ! Compagnon de TAZIRZlT
Étaient-ce les paroles prophétiques
Qui se réalisent ?
La révolution est conçue par les savants
Les braves y meurent
Et les lâches en profitent
Qu'en penses-tu RABITINE ?
INZAD trouve-t-il toujours écho
Aux oreilles de ceux de l'épée?
*
PRIERE
Seigneur
Les charognes et les mangeurs de boue
Ont prostitué L'esprit du souffle
Ils ont péché contre
La pureté originelle du souffle
Oh qu'il était grand
Jadis le souffle
Quand il fusionnait les cœurs
Dans un même brasier d'espoir
Et subitement petit et vil Le souffle
Quand il dressait Frères contre frères
Pour un grain de riz
Et un océan de mensonges
Oh Seigneur
Ne leur pardonne point
Ceux-là qui ont falsifié
L'esprit du souffle
Par leurs ventres qui ne remplissent jamais.
Par leurs regards qui percent les mystère
Par leurs bouches qui disent plus
Qu'il ne faut dire
Oui ! Je les renie
*
Je n'oublierai jamais
Je n'oublierai jamais
Un enfant de l'AÏR
Qui mourut un soir
De grande gloire
Un jeune homme du terroir
Qui parlait le langage
De la terre
Partout il semait des étoiles
Aux enfants il parlait d'école
Aux femmes de machines à coudre
Aux hommes de chantiers
De grands champs de blé
Aux jeunes de son âge
Dans son langage sans nuage
Il ordonne la résistance
Jusqu'au bout du souffle
La lutte et le sacrifice
Marquèrent en lettres immuables
Son éphémère passage sur la terre
Étrange prophète de l'amour et du travail
Qui arrosa de son sang
Ses rêves innocents
Et nourrit de son corps
La glaise maternelle
Pour l'éternité
Il mourut un soir
Le cœur plein d' espoir.
Au milieu des cris et du vacarme
En démontant le tambour-major
D'une fête barbare
Où le sang coulait à flots
Rougissant encore plus l'aurore
Où la chair valsait avec le fer
Où le feu déchirait l'aube
Les années ont passé
Le Martyr demeure
Si vous voulez le sentir
Allez à TIMIA
Quand l'oasis sort de de son sommeil
Comme une coquille qui s'ouvre
Sur sa perle du matin
Offrant sa beauté à L'Espoir
D'un jour naissant
Là au milieu des jardins
Dans les sables
Ou sur les montagne
Il est dans chaque grenadier
Dans chaque dattier
Dans chaque barrement d'ailes
Il fait partie du paysage
Comme la cascade
Comme l'humus qui nourrit la fange
Comme le chant des petites bergères
Qui perce les nuages
Si vous voulez le sentir
Allez à TIGGUIDA
*
La Résistance était en moi
Il fut un temps j'ai porté la résistance
Au plus profond de mes fibres
Elle était dans mon sang
Elle était dans mes larmes
Elle était dans ma sueur
Elle était ma moelle épinière
La résistance était mon souffle
Elle était les pulsations mêmes de mon pouls
Elle était en chaque atome de mon corps
La résistance était en moi
Elle était dans mes nerfs
Et dans mes muscles
*
Lecture
À la lumière jaune
De ta lampe-tempête
Tu t'éclaires
Le soir quand
Tout repose
Et que le village
Retrouve son âme
Dans le sillage
De la nuit
Couché à plat ventre
Courbé sut ton livre
La face éclaboussée de lumière jaune
Tu déchiffres l'écriture
Qui déjà t'appelle à l'aventure
Énigmatique des temps
Futurs
Et puis la nuit s'éveille
*
Les mots
Les mots !
Ils sont dociles
Doux et charmants
Ils vous suivent partout
Tout au long des chemins
Et vous font tout dire
Il faut beaucoup de patience
Pour les apprivoiser
Surtout quand ils sont d'une autre race
Il suffit d'un rien pour les effaroucher
Je crois qu'ils n'aiment pas le bruit
Et préfèrent la solitude
Ils sont omnivores
Ils se nourrissent d'un grain de joie
D'un grain de douleur
Ils boivent l'eau des océans, des mers
Et même des petits ruisseaux
Le poète est leur berger
Il les compte et recompte chaque soir
Quand le silence descend sur la terre
Pourvu qu'ils soient au rendez-vous
Il y a des mots.. Blancs d'innocence
Gais comme des agneaux
Il y en a des Noirs comme des corbeaux
Amers comme des bourreaux
Et d'autres tristes comme des tombeaux
Ce sont là des mots douleurs
Et moi pour les exorciser je veux
Des mots volcans
Laves fumantes de vérité
Des mots tempêtes
Désarçonnant des remparts de préjugés
Des mots brasiers
Ce sont de grandes chevauchées
Des mots inapprivoisés
Des mots débridés
Qu'il me faut
Ce sont des mots indisciplinés
Des mots sans limite
Des mots sans entrave
Des mots sans papier
Des mots "viole-frontière qu'il me faut
Des mots nomades-sans-escale
Il me faut des mots boucliers
Des mots rebelles
Des mots pilonne-caserne
Des mots mine-Cubli
Des mots roquettes-mépris
Je veux des mots [eux follets Je veux des mots feux follets
Je veux des mots fous
Des mots, des mots furieux
Des mots Forts
*
Les Sept
Ils sont Sept
Sept
Un chiffre étrange
Étrange et mystique
Sept
Emportés du fin fond
De la nuit
Vers où
Par où
Sept hommes
emportés
disparus
Pourquoi
Pour qui
Ils sont sept
Je pose sept fois
La même question
TAMGAK
TAGUIRERTE
TINZAWATENE
Ou TAIKARENE
Montagnes majestueuses de mon bled
Ô rochers mystérieux
Et silencieux
N’avez-vous rien vu passer
AQMI Français ou Américains
De grâce
Allez-y ailleurs
Porter vos conflits
Nos enfants en ont assez
Assez du chant des canons
*
Hommage à Aimé Césaire
Le silence du Tambour-major
Jeudi 16 avril 2008
Au bout du petit matin...
L'immensité du désastre
L'humanité retient son souffle
Des larmes sur les cinq continents
Les océans stagnent
Les fleuves suspendent leurs cours
Tambours, koras et balafons
Ravalent leurs sons
Les rois des forêts, savanes et déserts
Retiennent leurs gestes
Qui se figent
Et même les oiseaux au fond du ciel
Immobilisent leur envol
Les chiens se taisent ...
La tragédie des rois...
La tempête sanglote,
LUMUMBA tourne dans sa tombe
Un Nègre
Un très grand Nègre
Se retire
Un poing ferme et dur
Un poing de fraternité et de dignité
S'en va
Mais la Révolte
La Révolte demeure
Aimé Césaire
*
A l'abri de leur regard
Les étoiles peuvent pâlir
Le soleil s'éclipser
Mon âme toujours s'éclaire
De sa lumière éternelle.
Je sais qu'ils titubent encore
Dans la nuit.
Ils tâtonnent hélas
Mais leurs mains sèches
Ne caressent que des rêves morts.
Croyant meilleur leur sort
Ils ont tous abdiqué
Seigneur sauve-les de la nuit
La nuit douloureuse et sans fin
Qui entrave le mouvement
Qui aveugle le regard
Qui alourdit la langue
Cette nuit oppressante
Qui nous emportera tous Inéluctablement
Si nous ne fusionnons pas
Nos lumières éternelles
Qui palpitent secrètes
Au fond de nous
À l'abri de leur regard.
*
Ashamor
Seul
Il n'a pas de toit
A ses yeux
Pas de lois qui tiennent
Devant lui l'impossible recule
Il recule chaque jour un peu plus
Il n'est rien
Il a tout
De la vie en attendant le meilleur
Il prend le pire
Magicien de Génie
De ces rêves, il fait des réalités
*
AÏR
Pour Aboubé
Au bout du monde
L'AIR
Chez moi,
Il y a plein de vallées
Peuplées de jardiniers
Au salut facile
Plein de plaines
Aux noms de femmes
Des montagnes
Aux écritures oubliées.
Dans ce pays
Il n'y a pas toujours
De quoi se vêtir
Mais le cœur y est
Chaud à l'amour
Très souvent
Le ventre y est vide
Le cœur ramassé
Pour s'y amuser Il suffit d'une peau de chèvre
D'un mortier de bois
Quelques belles
Et la fête commence
Les fêtes balancent
Et cadencent
Ce pays est beau
Et pour les yeux
Et pour le cœur
*
Au magicien de la boue
A Mousa Abou,architecte touareg
Enfant du terroir
Véritable fils de la glaise
Que de la fange
Tes doigts d'ange
Nous érigent des cités
Où il fera bon vivre
La terre du Sahel
Craquelée et assoiffée
Devient matière première
Entre tes mains de magicien
Fertilise-la
Cette terre d'abandon
Et dis-nous le secret de la création
Érige-nous des villes
Des villes saines
Des villes sans exclusion
Des villes sans bidonville
Oui, des cités sereines
Accordées à l'espace
À l'air, à l'eau À la vie
Fils des tentes
Flottantes
À tous les vents
Qui saurait
Mieux que toi
Donner un abri
Aux sans-abri
Qui disputent
Aux rats
Le rez-de-chaussée?
Architecte aux doigts d'or
Enracine-nous à la terre
*
Blessure
Vendredi 28 août 1992
Un jour macabre s'est levé
Sur la cité au Minaret millénaire
Comme un fleuve en crue
La haine a déferlé
La haine Nue
Sauvage
Tumultueuse
Une meute désemparée
Sans chef ni subordonné
S'est ruée vers la ville
La ville innocente et docile.
Alors commença la danse barbare
Des proies faciles
Maison par maison
La horde écumait la ville
Mettait dans ses fourgons
Des civils innocents.
La peur s'installait
Les miens traqués
Rasaient les murs.
Partout on arrête
On torture sans murmure
Sous des yeux douloureusement
Indifférents
Exultant, applaudissant le carnage
Le deuil s'installait
La douleur incommensurable.
Dans les gares
Sur les routes
Dans les rues
Et jusqu'au fond des case
Sinistrement silencieuses
Ils arrêtent les miens
Tous les miens
Tapis à l 'ombre de la terreur
Les miens entassés
Dans la honte
Dans la sueur
Dans les larmes.
Les miens Au creux des cellules sordides
Puantes
Puantes de mille pourritures...
Oh Seigneur! De quel Répondaient les miens !
Pourquoi endossent-ils les péchés
De tout l'univers ?
Le fils et le père enchaînés
À la même chaîne de la honte.
Les frères rampant dans la sueur et le sang
Sous les caresses cruelles
Des lumières brûlantes.
Seules les femmes
Debout dans la tourmente
Le poing dur
L'insulte à la bouche
*
Chant funèbre pour Mano Dayak
Tu n'est plus
Et mes larmes ne tariront plus
Ton sang, ton corps et tes os
Sont à jamais mêlés à ces sables que tu as
tant aimés
Es-tu mort au-dessus de CHIRIET aux dunes
dorées
Ou en amont de TAMGAK qui rime avec ta
lutte ?
Sont-ce les terres maternelles de TEMET qui
te retiennent
Qui te réclament pour l'Éternité ?
Le désert est FIDÈLE
Comme tu l'as porté à bout de bras, au
bout du monde
Le TÉNÉRÉ te porte désormais en son sein
Pour toujours ton ÂME aura la clarté de ses
dunes
Et ta MÉMOIRE la grandeur de ses montagnes
Ta mère est deuil, et tu es le Fils de
toutes les mères
Ton père est en deuil, et tu es le Fils de tous
les pères
Ton frère est en deuil, et tu es le Frère de
TOUS les HOMMES,
GRAND GUIDE
La caravane est au bout de l'étape
Et la SOURCE annoncée n'est pas loin
Dans la nuit sans étoile et par la tempête
Tu nous as menés et à présent
REPOSE-TOI EN PAIX
*
Foule
Foule, Foule
Je t'aime dans ton docile
Mouvement
Dans ton harmonie
Dans ta cohérence
Foule, Foule
Fais corps avec mon corps
Fais de mon âme Ton Esprit
Foule, je te crains
Dans ta folie
Quand Furieuse
Tu foules du pied
Ce que tu as construit
Foule, Foule
Tu es belle
Quand tu foules la tyrannie
Foule
Tu es à l'image
De l'homme
Insaisissable
Dans ton élan
Imprévisible
Dans ton surgissement
Foule
Tu es femme
Quand tu aimes
Et l'Amour
Coule
De tes mains
De tes yeux
De ton cri
Foule
De tous les continents
De toutes les couleurs
J'aimerai toujours
Voir s'écraser
À la face des tyrans
Ton cri
Mon cri
Ton poing
Mon poing
Foule, fais foule avec mes Rêves
*
Poème pour célébrer la paix
Nigériens, mes frères
Quelle est donc cette brise
Qui souffle sur la terre
Du Moro Naba
Ce vent si frais gui souffle
Du pays des « hommes intégrés »
Ce vent aux relents de paix ?
Oh patrie
Patrie aimée
Patrie mienne
Rectifie ta marche
Va droit sur le chemin
De la paix et de ]'amour
À la haine, à la violence
Fais volte-face pour toujours
PAIX
PAIX sur toutes les races de chagrins
Tant de vallées ont baigné dans le sang
Tant de koris où ne coulent plus
Que des larmes
Tant de morts sans nom
Tant de haine dans les coeurs
Tant de chaînes sans raison
Tant d'innocents dans les fournaises
Des prisons
Souviens-toi PATRIE
Oh PATRIE
Des fuites éperdues des familles traquées
Ah ! Les songes inachevés
Des nuits saturées de mensonges !
PAIX
Paix pour l'âme de mes morts
Pour les blessés dans leur corps
Pour les blessés dans leur coeur
Pour les mutilés
Pour les déportés
Pour les prisonniers
Pour les exilés
Pour les égarés
Pour tous, PAIX et espoir
Oh Patrie regarde
Regarde autour de toi
Ce monde sans loi
Ce monde qui brûle
Qui hurle, hurle, hurle
J'ai dit : Libéria Taylor la mort ! Taylor la torture !
Horreur !
Les longues files
Des orphelins et veuves qui enfilent
Les labyrinthes inhospitaliers des exils
J'ai dit : Burundi !
Ces frères qui s'entre-déchirent!
*
POURTANT
Au coin d'un lopin
De terre oublié
Je feuillette
Des rêves morts
Éclaboussés de nuit
Il n'y avait pas d'oiseau
Pas d'arbre
Pas même un brin d'herbe
Tout est triste
Et désolé
Pourtant
De mon talon nu
La source est née
Et mes rêves s'animèrent
Le jour fut
Il y eut plein d'oiseaux
Beaucoup d'arbres
Et plein d'herbe
Tout est beau
Et charmant
Quand le jour s'élève !
*
Pas de nom
Mon frère d'outre-mer
Surtout pas de nom
Je ne suis pas le fils
Du vent et des nuages
Je suis le fils de la fange
De la fange stérile et rouge
Sables, montagnes et pierres
Je suis le fils de la terre
Maternelle
Silence, oubli, mépris
Je suis l'enfant des douleurs
Éternelles
Non, frère, je ne suis pas
Je ne suis plus
Le Seigneur du désert
Mais l'esclave
Des horizons nus
*
Para nymphe pour un muselé
Pour Mamana Abou, directeur du journal «le Républicain», éd
Ils l'ont encore arrêté
Mon pote
Pour la énième fois
Décidément tu n'as pas la cote
Oui ta salive est sabre
De canon contre leurs mensonges
Ton encre acide qui dévoile
La toile mesquine de leur supercherie
Rappelle-toi mon pote
Hier c'était le feu
Ils ont brûlé Le Républicain.
Naïfs, ils ont bastonné pour faire
Taire la conscience
Aujourd'hui ils bâillonnent
Ils bâillonnent la grande gueule
Ou la grande plume
Oui la conscience éclairée de
La presse nigérienne, j'ai dit :
Mamane Abou !
Et je vois le pays entier debout
Debout dans les rues pour dire NON !
.Libérez-le, il n'a fait que DÉNONCER
Libérez-le, il n'a fait qu' ÉCRIRE
Libérez-le, il n'a fait que DÉVOILE
Dé-voi-lé !
*
JE N'OUBLIERAI JAMAIS
pour Almoudou Introudourène Zinder, 22 février 1999
Je n'oublierai jamais / Un enfant de l'AÏR / Qui mourut un soir / De grande gloire / Un jeune homme du terroir / Qui parlait le langage / De la terre / Partout il semait des étoiles / Aux enfants il parlait d'école / Aux femmes de machines à coudre / Aux hommes de chantiers / De grands champs de blé / Aux jeunes de son âge / Dans son langage sans nuage / Il ordonne la résistance / Jusqu'au bout du souffle / La lutte et le sacrifice / Marquèrent en lettres immuables / Son éphémère passage sur la terre / Étrange prophète de l'amour et du travail / Qui arrosa de son sang / Ses rêves innocents / Et nourrit de son corps / La glaise maternelle / Pour l'éternité
Il mourut un soir / Le cœur plein d' espoir / Au milieu des cris et du vacarme / En démontant le rambour-:major / D'une fête barbare / Où le sang coulait à flots / Rougissant encore plus l' aurore / Où la chair valsait avec le fer / Où le feu déchirait l'aube / Les années ont passé / Le Martyr demeure / Si vous voulez le sentir / Allez à TIMIA / Quand l'oasis sort de de son sommeil / Comme une coquille qui s'ouvre / Sur sa perle du matin / Offrant sa beauté à L'Espoir / D'un jour naissant / Là au milieu des jardins / Dans les sables / Ou sur les montagne / Il est dans chaque grenadier / Dans chaque dattier / Dans chaque battement d'ailes / Il fait partie du paysage / Comme la cascade / Comme l'humus qui nourrit la fange / Comme le chant des petites bergères / Qui perce les nuages
Si vous voulez le sentir / Allez à TIGGUIDA / Là il est dans chaque épi de blé / Qui défie le ciel bleu / Si vous voulez le sentir / Allez à TIGGUIDIT / Là il est dans chaque poignée de main / Qui construit demain / Je n'oublierai jamais / La sentinelle fantôme / D'un enfant dans l'AÏR / Qui veille sur le sommeil des petites gens / Par-delà les ténèbres
Rhissa Rhossey
*
POÈME POUR CÉLÉBRER LA PAIX
Nigériens, mes frères / Quelle est donc cette brise / Qui souffle sur la terre / Du Moro Naba / Ce vent si frais gui souffle / Du pays des " hommes intégrés / Ce vent aux relents de paix ? / Oh patrie / Patrie aimée / Patrie mienne / Rectifie ta marche / Va droit sur le chemin / De la paix et de ]'amour / À la haine, à la violence / Fais volte-face pour toujours / PAIX
PAIX sur toutes les faces de chagrins / Tant de vallées ont baigné dans le sang / Tant de koris où ne coulent plus / Que des larmes / Tant de morts sans nom / Tant de haine dans les cœurs / Tant de chaînes sans raison / Tant d'innocents dans les fournaises / Des prisons / Souviens-toi PATRIE / Oh PATRIE / Des fuites éperdues des familles traquées / Ah ! Les songes inachevés / Des nuits saturées de mensonges !
PAIX / Paix pour l'âme de mes morts / Pour les blessés dans leur corps / Pour les blessés dans leur cœur / Pour les mutilés / Pour les déportés / Pour les prisonniers / Pour les exilés / Pour les égarés / Pour tous, PAIX et espoir / Oh Patrie regarde / Regarde autour de toi / Ce monde sans loi / Ce monde qui brûle / Qui hurle, hurle, hurle / J'ai dit : Liberia Taylor la mort ! Taylor la torture ! / Horreur ! / Les longues files / Des orphelins et veuves qui enfilent / Les labyrinthes inhospitaliers des exils / J'ai dit: Burundi !
Ces frères qui s'entre-déchirent !
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Par arevareva le 11 Mars 2013 à 21:10
Le malheur d'aimer
Que sais-tu des plus simples choses
Les jours sont des soleils grimés
De quoi la nuit rêvent les roses
Tous les feux s'en vont en fumée
Que sais-tu du malheur d'aimer
Je t'ai cherchée au bout des chambres
Où la lampe était allumée
Nos pas n'y sonnaient pas ensemble
Ni nos bras sur nous refermés
Que sais-tu du malheur d'aimer
Je t'ai cherchée à la fenêtre
Les parcs en vain sont parfumés
Où peux-tu où peux-tu bien être
A quoi bon vivre au mois de mai
Que sais-tu du malheur d'aimer
Que sais-tu de la longue attente
Et ne vivre qu'à te nommer
Dieu toujours même et différente
Et de toi moi seul à blâmer
Que sais-tu du malheur d'aimer
Que je m'oublie et je demeure
Comme le rameur sans ramer
Sais-tu ce qu'il est long qu'on meure
A s'écouter se consumer
Connais-tu le malheur d'aimer
*
Enfer-les-Mines
Charade à ceux qui vont mourir Égypte noire
Sans Pharaon qu'on puisse implorer à genoux
Profil terrible de la guerre où sommes-nous
Terrils terrils ô pyramides sans mémoire
Est-ce Hénin-Liétard ou Noyelles-Godault
Courrières-les-Morts Montigny-en-Gohelle
Noms de grisou Puits de fureur Terres cruelles
Qui portent çà et là des veuves sur leurs dos
L'accordéon s'est tu dans le pays des mines
Sans l'alcool de l'oubli le café n'est pas bon
La colère a le goût sauvage du charbon
Te souviens-tu des yeux immenses des gamines
Adieu disent-ils les mineurs dépossédés
Adieu disent-ils et dans le coeur du silence
Un mouchoir de feu leur répond Adieu C'est Lens
Où des joueurs de fer ont renversé leurs dès
Etait-ce ici qu'ils ont vécu Dans ce désert
Ni le lit de l'amour dans le logis mesquin
Ni l'ombre que berçait l'air du Petit Quinquin
Rien n'est à eux ni le travail ni la misère
Ils s'en iront puisqu'on les chasse ils s'en iront
C'est fini les enfants qu'on lave à la fontaine
Tandis que chante sous un ciel tissé d'antennes
La radio des bricoleurs dans les corons
Ils n'iront plus le soir danser à la ducasse
L'anthracite s'éteint aux pores de leur peau
Ils n'allumeront plus la lampe à leur chapeau
Ils s'en iront Ils s'en iront puisqu'on les chasse
Les toits se sont assis sur le sol sans façon
Qui marche en plein milieu des étoiles brisées
Des fuyards jurent à mi-voix Une fusée
Promène dans la nuit sa muette chanson
___
MERVEILLES
Tous ceux qui parlent des merveilles
Leurs fables cachent des sanglots
Et les couleurs de leur oreille
Toujours à des plaintes pareilles
Donnent leurs larmes pour de l'eau
Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu'il voit
Ce qu'il voit son histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix
Ses secrets partout qu'il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé
Ma vie au loin mon étrangère
Ce que je fus je l'ai quitté
Et les teintes d'aimer changèrent
Comme roussit dans les fougères
Le songe d'une nuit d'été
Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
Un air dont lentement s'étonne
Celui qui ne sait plus prier
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Par arevareva le 11 Mars 2013 à 20:54
Un oiseau chante ne sais où
C’est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d’un sou
Et l’oiseau charme mon oreille
Écoute il chante tendrement
Je ne sais pas sur quelle branche
Et partout il va me charmant
Nuit et jour semaine et dimanche
Mais que dire de cet oiseau
Que dire des métamorphoses
De l’âme en chant dans l’arbrisseau
Du coeur en ciel du ciel en roses
L’oiseau des soldats c’est l’amour
Et mon amour c’est une fille
La rose est moins parfaite et pour
Moi seul l’oiseau bleu s’égosille
Oiseau bleu comme le coeur bleu
De mon amour au coeur céleste
Ton chant si doux répète-le
À la mitrailleuse funeste
Qui chaque à l’horizon et puis
Sont-ce les astres que l’on sème
Ainsi vont les jours et les nuits
Amour bleu comme est le coeur même
*
Obus couleur de lune
Voici de quoi est fait le chant symphonique de l’amour
Il y a le chant de l’amour de jadis
Le bruit des baisers éperdus des amants illustres
Les cris d’amour des mortelles violées par les dieux
Les virilités des héros fabuleux érigées comme des pièces contre avions
Le hurlement précieux de Jason
Le chant mortel du cygne
Et l’hymne victorieux que les premiers rayons du soleil ont fait chanter à
Memnon l’immobile
Il y a le cri des Sabines au moment de l’enlèvement
Il y a aussi les cris d’amour des félins dans les jongles
La rumeur sourde des sèves montant dans les plantes tropicales
Le tonnerre des artilleries qui accomplissent le terrible amour des peuples
Les vagues de la mer où naît la vie et la beauté
Il y a là le chant de tout l’amour du monde
*
Mon très cher petit Lou je t’aime
Ma chère petite étoile palpitante je t’aime
Corps délicieusement élastique je t’aime
Vulve qui serre comme un casse-noisette je t’aime
Sein gauche si rose et si insolent je t’aime
Sein droit si tendrement rosé je t’aime
Mamelon droit couleur de champagne non champagnisé je t’aime
Mamelon gauche semblable à une bosse du front d’un petit veau
qui vient de naître je t’aime
Nymphes hypertrophiées par tes attouchements fréquents je vous aime
Fesses exquisément agiles qui se rejettent bien en arrière je vous aime
Nombril semblable à une lune creuse et sombre je t’aime
Toison claire comme une forêt en hiver je t’aime
Aisselles duvetées comme un cygne naissant je vous aime
Chute des épaules adorablement pure je t’aime
Cuisse au galbe aussi esthétique qu’une colonne de temple antique je t’aime
Oreilles ourlées comme de petits bijoux mexicains je vous aime
Chevelure trempée dans le sang des amours je t’aime
Pieds savants pieds qui se raidissent je vous aime
Reins chevaucheurs reins puissants je vous aime
Taille qui n’a jamais connu le corset taille souple je t’aime
Dos merveilleusement fait et qui s’est courbé pour moi je t’aime
Bouche Ô mes délices ô mon nectar je t’aime
Regard unique regard-étoile je t’aime
Mains dont j’adore les mouvements je vous aime
Nez singulièrement aristocratique je t’aime
Démarche onduleuse et dansante je t’aime
Ô petit Lou je t’aime je t’aime je t’aime.
note de Jean Pierre Pinon : En septembre, à Nice depuis le début du mois, Apollinaire rencontre Louise de Coligny-Châtillon
le 27 septembre 1914. Il la courtise sans la vaincre et lui envoie des poèmes (Poèmes à Lou
& Lettres à Lou).
Le 6 décembre 1914, il arrive au 38e Régiment d'artillerie de Campagne de Nîmes. 'Lou' le rejoint
le 7 decembre pour une semaine de passion. Les 27 et 28 mars 1915, il passe sa troisième et dernière
permission auprès de Lou. C'est la rupture définitive mais les deux amants promettent de rester amis...
____
LE POÈTE
Je me souviens ce soir de ce drame indien
Le Chariot d’Enfant un voleur y survient
Qui pense avant de faire un trou dans la muraille
Quelle forme il convient de donner à l’entaille
Afin que la beauté ne perde pas ses droits
Même au moment d’un crime
Et nous aurions je crois
À l’instant de périr nous poètes nous hommes
Un souci de même ordre à la guerre où nous sommes
Mais ici comme ailleurs je le sais la beauté
N’est la plupart du temps que la simplicité
Et combien j’en ai vu qui morts dans la tranchée
Étaient restés debout et la tête penchée
S’appuyant simplement contre le parapet
J’en vis quatre une fois qu’un même obus frappait
Ils restèrent longtemps ainsi morts et très crânes
Avec l’aspect penché de quatre tours pisanes
Depuis dix jours au fond d’un couloir trop étroit
Dans les éboulements et la boue et le froid
Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture
Anxieux nous gardons la route de Tahure
J’ai plus que les trois coeurs des poulpes pour souffrir
Vos coeurs sont tous en moi je sens chaque blessure
Ô mes soldats souffrants ô blessés à mourir
Cette nuit est si belle où la balle roucoule
Tout un fleuve d’obus sur nos têtes s’écoule
Parfois une fusée illumine la nuit
C’est une fleur qui s’ouvre et puis s’évanouit
La terre se lamente et comme une marée
Monte le flot chantant dans mon abri de craie
Séjour de l’insomnie incertaine maison
De l’Alerte la Mort et la Démangeaison
LA TRANCHÉE
Ô jeunes gens je m’offre à vous comme une épouse
Mon amour est puissant j’aime jusqu’à la mort
Tapie au fond du sol je vous guette jalouse
Et mon corps n’est en tout qu’un long baiser qui mord
LES BALLES
De nos ruches d’acier sortons à tire-d’aile
Abeilles le butin qui sanglant emmielle
Les doux rayons d’un jour qui toujours renouvelle
Provient de ce jardin exquis l’humanité
Aux fleurs d’intelligence à parfum de beauté
LE POÈTE
Le Christ n’est donc venu qu’en vain parmi les hommes
Si des fleuves de sang limitent les royaumes
Et même de l’Amour on sait la cruauté
C’est pourquoi faut au moins penser à la Beauté
Seule chose ici-bas qui jamais n’est mauvaise
Elle porte cent noms dans la langue française
Grâce Vertu Courage Honneur et ce n’est là
Que la même Beauté
LA FRANCE
Poète honore-là
Souci de la Beauté non souci de la Gloire
Mais la Perfection n’est-ce pas la Victoire
LE POÈTE
Ô poètes des temps à venir ô chanteurs
Je chante la beauté de toutes nos douleurs
J’en ai saisi des traits mais vous saurez bien mieux
Donner un sens sublime aux gestes glorieux
Et fixer la grandeur de ces trépas pieux
L’un qui détend son corps en jetant des grenades
L’autre ardent à tirer nourrit les fusillades
L’autre les bras ballants porte des seaux de vin
Et le prêtre-soldat dit le secret divin
J’interprète pour tous la douceur des trois notes
Que lance un loriot canon quand tu sanglotes
Qui donc saura jamais que de fois j’ai pleuré
Ma génération sur ton trépas sacré
Prends mes vers ô ma France Avenir Multitude
Chantez ce que je chante un chant pur le prélude
Des chants sacrés que la beauté de notre temps
Saura vous inspirer plus purs plus éclatants
Que ceux que je m’efforce à moduler ce soir
En l’honneur de l’Honneur la beauté du Devoir
17 décembre 1915 – pour toi mon grand-père inconnu mort des suites de cette guerre !
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Per te praesentit aruspex
O mon très cher amour, toi mon œuvre et que j'aime,
A jamais j'allumai le feu de ton regard,
Je t'aime comme j'aime une belleœuvre d'art,
Une noblestatue, un magique poème.
Tu seras, mon aimée, un témoin de moi-même.
Je te crée à jamais pour qu'après mon départ,
Tu transmettes mon nom aux hommes en retard
Toi, la vie et l'amour, ma gloire et mon emblème;
Et je suis soucieux de ta grande beauté
Bien plus que tu ne peux toi-même en être fière:
C'est moi qui l'ai conçue et faite toute entière.
Ainsi, belle œuvre d'art, nos amours ont été
Et seront l'ornement du ciel et de la terre,
O toi, ma créature et ma divinité !
___
Sanglots.
Notre amour est réglé par les calmes étoiles
Or nous savons qu'en nous beaucoup d'hommes respirent
Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts
C'est la chanson des rêveurs
Qui s'étaient arraché le coeur
Et le portaient dans la main droite
Souviens-t'en cher orgueil de tous ces souvenirs
Des marins qui chantaient comme des conquérants
Des gouffres de Thulé, des tendres cieux d'Ophir
Des malades maudits, de ceux qui fuient leur ombre
Et du retour joyeux des heureux émigrants.
De ce coeur il coulait du sang
Et le rêveur allait pensant
À sa blessure délicate
Tu ne briseras pas la chaîne de ces causes
Et douloureuse et nous disait
Qui sont les effets d'autres causes
Mon pauvre coeur, mon coeur brisé
Pareil au coeur de tous les hommes
Voici nos mains que la vie fit esclaves
Est mort d'amour ou c'est tout comme
Est mort d'amour et le voici Ainsi vont toutes choses
Arrachez donc le vôtre aussi
Et rien ne sera libre jusqu'à la fin des temps
Laissons tout aux morts
Et cachons nos sanglots
____
MAI
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des darnes regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes.
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Par arevareva le 13 Février 2013 à 23:04
Pour entendre le poète dire ses textes , cliquer sur :
http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/monchoachi_sosthene.html
http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/monchoachi_danse.html
Sosthène
1.
Nous sommes partis
Le cœur plein des gribouillages
D'histoires de la veille
Que la pluie qui tombait
S'efforçait d'effacer.
Chemin de latérite entre nous deux, infranchissable.
L'odeur des moubins nous ouvrit la clairière
Enivrante
Avec en bordure un immense fromager,
Des pierres amoncelées comme des tombes.
La pluie battait toujours nos corps
Et les rafraîchissait
Quand elle s'accroupit et que son sexe illumina
L'herbe verte.
Nous nous sommes rencontrés
Là où le temps et l'espace
Se rejoignent, à ciel ouvert.
Longtemps après que la nuit soit tombée,
Le ciel restait rouge.
2.
Chaque matin la maison était assaillie
Percée de toutes parts de jets dorés
De cette lumière onctueuse des mois du carême
Qui pénétrait entre les lames des persiennes
Avec le chant volubile des oiseaux
Entre les parois et la tôle
Sous la porte rognée par la pluie et le sel.
Tout est maudit
Pas seulement les figuiers et les poètes
Puisque toute fin est tragique
Et que — c'est comme ça — tout a une fin
Même si nous en cherchons toujours
Et encore bêtement la raison
Depuis que nous nous sommes éloignés de l'idée,
Qui pourtant nous remplissait la paume de la main
Du même bonheur que nous procure un galet —
L'idée que nous puissions être gouvernés par le destin.
Eux, les figuiers, sont beaux et pathétiques
Dans leur élan vers la vie
Pour la retenir,
La serrer contre leur poitrine
Pour la chanter.
Et l'amour, avec le parfum
Et la profondeur de la rose
Que nous voudrions
Comme le regard de certains animaux encore
Inépuisable.
3.
Maintenant que tu respires
Que le poids de ta chair s'est allégé
Ton corps qui s'était noué comme le cep —
Réponds.
La fille morte de bon matin
S'est recroquevillée dans son linceul
Tandis que la chatte s'abandonne
Aux trois chatons nés avec la dernière lune
Qui cherchent à tâtons
Un sein.
Accueille mon exaspération
Arbre indicible accablé de ses rentes
Et qui scintille.
4.
Toute la nuit
Nous avons marché dans la rocaille
Roche sur roche, l'un sur l'autre
À nous repenter.
Une lune s'était levée tard
Qui nous avait tourmentés.
Il y avait là
Un puits de lune
Et des arbres qui suaient la lune
Éclaboussés de clartés
Vert sombre
Et ombres chatoyantes.
Tendu vers — Trop escarpé ?
Alerté
Insoutenable car
Vienne quelque chose enfin
Qui doit sourdre.
5.
Ils sont exsangues
Ils n'ont rien à raconter
Ils n'entendent pas, à quoi bon parler
Ils se dessèchent
Derrière le masque étincelant
La pourriture,
Le progrès nous a tous étriqué et la douleur,
Genoux remontés, dos raboté,
Une tombe de sel
Qui malheureusement
A toujours un bord.
Rien évidemment ne sortira de cette forge sans être
Étiré
Pas plus chien battu à verse
Ni le vieux mulet qui se laisse si docilement
Lourdes paupières baissées
Bâter.
Une femme par là-bas
S'était levée
Au beau milieu d'une algarade
Debout sur un tapis de feuilles roussies
Les deux poignets retournés — cassés
Sur les hanches
Qui lorsqu'elle s'en est allée
Eût un geste ancestral pour
Déprire sa culotte d'entre
De la fente de ses fesses.
Tout ce que le monde raconte
Est vrai
Et suffisant.
Pourtant tu veux sans cesse
Encore l'éprouver
Le fruit, comme un vieux sein
Flétri déjà
Il te faut y enfoncer le pouce
Avant de le tendre.
6.
À peine rejointes
La douceur infinie des paupières —
Deux feuilles de menthe lorsqu'elles
S'abaissent — les épaules frêles
Comme ces nuits d'avril ;
À peine rejointes
Les mains effilées et les doigts —
Caresses d'aiguilles de pins
Sous le vent.
Brusquement
Nous nous sommes retrouvés seuls
De part et d'autre du désert,
Les ailes ployées
Le regard sourd sous les cils.
Femme qui balaye les feuilles mortes
Chaque matin devant sa porte
Lèvres sèches, cheveux défaits
Invisible
Regard perdu comme une vie perdue
Sur la route qui tantôt l'a vue passer
Fleurant la fleur de campêche
La peau tendue comme baie de jujubier,
Le monde aussi est comme la douleur,
Fragmenté.
7.
Je t'embrassais,
II y avait de la terre qui remontait
Par ta bouche
Sans arrêt tu dégorgeais de la terre.
Je t'embrassais toujours.
Et tes seins qui frondaient l'air
Sous le corsage de taffetas rose
Ajouré.
Longtemps nous avons espéré ce poudroiement
Matinal
Là où nous portions nos yeux,
Une allumette qui craque
Et qui s'élève
Ardente
Derrière la scène.
Longtemps,
Depuis que cette lente mélancolie
Intarissable s'est installée
Flanquée de sonorités de tuba
Lorsque les pluies tombaient à verse
Et s'engouffraient par les gouttières.
Parfois une fraîche et joyeuse bourrasque
Faisait gicler
L'eau du prunier sur les tôles.
Alors, chaque mot tu l'as bégayé,
Nous avons ensemble ressassé chaque mot —
Comment aurions-nous pu en être insoucieux
Puisque nous savions que chacun était une promesse
Et une blessure
Qu'il nous faudrait à la fois endurer
Et restituer —
Puis, l'un sur l'autre,
Nous les avons cachés sous les roses
Dans le voisinage de poussières d'or.
Toute la démesure de la nature
Dans le figuier maudit.
8.
Peut-être les mots ne sont-ils
Que des pelles
Parfois ardentes
Qui servent à ensevelir la douleur. Sans doute
Avons-nous offensé le messager
Venu pour nous délier ta langue.
Et tandis que
Là il s'élance vers la lumière
En l'enlaçant et en l'étreignant,
Lui, abaisse les cils
Consentant : d'être sous ce destin,
En lui, de sombrer.
Il n'y a guère que les oiseaux
Qui ont ces gestes qui nous vont droit
Au cœur
Lorsqu'ils volent dans le sel gemme
Et disparaissent silencieux
Entre la frange obscure
Et la lumière,
S'efforçant de leurs ailes d'éventer
L'insondable conjuration.
Et aussi bien, nous
Avec eux, devons nous contenter
De la suave et ineffable splendeur
D'un mèsi, délivré
Et dissipé dans l'instant.
9.
Mais de l'amour
Plus que de tout autre chose,
Nous voulons être assurés
Autant, si cela se peut, que de l'existence
Et de la vérité. Ô combien alors
En pareil cas désapprenons-nous vite
À être pleinement comblés
Par une pure présence,
À nous laisser aller dans l'extase !
Comme le désir qui saisit soudain
Remplit le corps de frémissements
Et bientôt tout entier le prend
Au travers d'une pièce de figues
Parmi les troncs vigoureux et lustrés
Les tiges noueuses et les lourdes grappes des fruits
Au bout desquelles la grosse fleur conique
Violacée et pulpeuse doucement abaisse
Vers le sol un sexe mirifique.
Or ce pur élan bientôt nous le voyons
Contrarié.
Et là où il y avait un regard
Qui nous enveloppait et nous rafraîchissait
II y a à présent un œil
Qui fouille au fond d'un gouffre parmi
Les nombreux édifices que la mémoire a bâti
En empilant l'un sur l'autre
Les images et les mots.
10.
Le diable a pris le monde
Et l'illumine ;
Nous avons atteint au bonheur : juste
Une équation.
Monte à présent l'odieux bruit
Des onomatopées
(Les gens font comme ça : A - A,
voix d'infinie compassion conjuguée
À un corps dont les affinités
Chimiques sont satisfaites.
Un art
Très phonétique).
Des escargots envahissent nos maisons
Tapissent les murs bavent
Sur nos écrans — nos écrans ! —
Il faut débonder, répandre le sel
Dans les cours qui puent l'urine.
Puisque nous ne savons rien,
Maintenant que nous nous rapprochons du soleil
Tu peux venir là à présent
Vêtue de ta robe rouge
Chaussée des escarpins festonnés d'or ;
Si tu tombes dans le vide
Je garde tes mains
Entre mes mains.
Ce poème « Sosthène » de Monchoachi est extrait de son recueil L'Espère-geste, publié à Sens (France) aux éditions Obsidiane (2002), pages 79-90.
*
La Danse au lieu vide
1.
Ce sera hors ce lieu
— Flétris, flagellés —
Ce sera hors ce lieu où nous sommes
Reclus — Caparaçonnés de savoir
Vitrifiés —
Mais par dessus le mur carié
(Louvri baryè, Ouvre pour nous ! )
L'office inattendu.
Laisse ça nous mener un côté.
2.
Infigurée
Comme ça est-elle
La chose
Ni corps ni esprit
Une seule bacchanale
Dans un langage mêlé
Elle dit
Tout une seule fois tout à la fois
Laisse ça nous dire
Laisse ça parler pour nous.
3.
Derrière le nom qui nous nomme
Et que nous renions
Nous tournons dans les airs
Derrière te corps que nous portons
Et rêvons d'échapper
Pièce côté.
Flamme qui danse
Dans ton envers et que
Les yeux fermés, tu meurs
Là même d'étreindre.
4.
Sans mère nous tournons
Derrière le corps que nous portons
Ensemble-ensemble confondus
Nous roulons dans l'abîme
Laissant l'air
Lui donnant l'air pour qu'elle
Paraisse elle même
La chose même
Qu'elle parle pour son corps
Et annonce elle-même
Qui ou Quoi elle est.
5.
Couverts de sueur
Et de poussière de terre
Reconvertis
Nous tournons dans les aires
Bandeau de coton blanc
Echarpé sur la tête.
Quelque chose tremble, une certaine
Clarté, quand le dieu tombe
D'un coup nous saisit :
Virer la caye – faire retour
Dans la demeure ténébreuse.
6.
Comment chevauchés
(Lespri-a pran nou !)
Nous menons la ronde au lieu vide
Montant en l'air le corps
En même
Tout entier contr'étrécis
Dévastés, le regard inaltérable
Chantant
Aveugles désormais...
7.
...Délivré
Un même chant inépuisé
Tout en aspergeant le sol
Et puis la même boisson
Qui dévale le corps
— Du feu, di'ectement —
L'ayant secoué
Une fois d'abord tout partout
En la bouche, toussant
À n'en plus finir, la tête prise
Enfumée.
8.
Pas plus, et ce fût
À chaque passage dans
La battue de la paupière —
Ainsi est-elle comme ça
La tête enrubannée, presqu'
Évanescente, traçant
Trois fois trois
Croix
Inexplicablement
Et tout le long du mur
Des voix bleues
Des amers
Puis la paume comme ça
Tournée comme ça
En l'air —
La mesure,
Plus haut.
9.
Deux pierres sur une grosse
Souche creuse
Des voix sourdes et cassées
Des corps barbouillés
Maigres et ridés
Tout du long — Et
Le sang à terre lorsque
La lune a éclipsé.
Trois fois trois
Croix
Et des voix bleues
Tout le long du mur
Des amers.
10.
À plus, encore un peu :
Car le monde n'est pas
Cela qu'on nomme
Une chose qu'on nomme puis
L'autre, qu'ainsi on tient
À distance, empêché.
Mais quand la langue l'appelle
Et le crie
Comme un sein qui s'ouvre
II nous ravît
Nous passons à l'autre bord
Quelque chose là commence à
Profonder.
*
La beauté noire
Et là ils sont dans les nuages
Errent les enfants
comme cheins fous au gré des vents
dans les tourbillons et les turbulences du vent
Sans rame, sans voile, sans barre, sans mire
Seuls amers les constellations d'étoiles
Seuls paysages
des nuages la teinture fugace.
Lors le criquet divinò poussa sa délirante stridente
Nuages percés vers le bas
tombées les eaux du ciel en-bas
et au dessus du trou
nimbés d'un vert guère comme les nuages
raides penchés ils virent :
Un la-chai' délectable, ils virent
(Pas une chair, un la-chai, entendez-le, un sacré la-chai', ouaille !)
Splendeur insoupçonnée en-bas là
Fèves et miel,
Piments et boissons enivrantes
Et des oiseaux oranges dans l'air vert
Et des oiseaux rouges, et des oiseaux diaprés
Et des poissons misant leurs belles lumières
dans les cavernes de la mer
Et des poissons rares
Avec les belles arêtes qui font les belles parures
Et des fleurs, doux-Jésis !
Des fleurs comme tellement les enfants
Ne peuvent en voir sans laisser éclater leur joie
Sans lasser les cueillir
Les tresser et les offrir
Des néfliers, des baumes camphrés
Des amarantes roses
Des fuchsias-montagne aux pétales laineux
Des bégonias, des grappes drues d'amanoa
Et ils crièrent et dansèrent de joie
Et on les envoya demeurer sur terre
On les chassa avec des bourrades
Pour qu'ils ne reviennent pas mélanger les lignages
Et l'un derrière l'autre à la file ils coulissent vers le sol
Et là ils foulent,
Ils pressent la terre en ses teintures
dégraisseurs d'étoffes en leurs teintures
Et les oppresse là-même
Là même tout aussitôt les oppresse la beauté noire.
*
La fille à la calebasse
« Puis avons tous bu, puisant dans la coupe
Avec nos mains ou un coquillage,
Suçant des cailloux ou des os,
Les serrant ensuite à notre cœur pour nous rendre forts.
Avons gardé la médecine forte et amère
dans nos bouches
Avons pris un morceau d'argile »
Lui, parle de la sorte : « Écoute mes paroles.
Ne mange pas seul à tes repas, mais fais venir des gens
Et partage ce que tu as »
(Conmèce grand-moun longtemps).
Alors quand vient un homme pieds nus
Quand vient surgir un homme qui marche,
Quand vient paraître un homme
couvert rhades piècetés
Sur la tête chapeau paille en filangue,
chapeau noir de fumée et de crasse,
noir de la patine
noir des concrétions
Alors ils baissent leur corps jusque terre
alors ils flétrissent leur corps
S'inclinent et se rabaissent
alors devant lui ils mangent la terre
donnent un beau à ses pieds nus
Puis mettant leur corps debout,
passent à son cou colliers
guirlandes de fleurs
colliers d'hélianthes et de magnolias,
colliers plusieurs rangées
colliers nattés
colliers en plumes tressées
Le couvrent ainsi de fleurs
le couronnent de fleurs
Et les femmes arrachent leurs parures pour l'en vêtir
Garnissent ses doigts de bagues
Ornent ses oreilles
Lissent ses cheveux et les embaument
Et elles crient, elles s'écrient, elles s'exclament, elles s'étonnent
Elles s'émerveillent, elles restent bèbè
Et, parmi, y' en a un qui dit en chantant : « Sois le bienvenu, frère.
Viens manger un peu, puisque tu es passé devant notre maison
et que tu as faim,
Assurément tu dois manger.
Restez ici, assise vot' corps
pose vot' sang »
Et on lui donne à manger,
on lui porte à manger toutes qualtés :
Paniers gâteaux galettes manioc galettes maïs
bol sang caillé bouc
Toutes sortes viandes : dindes et zoeufs dindes poules cabrites
Toutes sortes fruits : sapotilles jaunes prines, griyaves
figues-pommes jujubes caroubes
Et à boire bons rafraichis sirop l'orgeat
Sirop l'anis laloë.
Et il mange puis il se lave les doigts.
Et disant qu'il a bien mangé, il dit comme ça :
« J'ai bien mangé, frère. Je désire me préparer à partir. »
Et on lui répond : « Va sans crainte, frère. Tu es venu chez nous
j'ai honte de la nourriture que je t'ai donnée. »
Et un à un, tous viennent le saluer tour à tour
les vieillards les premiers,
viennent au devant de lui,
viennent le voir
les vieillards douvant-douvant
Tous devant lui placent leurs corps rangés
Devant lui frottent leurs lèvres de farine
Et ils soufflent trois fois vers l'Est.
Et ils lui demandent de discourir
Faire un causement tout simplement,
un laudience
« Tout simplement voyez et envoyez »
Et il dit, il déclare, il indique, il raconte,
il dépose en leur cœur
Un petit maintenant un petit message
Une petite offrande une petite fumée
« Quoi que ce soit, de quelque façon que ce soit,
nous en serons émerveillés »
« …ET ELLE TOMBA BLIP À TERRE SUR LE DOS, SON CORPS GONFLA LA-MÊME
ET DE SES SEINS SORTIRENT DES COURS D'EAU QUI FORMÈRENT UN LAC ».
Et après ça, ils vont pour dire, ils parlent pour lui dire,
ils disent
ils veulent l'entendre
tout simplement,
seulement écouter le bruit de sa voix
tout simplement,
une petite fleur de montagne un petit oiseau bleu
une petite rosée
« Quoi que ce soit, de quelque façon que ce soit,
nous en serons émerveillés »
« …ET IL OTA LES HUIT CORDES DE JONC QUI COUVRAIENT SA POITRINE
ET IL PRIT LA FORME D'UN POISSON POUR S'INTRODUIRE DANS LA CALEBASSE
QUE LA JEUNE FILLE REMPLISSAIT D'EAU À LA RIVIÈRE »,
Il dit, il raconte, il dépose en leur cœur.
Ainsi l'offrande dispose la parole,
Et la parole est offrande portée dans le ventre fertile
comme telle la vie naissante
Portée devant ce qui est devant
et jetée bouler à côté craps
comme un coute zos monté
Et l'on donne à manger aux mendiants
Comme on donne à manger aux dieux.
*
Ces deux poèmes de Monchoachi, « La beauté noire » et « La fille à la calebasse » sont extraits du recueil Lémistè, publié à Bussy-le-Repos (France) chez Obsidiane en 2012. « La beauté noire » est tirée de la partie « Les Voluptés » (pages 129 à 132) et « La fille à la calebasse » de la partie « Les pieds poudrés » (pages 129 à 132).
© 2013 Monchoachi
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Par arevareva le 13 Février 2013 à 22:39
Le poème de Davertige « La beauté et l'amour comme inquiétude » a été publié pour la première fois en 1962 dans la première édition d'Idem . « La Légende de Villard Denis », a été publié pour la première fois en 1964 dans la deuxième édition d'Idem. Villard Denis était le nom de peintre de Davertige à Haïti.
Anacaona
Magicienne de la confiance au fond des bois
Tu n'es plus fétiche aujourd'hui car ce dialecte
Lèche tes pampres de lait pur Tes yeux me broient
L'image déferlée hors sur les mares infectes
L'innocence avant le déluge ton corps vit
Sur la merveille assez de ma vierge fragile
L'immense Ô tendresse aux fumants doigts il est dit
Pour cette source claire un hymne dans leur ville
Je t'évoque rosée algues à travers la tour
Un seul soleil qui fuit où fouine la matière
Diamant miraculeux ton feu a fait le jour
De l'herbe et le serpent d'été mur de lumières
Quand la fumée aura construit son arche bleue
J'inscrirai sur ma porte Agi-Aya Bombé
*
La beauté et l'amour comme inquiétude
_
Nous ignorons peut-être l'évolution des arbres et des forêts
Nous qui sommes poètes et fils de la nature
Car à l'heure où j'écris sur cette table chargée de fossiles
Un peuple de bonheur meurt par dessus le voile de l'aurore
Des fruits profonds s'adoucissent sur des branches
La mer franchit cette frontière de l'extase et de la passion
La Beauté et l'amour sont donc à reconstruire
Sur les astres et sur les joues la tour secrète unie à nos angoisses
Pardonne à mes rêveries et à mes errances
Une putain a le sexe pur de la tornade
Une aurore vagabonde change le jour et prend le centre
Des tourments qui viennent sur le dernier bateau
Mon dernier port galopant aux pieds de la prairie
Petit cheval du soir aux yeux de romarin
J'ai tourné sur ma tête l'herbe sans prix pour ma mémoire
Je m'en souviens et les vagues se remémorent
Où sont les joies et les plaisirs du Début de l'Amour
Je la connais la femme qui fait vibrer le paysage
La sève s'amplifie et recolore nos souvenirs anciens
L'amour nous prend et nous explique le chemin de l'Éden
Que l'enfant qui s'en va baise mes joues fanées
La roue de mer tourne les folles vagues et doit tourner
Hier la forêt près de nous était un livre
Et des oiseaux chantent sur nos épaules
L'hirondelle vers les Pôles tournait ses yeux opaques
Ce seul soleil de charbon contournant les larmes du ciel
Collier de voix autour du désert de nos corps
Celle qui venait avec cette aurore que j'aime
Qu'au centre de leur jardin se repose ma lampe
Elle s'éteint comme un tombeau sans souvenir
Cette mer fraîche c'est son profil scintillant dans le demi-soir
Un miroir aveugle aveuglant dans cette nuit sans chiffre
Ce fruit voyant dans le verger mûr de ma chambre
Ses doigts d'huile sensible réglant la geste d'incertitude
L'Équateur ce bâton de grains de réglisse dans l'émail du cancer
La structure broussailleuse limitant la vue du Poète
Au bas des ciels de zinc meurent mes yeux céruléens
Toute la NATURE est absente dans mes rêves
Et tournent et tournent les mers et les déserts
Les ciels gris de cristal les quais aux brides de l'Enfer de Rimbaud
Et non dans les mers de Cravan Arthur Arthur Artaud
Horizon lâché à midi du signe des yeux mortuaires du monde
Comme gueules battues aux battants pour l'embarcation
Le verre frotte ses doigts sur la pâleur de nos miroirs
Viennent des saisons au front de l'orage qui gronde
Horizon renversé d'obus derrière la course du mal-aimé
Apollinaire
L'azur dans la courbe des sens reprend sa douceur d'autrefois
Et au cœur du matin nous sommes à la rencontre de l'espérance
Mon île liée au péril de ma vie
Le piroguier Césaire dans les pirogues des Antilles
Marche marche dans les tuyaux de nos oiseaux aventureux
Et ce nuage d'homme d'une mémoire de course
Est le cœur plein de vie des astres de Tzara
L'amour entre et sort et fait de nous un lac sanguinolent
Dans la plainte des larmes qui charrient nos enfances
Ô larmes de la mort dans l'ivrognerie de Dylan Thomas
Corbeaux mon panthéon aux vitres de l'azur
Clouées au front du ciel entre les mains ouvertes d'Edgar Poe
Dans cet espace indivisible aucun ange n'a répondu
La chute de l'enfance a refermé le Temple
Et Rilke a ouvert la lumière sur le paysage inconnu
La rose parée de sève plus belle que le jour
Le couple de pluie Éluard et Nush se tenant d'innocence
S'en allait à travers le jour et se couchait partout
Et toi assise sur le seuil de ta grâce subtile
L'étoile que tu portes au front se souviendra de ma passion
Je me regarde dans le miroir ton enfance devient ma jeunesse
Et le vertige remplit le ciel du poids de ce poison Un pont sur ta main
Claire et tes doux yeux
Une ville reconstruite dans le parfum du demi-soir
Un oiseau chante au coin de mon miroir
Ô ciel fou de Goll au moulin de la jalousie
La PROSTITUTION a des cheveux malades comme des bêtes féroces
Dites Lautréamont derrière un vieil Océan
Ce sont les chants du monde et les nuits à la recherche du fantôme
Puisque poète ma voix a dénoué le ruisseau
Sous les arcades de l'amour des poissons au-dessus des eaux
Entourées de bois de chandelle et de quinine
La CONVULSION de L'Immaculée Conception au front de l'ombre de Breton
Ô Desnos sur le pont de la vie où passent les Nazis
Je découvre la lame sans queue mordant nos cœurs
Un seul amour ininterrompu persécuté dans cette nuit
De cyclamen quand la France dans son cycle par toi abat l'infini
Et c'est aussi sur une même route avec Elsa
Ô mes chants érigés en stèles de sable remarquable
Comme des ciels de tuf aux horizons tabous où dialoguent les Parias
Par-dessus St-Aude et le soleil au coin de la rue St-Honoré
Riez e ne riez pas de ceux qui veulent tuer leur Roi
Qui fut en pays étrange étranger de son labyrinthe de propriété
Car à chacun appartiennent les monstres qui rejettent les lois
Autour de toi Michaux l'abîme exorcise nos plaintes
Je les connais aussi ceux qui s'élèvent avec leur libation
La mer montée vers nous dans le Temple-de-Mer de Perse
L'océan dans son architecture plus grande que l'avenir
Merdre aux voyous décervelés
Merdre Merdre au Père-Ubu
Un poète fait son portrait en crabe
Là où Jésus déménage pour laisser ses cornets à dés
Ah qu'ils s'effritent ces paumes de chaux
J'ai péché sur la lampe les pierres et les hommes
Hommes de l'inquiétude je ne vous ai jamais connus
Tant que la pente sera mouvante je prendrai toujours mon bateau
Si c'est une fenêtre lyrique que l'on me donne des fleurs
J'ai des bras comme les autres pour travailler des lèvres pour baiser
Je me connais Davertige de tous les vertiges des siècles
Je les connais ces ciels de romarin où les enfants mal-nés gémirent
Où la patrie et ses nuits sauvages d'amour dialoguent
Passants dans la merveille des saisons arrêtez-vous devant ma lampe
Nos mains ont besoin d'écume et de sève
Ève ne portera plus le tort des désirs déchaînés par ses sens
Ni les voyous la puanteur qui accable le monde
Par-delà le vertige mon être pris de toute connivence
Avec les astres et les hommes
Au bras des ciels de zinc se raniment mes yeux céruléens
Toute la NATURE est présente dans mes rêves.
*
L'île déchaînée
Je ne suis qu'un adolescent qui cherche à se comprendre pour connaître le monde Ô vous les réverbères éteints sur les paupières du jour Ô grand midi parmi les fous illimité comme de vieux zombis en bobêche de souffrance Toutes les voix bivouaquent dans les plaines et dans la plainte des plantations Nombrils aux vents les yeux pleurants Omoplates et crânes huileux sur des bouteilles de fétiches L'aile d'ébène du soleil réchauffe la campagne et l'aveugle porte le poids de l'obscurité contre ses paupières Parias mon frère je vous suis montrez-moi la route des sources
Je ne suis qu'un adolescent qui cherche à se comprendre Soûlard mon Christ aux yeux d'absinthe la nuit est ivre de convulsion Par la taille le spasme l'agrippe Ô vie le bas-ventre chauffé sous le Poteau-mitan Je vais chercher une croyance Et ces jeunes nègres le cœur en sang se souviennent-ils des libations J'ai donc conscience des réverbères éteints des négresses perdues de cette flamme vive au fond des cales de l'émigration avec le diamant sur le sexe christes-marines dans la salive des mers glauques Montrez-moi la route des sources Je ne suis qu'un adolescent
Soûlard mon Christ les cheveux de sisal vert sale Illimité comme les zombis de la nuit à naître Et qui naîtra à l'arc roux de notre île Ô grands cierges allumés pourquoi notre équilibre se trouve hors de son centre Ô souvenirs Les carrefours se dévident sur l'infini le Guédé de soleil fait des pirouettes Les foules la tête au Levant lancées à l'assaut des yeux du soleil pour ce topaze de la lumière Le sable ivre recrée la chair et la pierre de la fronde ressuscite les fruits Ô saisons mortes de notre île nous vivons dans la mort comme hier vous vécûtes près des tambours à taille de vache
Entre les lianes du vent
Nous nous révélons des passants
Et nous passons sous les orages
Nos corps liés autour des âges
Cassés et ressoudés par la transe des nuits nos corps inscrits dans leur mouvement de pierre ont des gestes de moundongs d'yeux de mille lucioles Le silex initie la puissance de la sève Montrez-moi la route des sources
Je ne suis qu'un adolescent soûlard les réverbères éteints Nous entrons dans la vie et lions notre adolescence au secret de l,amour éclatant de corail sur les étoiles et les soleil Midi de tuf s'illimitant lui-même sur les incantations de l'homme Que les momies adossées à la voix des ombres les cercueils pris de pleurs s'élèvent sur les déserts les paysages et les maisons craquant de trop de sortilèges à l'ombre des visages amers et amarrés autour de soi Miroir d'ombre agissante et pourquoi s'élever dans les grottes des grillons Et la rivière descend la pluie cassée par le vent violet Nos doigts s'élèvent aux sons des nuits
Nuit de baume et de basilic
Sous le ciel le destin tragique
Attendue trop longtemps la nuit
En tes cheveux la mort nous suit
Je ne suis qu'un adolescent qui cherche les réverbères éteints car ma jeunesse est passée ainsi que la St-Jean La mer baisait la paume des boumbas et les champs amarrés autour du midi Les plantes délient l'été sur les sables Nos fronts mâchent les serpentins de rides Et les menottes du soleil défont la transe de la nuit Grand jour de maïs d'or et de poissons les fétiches se gargarisent sur nos poitrines Le siam pendu au fond du lac et sur l'étang On se réveille d'idolâtrie du grand lit de putain les yeux hypnotisés Aux flammes délirent les sables Je n'ai qu'à ouvrir les cheveux
Les chevaux refont le silence
Et je détruis tout le passé
À mes narines de fumée
Le jour par Toi reprend conscience
Les soûlards se défilent dans leur mouvement hors de nous-mêmes sur le pavé de leur délire et les grands genoux lézardés des déserts Sur nos talons anesthésiés sur nos visages fulgurants l'empreinte des scorpions renoue le fil arraché à l'hameçon et autour des vieux mâts qui supportent nos pleurs Dans la baie graisseuse des cuisses et dans le wharf étroit du sexe du printemps le ciel se mit à la dimension des sens en lit d'alcool Les lèvres se rencontrèrent sangsues mortes comme la mare éteinte hors de la nudité de la lune La foule plantée dans la persistance de l'orage ce mapou millénaire les racines de sortilège les cheveux verts de latanier dans le puits de la terre et de la chair où la Femme-Cacique disait Agi-Aya-Bombé Oh si vient le printemps les papillons seront mes frères et le suicide aux voleurs de la nuit comme Anacaona allongée et empaillée de souffrances centenaires Je ne connais rien de la vie je ne fais que parler de moi comme un vent galopant dans un toit
La nuit pleure autour de nos voix
Qu'elles montent au-dessus des eaux
Ces sirènes aux yeux de fantômes
Qu'elles s'allongent sur nos croix
Je ne sais rien hors de moi-même ce ne sont que mensonges Tout va tourner La plaine immense prend le grillon et jusqu'au bout du jour la lune folle d'abeilles a laissé couler sa chanson Ô mon ombre millénaire dans la plaine pâlissent les doigts des tambours Toutes les tombes s'ouvrent toutes les cordes s'usent par la puissance inverse de la nuit Nos yeux qui l'an passé moururent allument la chanson le front béni entre le bruissement des étoiles filantes Le grand fantôme déchaîné comme l'eau de l'écluse la sueur brûlante de la cascade des colonnes vertébrales comme la mémoire huileuse La nuit les seins ouverts croisée et décroisée sur la trace boueuse et chaude de l'homme et de la femme Le lard des lèvres se suicide sur le cramoisi de jouvence Le sang aux joues des fruits la sève aux bras des mers
Mes papillons pourquoi mes pas vous recherchent toujours La source je dois la suivre jusqu'à trouver les citronnelles et les papillons C'est la route promise...
Ô forêts sur vos tabacs vos ailes de libellules Que n'ai-je longtemps erré dans les déserts sur les pavois des rêves là où jamais le rêve ne s'éteint aux revers des lèvres sales les embouchures se raniment et le croupissement des jours éclate Qu'elle s'élève la sirène aux cheveux de jasmin de nuit au collier d'étoiles Mon grand tombeau de chaux comme un ciel arc-bouté à mon enfance Ah qu'il éclate avec le grand démon le grand poignard aux rires des rivières les mots tranchants comme des feuilles sauvages Mes mains mes pieds mon sang mes bras mes cheveux mes yeux ô Parias combien est grande la connivence Ô moi qui ne suis qu'un adolescent
La nuit éclate sur ma tête
La femme ouvre sa douce chair
Le grillon reprend sa chaleur
Je vais dormir avec mes rêves
*
La légende de Villard Denis
_
La légende de Villard Denis
Est une légende simple et amère
Sous le tournoiement des couteaux de l'ardoise
Et de la corde en coryphée dans les branches
Elle voit au loin la cendre du cœur tourner
Entre des crocs et des salives
Pour dire la geste du cœur-aux-chiens
La légende était à leurs pieds
Avec mes vitres brisées dévorantes
Ma chemise trop fine voulant encercler l'incendie
Voici la légende du cœur-aux-chiens
Avec la célérité des flammes de la main
Qui disent non pour son sang vif
Ses cloches sonnent avec un bruit de bois sec
Au-dessus des arbres brisés en paraboles
Pour l'entraîner dans les dangers des fantômes tourbillonnants
Près du parapet des noms en serpents
La légende de Villard Denis à vos oreilles
Court à pas d'enfant dans les feuilles
Elle était docile aux pieds de la Sainte aux yeux d'argent
Le brasier recouvrant sa face
Elle était broyée par les bruyères de vos entrailles
Et veut parler au braiment du soleil
Le langage de l'homme pathétique
Et que viennent les poètes d'antan
Et s'en aillent ceux d'aujourd'hui
Dans le cycle de ses lamentos
Derrière le voile du crâne où se tissent les funérailles fissurées
Pour contenir son dos dans la gloire de sa Parole revenue
Un voyage qu'elle entreprend à sa façon
Pour pénétrer dans l'or ouvert
Des bras de la Vierge aux cheveux blonds
C'est le cœur de Villard Denis
Émerveillé dans un monde en pâtures
Sous les nuages violets des chiens
Où gisent le glas de la tombe et l'émerveillement de ses nuits
Crépitant dessous les sanglots dans le crachoir imberbe de sa face
Un cœur aux pourceaux dans la patrie brûlée des passants
Et qui craque sur les fémurs de la fleur-aux-dents
Dévidant la bouteille de ses mots sans âge
Mourant dans la chaîne infinie des flots
Sous les flûtes de farine du cœur
Ô suaire de ma naissance
Sur la table aux tiroirs ouverts
Où le verre creuse le puits pour dévider enfin le miracle de l'arme des colonels
Des roses fanées sur la surface de la légende
S'appuyant la tête à nos genoux
Ce n'est pas adieu que je dis aux étoiles de vos talons
Qu'en Enfer les dieux vous bénissent
Et sous la girouette du sang
Chante la légende de Villard
Qui est une légende immortelle.
___
Omabarigore
Omabarigore la ville que j'ai créée pour toi
En prenant la mer dans mes bras
Et les paysages autour de ma tête
Toutes les plantes sont ivres et portent leur printemps
Sur leur tige que les vents bâillonnent
Au milieu des forêts qui résonnent de nos sens
Des arbres sont debout qui connaissent nos secrets
Toutes les portes s'ouvrent par la puissance de tes rêves
Chaque musicien a tes sens comme instrument
Et la nuit en collier autour de la danse
Car nous amarrons les orages
Aux bras des ordures de cuisine
La douleur tombe comme les murs de Jéricho
Les portes s'ouvrent par ta seule puissance d'amour
Omabarigore où sonnent
Toutes les cloches de l'amour et de la vie
La carte s'éclaire comme ce visage que j'aime
Deux miroirs recueillant les larmes du passé
Et le peuple de l'aube assiégeant nos regards
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Par arevareva le 11 Février 2013 à 16:14
extrait du Ma'navi , ouverture " La complainte de la flûte"
*
Écoute la flûte de roseau, écoute sa plainte
Des séparations elle dit la complainte
Depuis que de la roselière on m'a coupée
En écoutant mes cris, hommes et femmes ont pleuré
Pour dire la douleur du désir sans fin
Il me faut des poitrines lacérer le chagrin
Ceux qui restent éloignés de leur origine
Attendent ardemment d'être enfin réunis
Moi j'ai chanté ma plainte auprès de tous
Unis aux gens heureux, aux malheureux, à tous
Chacun à son idée a cru être mon ami
Mais personne n'a cherché le secret de mon âme
Mon secret pourtant n'est pas loin de ma plainte
Mais l'oeil ne voit pas et l'oreille est éteinte
Le corps n'est pas caché à l'âme ni l'âme au corps
Ce sont les yeux de l'âme seule qui pourraient le voir
Le chant de cette flûte, c'est du feu, non du vent
Quiconque n'a pas ce feu, qu'il devienne néant
C'est le feu de l'amour qui en elle est tombé
Et si le vin bouillonne, c'est d'amour qu'il le fait
La flûte est la compagne des esseulés d'amour
Et nos voiles par ces notes ont connu la déchirure "
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Par arevareva le 11 Février 2013 à 15:15
Frère, on m’a dit que tu es un défenseur du patrimoine
Oui, tu peux même dire un défenseur acharné du patrimoine
Frère, alors pourquoi t’acharner sur ce bâtiment, il a une histoire ?
Boucle-toi minus, il faut savoir mettre l’histoire de côté, quand il s’agit de donner à de grosses entreprises des marchés, créer des emplois pour quelques mois..
Mais tu sais que des esclaves l’ont construit ?
Et alors ?
Tu sais que leurs fils à partir de 1846 l’ont fréquenté ?
Et alors ?
Tu sais qu’une fois affranchis le 20 décembre 1848 ils ont suivi là des cours du soir, ils ont cru en l’école
Et alors ?
Et alors dis-moi pourquoi fêtes-tu le 20 décembre dans ta ville ?
Le peuple a besoin de jeux, voilà pourquoi on ne lésine pas sur les moyens
Je veux comprendre, frère, dis-moi pourquoi tu t’acharnes sur ce bâtiment ?
Parce qu’il a été défiguré par des rajouts, il n’est plus dans son état premier
Alors frère, je te dis tu as sorti là, le fouet pour te faire battre. Qu’un collectif se lève pour demander des comptes à toutes les cliques successives qui depuis la fin des années 1970 n’ont pas défendu ce patrimoine venu du monde esclave, ont laissé tous les marchands du temple l’occuper, le défigurer!
Quel juge donnera raison à ton collectif, la partie est perdue d’avance ? Dans ce bâtiment, à l’origine les enfants ont été formés par des frères des écoles chrétiennes, des religieux, des congréganistes, les juges qui sont de vrais républicains, de vrais fils de la séparation de l’Etat et de l’Eglise catholique ne protègeront pas un tel lieu. Aucun ministre de la Culture ne prendra un arrêté épousant ta cause. Tu oses vouloir sauver un bâtiment mettant en valeur le savoir-faire des esclaves, un lieu où ils ont fait la démonstration de leur intérêt pour la culture, c’est impensable ! Tu veux mettre des esclaves en avant, mais enfin !
Frère, dis-moi alors ce qu’il faut protéger ?
Il faut protéger le château de Versailles, la maison Valliamée, le palais Ratenon, voilà ! Ce bâtiment-là, n’a aucune valeur, il ne ressemble à rien, ce n’est pas de l’architecture
Merci frère d’avoir parlé. Maintenant, je sais que tu nous méprises du plus profond de ton cœur, tu méprises les esclaves. De grâce, ne prononce plus le mot esclave désormais. Surtout sois très fier de toi lorsque tous les matins tu te regardes dans une glace.
Tu ne m’auras pas avec ce type d’arguments, je suis bien dans mes baskets, je suis un élu, j’ai ma légitimité, j’ai ma majorité.
Je ne cherche pas à t’émouvoir frère. Mais, que comptes-tu faire de ce lieu, frère, quand tu auras démoli ce qui pour toi est une plaie ?
Tu fais bien de me poser cette question, minus. Je ne démolis rien, moi. Je réhabilite ce bâtiment, je le transforme en un grand restaurant où l’on débite de la bière, des alcools fins, car il faut lutter contre l’alcoolisme, une salle des fêtes, des magasins pour vendre des produits importés des pays de la zone car c’est cela la bonne coopération régionale, c’est ainsi qu’on créera beaucoup d’emplois.
Frère, tu as été très clair. J’ai compris pourquoi le pays est foutu.
Les opinions émises n'engagent que leurs auteurs
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Par arevareva le 3 Février 2013 à 13:48
S.O.S.
extrait de PiGMENTS, Présence Africaine
A ce moment-là seul
comprendrez-vous donc tous
quand leur viendra l'idée
bientôt cette idée leur viendra
de vouloir vous en bouffer du nègre
à la manière d'Hitler
bouffant du juif
sept jours fascistes
sur
sept
A ce moment-là seul
comprendrez-vous donc tous
quand leur supériorité
s'étalera
d'un bout à l'autre de leurs boulevards
et qu'alors
vous les verrez
vraiment tout se permettre
ne plus se contenter de rire avec l'index inquiet
de voir passer un nègre
mais
froidement matraquer
mais
froidement descendre
mais
froidement étendre
mais froidement
matraquer
descendre
étendre
et couper leur sexe aux nègres
pour en faire des bougies pour leurs églises
____
Un petit dernier pour le moment
Un poème pour sûr s’en passe volontiers
mais il s'agit moins de recommencer à dire
le gros mot
le mot sale
le mot défendu
que de continuer à être
contre
la conspiration du silence autour de moi-même
à moi-même imposée
par moi-même admise
Il s'agit moins de recommencer
que de continuer à être
contre
le hara
le musée
la caserne
la chapelle
la doctrine
le mot d'ordre
le mot de passe
Il s'agit moins de recommencer
que de continuer à être
contre
le dressage
le défilé
le concours
le mérite agricole
le quitus
le viatique
le bon point
le pourboire
la médaille
la menterie
le système
la débrouille
le lâchage
le salaire du lâchage
Il s'agit moins de recommencer
que de continuer à être
contre
la restriction
la claustration
la réserve
la résignation
la pudeur fausse
la pitié
la charité
le refoulement
toute honte bue
Il s'agit moins de recommencer
que de continuer à être
contre
la morale occidentale
et son cortège de préceptes
de préconceptions
de présomptions
de prénotions
de prétentions
de préjugés
Il s'agit moins de recommencer
que de continuer à vous refiler ma nausée
continuer à vous surveiller
continuer à ruer
continuer à vous jouer plus d'un air
de ma flûte en tibia de Karia
Karia Rou-la-Gazelle
continuer à vous navrer
vous décevoir
vous désarmer
continuer à souhaiter
que vienne enfin et sonne
continuer à prier pour que vienne et sonne l'heure attendue
*
BLACK-LABEL À BOIRE
pour ne pas changer
Black-Label à boire
à quoi bon changer
LES SIÈCLES PASSÉS ONT VU
les siècles à venir verront
à chaque Crépuscule
sur le fromager hanté
les merles initiés
s'en venir prier
sans gants ni mitaines
prier à genoux
prier en cadence
prier en créole
PIÈ PIÈ PIÈ
priè Bondjé
mon fi
priè Bondjé
Angou ka bouyi
Angou ké bouyi
Pierre Pierre
prie Dieu
mon fiston
prie Dieu
mon fiston
pour que soit fin prêt le maïs en crème
à être savouré
BLACK-LABEL À BOIRE
pour ne pas changer
Black-Label à boire
*
Nous les gueux
Nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les nègres
Nous à qui n'appartient
guère plus même
cette odeur blême
des tristes jours anciens
Nous les gueux
nous les peu
nous les riens
nous les chiens
nous les maigres
nous les nègres
Qu'attendons-nous
les gueux
les peu
les rien
les chiens
les maigres
les nègres
pour jouer aux fous
pisser un coup
tout à l'envi
contre la vie
stupide et bête
qui nous est faite
à nous les gueux
à nous les peu
à nous les rien
à nous les chiens
à nous les maigres
à nous les nègres...
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Par arevareva le 3 Février 2013 à 13:39
Je n’attendais plus rien quand tout est revenu, la fraîcheur des réponses, les anges du cortège, les ombres du passé, les ponts de l’avenir, surtout la joie de voir se tendre la distance. J’aurais toujours voulu aller plus loin, plus haut et plus profond et me défaire du filet qui m’emprisonnait dans ses mailles. Mais quoi, au bout de tous mes mouvements, le temps me ramenait toujours devant la même porte. Sous les feuilles de la forêt, sous les gouttières de la ville, dans les mirages du désert ou dans la campagne immobile, toujours cette porte fermée – ce portrait d’homme au masque moulé sur la mort, l’impasse de toute entreprise. C’est alors que s’est élevé le chant magique dans les méandres des allées.
Les hommes parlent. Les hommes se sont mis à parler et le bonheur s’épanouit à l’aisselle de chaque feuille, au creux de chaque main pleine de dons et d’espérance folle. Si ces hommes parlent d’amour, sur la face du ciel on doit apercevoir des mouvements de traits qui ressemblent à un sourire.
Les chaînes sont tombées, tout est clair, tout est blanc – les nuits lourdes sont soulevées de souffles embaumés, balayées par d’immenses vagues de lumières.
L’avenir est plus près, plus souple, plus tentant.
Et, sur le boulevard qui le lie au présent, un long, un lourd collier de cœurs ardents comme ces fruits de peur qui balisent la nuit à la cime des lampadaires.
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Par arevareva le 31 Janvier 2013 à 13:48
Boris Gamaleya est un poète français né le 18 décembre 1930 à Saint-Louis de La Réunion .Victime de l'ordonnance prise par le Premier ministre Michel Debré en 1960, l'ordonnance Debré, il est contraint de migrer en France métropolitaine et devient enseignant en région parisienne. Il milite alors contre l'instigateur de la mesure devenu député de l'île et contre toutes ses créations suivantes, au premier rang desquelles le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer, qui organise l'émigration des Domiens vers le continent à compter de 1963. De 1963 à 1980, 1 630 enfants ont été envoyés depuis La Réunion dans des départements de métropole en perte de vitesse démographique, cette affaire est connue sous le nom des enfants de la Creuse. Revenu à La Réunion un an avant la publication du Vali et après une grève de la faim, il y lance bientôt une revue engagée appelée Bardzour qui collecte les contes de tradition orale et publie des chroniques sur le créole réunionnais, entre autres choses.
1
Mondo Sono
Pour entendre l'auteur lire ce poème , cliquer sur http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/gamaleya_mondo-sono.html
*
exercice précis
perds-toi en Somnolence
L'aiguille force les ondes courtes jusque dans leurs petits serrés. Elle nasille, fait la grosse mouche énervée (ou la mozarelle râpée) s'emberlificote dans des bouchons de hoquets, tronçonne d'hétéroclites collisions, tombe sur l'Imaginary Landscape n° 4 pour douze postes de radio de John Cage, trébuche, déraille, se reprend . . . Enfin comme un ange qui aurait délaissé la voile du Trisagion pour le parapente, elle descend apaisée et s'arrête subjuguée. Du fond de quelque Circassie, une voix s'élève:
. . . proschaï . . . poïmi . . . prosti . . .
(adieux . . . comprends . . . pardonne . . . )
Bien sûr!
L'étoile de la Sourate peuple les pentes de coqs d'anthologie.
Ne pars pas et que l'œuvre dans son meilleur trait se renouvelle.
............
oi oi
fond halluciné d'un quartier chaud
un rire
et tout se brise
Stridence ondulante d'une vieille canalisation dans la salle de bains d'un lêve-tôt.
Au petit jour, la tondeuse du voisin . . .
Le ciel est clair et pourtant l'esprit glisse sur une pente savonneuse. Et l'aiguille n'a pas tout dit . . . fa sol la do ré fa . . . le papillon dansant redevient chenillette . . . tali-tata . . . au théâtre des étoiles chante encore Nusrat Fateh Ali Khan
____
2
Ombline, ou le volcan à l'envers
Pour entendre cet extrait dit par l'auteur, cliquer sur : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/gamaleya_ombline.html
*
Le récitant :
Enfin, il nous est donné de pouvoir être
tout cela. Une plaine de sable en surplomb
du Cratère. Le vent glacé. Ses voix de fond.
« Pahoé oé o Pahoé oé é ».
Le brouillard monte mystifier les remparts.
Je devine la lune comme un feu où nos souffles
se mélangent. Elle prépare dans son caldère
l'araignée d'or, la mère Kale du temps.
Mais n'allons pas trop vite, liberté,
il manque une lampe à ta fournaise...
Simangavole
Marron va cime vole – ne tirez pas sur la lune –
ne marchons pas trop vite...
Matouté
Une âme pulse à l'horizon – ma mémoire ouvre un
œil – est-ce une île ? une étoile ? Une pointe
d'oiseau...
Le Chœur
... La porte acérée de la nuit !
____
3
Fragment
*
émeutier ruisselant du rire des grenades
du long spasme feuillu des brises saccagées
les conques célèbrent l’adieu du flibustier
ton sang est un envol d’aubes et de jungades
il a éclos le ciel ancien qui te ressemble
annonce millénaire essaim des astéries
où fluent les grands singes de sable et les orphies
une île impure fume au seuil noir de mon temple
prince du matin clair filante javeline
que loue le bleu vali les vierges citronniers
et le spleen du dodo la gloire de l’aimée
car voici qu’ont brouillé les banyans leurs racines
_____________
Note de Dominique Oriata Tron : Le présent blog est la continuation du blog Editions A l'écoute, arrivé à saturation vu qu'au delà de son remplissage actuel le site Blog4ever demande de payer, or je suis endetté à cause de problèmes administratifs artificiellement créés par des fonctionnaires pour qui mes choix de vie menaceraient la civilisation des blancs , ou leurs privilèges . Donc désormais j'archiverai sur arevareva.eklablog.com toutes sortes de textes que j'ai aimé lire , pour les relire, et je les effacerai sur simple demande de l'auteur. Pour des explications détaillées de ces problèmes voire des actions solidaires , consulter d'abord les Editions à l'écoute , hors commerce, telles qu'elles ont rayonné de novembre 2012 à janvier 013 http://oriata.blog4ever.com/blog/index-515069.html Pour mon blog central ART CATALYTIQUE, cliquer sur : http://tronoriatadominique.over-blog.com/ , et pour d'autres poèmes : http://tron.eklablog.com/
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Par arevareva le 31 Janvier 2013 à 10:29
Ce poème et sa traduction sont copiés sur le blog auquel renvoie ce lien à copier coller dans la barre de recherche lien si cela ne s'ouvre pas en cliquant dessus :
http://trianarts.com/jacques-darras-nombrar-namur-3-de-arqueologia-del-agua/
Jacques Darras :
Baudelaire avait vu clair.
Poète c’est désormais moine ou soldat.
Lui choisit retraite au monastère de l’aphasie.
Trop baroque.
Trop jésuitement baroque à son goût sans doute encore pour lui-même.
Pas assez janséniste.
Trop Pascal défroqué.
Trop divisé entre les pôles opposés de sa double postulation.
Le 4 février 1866, à l’église Saint-Loup à Namur, tournant la tête
vers l’étrange plafond sculpté en caissons vermiformes,
Hémiplégie, le pulmonaire explose à la tête.
Hémiplégie et aphasie.
S’effondre Baudelaire et son poème.
S’effondre avec lui la charpente.
La clé de notre poésie.
L’ogivale colonne lui retombe aux vertèbres.
Tassement.
Écrasement.
L’accident de travail n’est remarqué, n’est déclaré par personne.
« Aujourd’hui j’ai senti un singulier avertissement,
J’ai senti passer sur moi le vent de l’aile de l’imbécillité »
Ne quittons plus Namur.
Nous y sommes.Versant poème français exposé au Nord.
A la Germanie.
Versant des catastrophes glaciaires hyperboréennes.
Versant coup d’aile de cygne aléatoire mallarméen.
Guettant avec l’immobilité de Gracq Julien dans sa forêt les armées
romantiques pour lorsqu’elles dévaleront en vagues de sapins
depuis la Thuringe.
Guettant guetteur mélancolique souffle cou coupé.
Guettant à Stavelot avec l’artilleur au nom d’eau minérale.
Guettant le retour d’Arthur le grand quondam et futurus rex.
Guettant son retour par les enluminures orientales de l’ancienne
Meuse.
Divertissant notre attente hémiplégique française.
Avec des frôlements d’aile de l’imbécillité.
Frôlements d’aile de grandes chauves-souris nocturnes qui ont nom la
Parpue, la Darelette, L’Épigrue, la Cartive, la Meige, l’Émeu
avec du pus dans les oreilles, la Courtipliane avec sa démarche
d’eunuque etc.
Frôlantes succions de grands fossiles de poulpes rhétoriqueurs congelés
dans les houillères wallonnes comme d’un conservatoire
d’animaux boschiens faisant la promotion de leur trou buccal ce
trou cylindrique et bordélique foré au forcené dans mon babilaire
foireux d’impénitent babbelaar.___
Bennasar : Figura en rojo
___
“Nombrar Namur”
(Fragmento)
Baudelaire lo había visto claro.
Poeta quiere decir monje o soldado a partir de ahora.
Él escogió el retiro en el monasterio de la afasia.
Demasiado barroco.
Demasiado jesuíticamente barroco para su gusto, incluso para el
suyo.
No lo bastante jansenista.
Demasiado Pascal secularizado.
Demasiada escisión entre los polos opuestos de su doble
postulación.
El 4 de febrero de 1866, en la iglesia de Saint-Loup de Namur,
al alzar la cabeza hacia el extraño techo de artesonado
gusaniforme.
Hemiplegia, lo pulmomar explota en la cabeza.
Hemiplegia y afasia.
Se derrumban Baudelaire y su poema.
Con él se derrumba la armazón.
La llave de nuestra poesía.
La ogival columna le cae sobre las vértebras.
Apisonamiento.
Aplastamiento.
El accidente laboral no es advertido ni denunciado por nadie.
«Hoy he sentido una señal singular,
He sentido en mí el viento del ala de la imbecilidad».
No abandonemos ya Namur.
Aquí estamos.Vertiente de poema francés orientado al Norte.
Hacia Germania.
Vertiente de las catástrofes glaciares hiperbóreas.
Vertiente batir de ala de cisne aleatorio mallarmeano.
Acechando con la inmovilidad de Gracq Julien12 en su bosque a
los ejércitos románticos cuando se desparramen en oleadas
de pinos desde Turingia.
Acechante acechador melancólico aliento cuellicortado.
Acechando Stavelot con el artillero de nombre de agua mineral.
Acechando el regreso de Arturo el grande quondam et futurus rex.
Acechando su regreso a través de las ilustraciones orientales del
viejo Mosa.
Entreteniendo nuestra espera hemiplégica francesa.
Con un frotar de alas de imbecilidad.
Frotar de alas de grandes murciélagos nocturnos que tienen por
nombre la Parpue, la Darelette, L’Épigrue, la Cartive, la
Meige, l’Émeu con pus en las orejas, la Courtipliane con su
caminar de eunuco, etc.
Frotantes succiones de grandes fósiles de pulpos retoricistas
congelados en las hulleras valonas como si se tratase de un
conservatorio de animales boscosos promocionando su
cavidad bucal ese agujero bucal cilíndrico y burdélico
horadado enconadamente en mi chunga balbbuceadora de
balbuciente imppeniteente.Jacques Darras
Versión y edición de Miguel Veyrat
___
Note de Dominique Oriata Tron : Le présent blog est la continuation du blog Editions A l'écoute, arrivé à saturation vu qu'au delà de son remplissage actuel le site Blog4ever demande de payer, or je suis endetté à cause de problèmes administratifs artificiellement créés par des fonctionnaires pour qui mes choix de vie menaceraient la civilisation des blancs . Donc désormais j'archiverai sur arevareva.eklablog.com toutes sortes de textes que j'ai aimé lire , pour les relire, et je les effacerai sur simple demande de l'auteur. Pour des explications détaillées de ces problèmes voire des actions solidaires , consulter d'abord les Editions à l'écoute , hors commerce, telles qu'elles ont rayonné de novembre 2012 à janvier 013 http://oriata.blog4ever.com/blog/index-515069.html Pour mon blog central ART CATALYTIQUE, cliquer sur : http://tronoriatadominique.over-blog.com/ , et pour d'autres poèmes : http://tron.eklablog.com/
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Par arevareva le 31 Janvier 2013 à 09:11
Ce blog est la continuation du blog Editions A l'écoute, arrivé à saturation vu qu'au delà de son remplissage actuel le site Blog4ever demande de payer. Donc j'archiverai sur arevareva.eklablog.com toutes sortes de textes que j'ai aimé lire , pour les relire, et je les effacerai sur simple demande de l'auteur. Pour consulter les Editions à l'écoute , hors commerce, cliquer sur ces mots juste au dessous du titre du blog, ou copier coller dans la barre de recherche http://oriata.blog4ever.com/blog/index-515069.html et pour ART CATALYTIQUE, copier coller : http://tronoriatadominique.over-blog.com/
Nathalie Cougny :
Toucher mes seins,
Serrer ma taille,
Embrasser les matins,
De nos vies qui déraillent.
Vivre le plein de nos vides,
Emplir nos bouches avides,
Fermer les yeux sur l'existant,
Nous livrer à ce contretemps.
Je t'aime pour tout l'amour qu'on ne pourra pas se donner,
Tout ce qu'on aimerait vivre et que le temps a emporté.
Je t'aime pour tout ce qu'on devra délaisser,
Les soupirs, les regrets, l'infini des années.
Je t'aime dans ces instants à protéger,
Enfermant nos corps de cette vérité,
Le manque, terrible poison aux peurs abandonnées,
Dans le lointain de la vie qui a trop espéré.
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Par arevareva le 31 Janvier 2013 à 09:05
Consulter la vidéo du poèmes sur http://bgueit.overblog.com/peuples-de-la-mer
Ce blog est la continuation du blog Editions A l'écoute, arrivé à saturation vu qu'au delà de son remplissage actuel le site Blog4ever demande de payer. Donc j'archiverai sur arevareva.eklablog.com toutes sortes de textes que j'ai aimé lire , pour les relire, et je les effacerai sur simple demande de l'auteur. Pour consulter les anciennes Editions à l'écoute , hors commerce, cliquer sur ces mots juste au dessous du titre du blog, ou copier coller dans la barre de recherche http://oriata.blog4ever.com/blog/index-515069.html et pour ART CATALYTIQUE, copier coller : http://tronoriatadominique.over-blog.com/
Bernard Gueit :
Nous descendons des Dieux.
Peut-être ce souvenir de puissance
Cet orgueil, cet inconnu aussi en nous
qui nous pousse en avant
Nous cherchons à comprendre ce petit bout d'étoile fêlé au coin du front
Nous sommes les peuples de la mer
habitués à nous battre avec l'écume
la parole des vents
à aimer les très grands poissons
Nous portons le souvenir de l'eau au front
un très vieil hippocampe,
une pieuvre au regard vert
Nous nous sommes apprivoisés tout seul
Qui nous l'aurait appris ?
dans la douceur des vagues
ce très ancien remue-ménage au fond des eaux
Nous en faisons une maison de voyage
et nous voguons toujours vers l'Ouest
comme pour fuir notre naissance
ou faire le tour de nous-mêmes, de bout en bout,
Voguons !
Nous commençons seulement
à parler
par nous mêmes
et pour nous-mêmes
Nous nous faisons peur
avec ces mots pas encore à nous
ces bruits du coeur
ces images remplies de sang
Un jour
nous passerons sous la lumière
et nous vaincrons
les taureaux d'ombre
Un jour les étoiles
se rapprocheront de nous
à nous toucher
dans leurs bras bleus scintillants
Nous commençons seulement
à compter les jours
qui nous séparent du début
et nous rapprochent de la fin
Alphabet nous avons écrit
sur les murs
des chants sacrés des paroles funèbres
Nous avons porté nos morts
à bout de bras jusqu'à l'éternité
l'éternité du désert
où le temps ne passe plus
qu'à dos de chameau parfois
Où le vent charrie nos souvenirs si anciens
qu'ils retombent en poussière
Survivent les images
dans nos livres de pierre
de reines si belles et si mystérieuses
retournées à leur paradis en secret
On les croise parfois encore en rêve
quand elles rêvent de leur terre de sable
Alphabet tu montes au ciel
et en redescends aussitôt les mains vides
Alphabet le début du monde
balbutié par un enfant
abandonné sur le Nil
Le fleuve cette fracture qui s'écoule
Le fleuve et sa présence humaine du fond des âges
Le fleuve et son âme dorée dans les remous
Le fleuve et ses bonds dans les roseaux
Le fleuve au ressac intérieur
à la houle souterraine
Le fleuve qui parle comme un homme en crue
Le fleuve et son discours impétueux
sa parole généreuse
Le fleuve noyé dans ses pensées
Le fleuve et ses débordements de larmes
ses émotions incontrôlées
ses éclats de voix ses écailles de lumière
Le fleuve à la gaieté jaillissante parfois
sa cour d'oiseaux
ses poissons sages pêchés sous l'arc-en-ciel
Le fleuve dans l'éternelle jeunesse du fleuve
l'eau de l'instant vers l'océan éternel
Les rivières meurent parfois dans la gorge
jamais les fleuves
aiguisés par le puissant aimant de la mer
Les fleuves aux joues d'algues vertes
creusées sous les yeux des berges
Les fleuves et leur lit d'impatience sous la lune
Désormais Dieu est parmi nous
un morceau de notre coeur
une étoile de mer échouée dans nos corps translucides
et sa parole est de corail
Désormais il faudra justifier toutes les guerres
et la durée du travail
Petite fourmi en exil
tu comptes les grains de sable
tu voudrais déplacer les montagnes
ne compte que sur ta voix
Derrière la cigale et son souffle
petite fourmi qui s'essouffle
ton drapeau est celui des sans voix
Quels cris derrière la montagne ?
Où sont les combats, les coqs, les armées ?
Dans quel lit s'établissent les présages ?
L'histoire est à vos pieds
comme un loup docile
Elle mord dans le futur de vos doigts
et dévore vos projets
Un loup immense couché dans son ombre
qui prédit l'avenir
en hurlant à la lune
Le ciel est à ce point saturé d'images, celle du loup historique couché dans son ombre, celle des étoiles en fuite à la pointe du jour, celle des entrailles, celle des femmes tziganes, celle des guitares en feu près des roulottes, celle des pleurs crépitant dans la braise, celle des miroirs, celle des chevaux fumants noirs sous la pluie, celle des musiques qui tanguent doucement, celle des chants murmurés bas en rythme, psalmodiés dans le vent, accompagnés des vagues, O Marins, O Sirènes, O Nous tous égarés.
Les éphémères se serrent l'un contre l'autre. Même le vent hésite à briser cette image. La poésie a des images réelles, des rochers posés devant la mer, depuis des siècles.
Des siècles qui apprennent la patience et les langues étrangères de marins perdus dans les tempêtes. Les éphémères se serrent l'un contre l'autre, leur peau exulte une histoire tragique, Frères et soeurs punis des Dieux, sous le soleil de la vie.
Les éphémères se serrent l'un contre l'autre, même le temps ne peut rien contre cette image, cette force intime, cette tendre résolution, cette clarté des évidences...
Les éphémères se tiennent par la main pour des milliers d'années. Partis d'eux mêmes, du fond du coeur, ils s'arrachent aux temps immémoriaux, à la colline, aux rochers, à la mer, au souvenir de leur naissance, à leur superstition.
Ils prennent connaissance et conscience d'eux-mêmes
Ils se mettent à rêver debout
à parler aux arbres
à peindre pour leurs descendants
De la peur ils ne retiennent que la course en avant
De la tempête ils écrivent la voile
De la condamnation, ils expriment le sursaut
De la nuit, ils ne reconnaissent que l'amour...
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Par arevareva le 2 Août 2011 à 19:53
Pour lui, l'art, la psychanalyse, la philosophie, les chansons d'amour, l'opéra, ça n'existe pas.
Papa est un atrophié de l'inconscient. Il dit n'avoir jamais rêvé de toute sa vie.
Papa est un handicapé sentimental. Il a été opéré du coeur il y a quelques années. Ca prouve que dans sa poitrine il y a quelque chose qui bat.
Papa est un piètre amant. Il a cessé d'embrasser ma mère quand elle est tombée enceinte de moi. Ensuite, il lui a encore fait trois enfants.
Papa est un intégriste. S'il prend l'autoroute dans le mauvais sens, il pense que c'est les autres qui se trompent.
Papa est raciste. L'aîné de mes frères a épousé une fille "noire comme la poix".
Papa est d'extrême-droite. Une autre de mes frères a épousé une CGTiste.
Papa mettrait en prison tous les sans domicile fixe. Il enverrait tous les artistes aux travaux forcés. Mon plus jeune frère est un jongleur de rue.
Papa trouve que la décadence du monde occidental vient du fait que les femmes travaillent.
Papa dit "soyez vous-même". Mais si vous-même, c'est un con ?
Papa, c'est Mister No. Il n'a jamais vu un film de Nanni Moretti. Pourquoi regarderait-il un film de quelqu'un qu'il n'aime pas?
Papa ne s'aperçoit pas quand il a froid. S'il pleut, il ne prend ni parapluie ni imperméable. Imperméable, c'est lui qui l'est.
Quand il était jeune, papa avait une tête d'acteur. Quand il était jeune, papa était un sprinteur.
Maman avait 16 ans quand elle l'a connu. Elle l'a quitté plein de fois. Papa a quand même réussi à l'épouser. Papa était obstiné.
Papa était riche. Entre 50 et 60 ans, il a tout dilapidé. Il ne voulait pas qu'on profite de ses sous.
Papa me lançait en l'air quand j'étais bébé.
Papa m'a tapé dessus jusqu'à 16 ans. Je suis partie de chez moi et je suis venue habiter à Paris.
Papa va mourir cet automne, ont dit les médecins. Peut-être qu'après, je me trouverai un fiancé.
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copyright Simonetta Greggio
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