Joubert JOSEPH :
Préface de D.O.Tron aux 15 POEMES POUR UN MILLION D' ETREINTES de Joubert JOSEPH :
Haïti, île de rêve ou île de cauchemar ? Les deux sans doute, l'île a deux faces comme toute notre planète et cette espèce humaine qui y prolifère. Haïti île fertile en poètes, en peintres, en musiciens, comme pour conjurer les malédictions des séismes , des corruptions, des esclavagismes, de la déforestation.
Parmi ces inspirés , Joubert JOSEPH. On connaissait Joseph JOUBERT, qui ne publia rien de son vivant mais que son ami Chateaubriand fit lire après son décès . Mais voilà que s'est levée une nouvelle semence d'étoile dans la galaxie des poètes des Caraïbes , de Corse et de Navarre où scintillent les proférations de Davertige, Metellus, Christian Présent, Raynaldo Pierre-Louis, Claude Sterlin-Rozema ,Patrick Quillier, Françoise Roy, Jay Cee , Dominique Ottavi, Bernard Gueit et bien d'autres en convergence catalytique d'affinité et de conscience.
Cette nouvelle étoile en gestation se prénomme Joubert , son nom de famille est JOSEPH. Le yogi Taimni affirmait naguère que les âmes libérées des illusions matérielles de l'incarnation deviennent des semences d'étoiles. Je dirai que le poète, dès qu'il cesse d'être polarisé par son narcissisme et l'approbation mondaine, se joint à cette procession où l'identité animale et sociologique peut se transformer en celle d'un astre naissant .
Afin de conjurer le mauvais sort de l'Histoire présente de l'humanité et de ses turpitudes, j'ai perpétué sur le net la HORDE CATALYTIQUE POUR LA FIN DE L'ANTHROPOPHAGIE, le groupe artistique mythique qui m'avait fait chaman à 20 ans sans jamais m'écouter en profondeur , et c'est sur les pages de cette Horde que je vis un jour atterrir les poèmes de Joubert JOSEPH . Il joignait alors ses révoltes à celle des autres membres du groupe . C'est qu'il ne manque pas dans la société humaine de motifs de se désoler , de se trouver seul, poubellisé , privé de fertilité matérielle ....
Puis le jeune poète guitariste se transforma en chantre hédoniste de l'amour et de la sensualité :''Ton ombre est une tente /Là ou tous les flâneurs /Veulent venir se cacher /Pour que le soleil de la misère ne les éclaire pas ''
Désormais ses poèmes devinrent des chambres d'enregistrement de ses idylles, et ses rencontres intimes avec la Femme se révélèrent des voies d'accès au livre extatique de l'Univers :'' Tu étais si belle/avec la nuit/dans tes yeux/les étoiles éparpillées/sur ton visage''. C'est à la femme idolâtrée qu'il confie le soin de lui révéler le secret de sa transmutation cosmique : ''Fais moi parler la langue des étoiles'' . Et c'est par l'érotisme que le poète cherche à guérir de son mal-être :''J'ai soif d'un baiser humide/Pour cicatriser les blessures de la solitude''
Les poèmes de Joubert JOSEPH deviennent alors des stèles mémorielles d'une sexualité enivrée et explicite, comme s'il voulait perpétuer le présent des étreintes après leur épuisement, sans doute pour mieux les retrouver ... Il célèbre la femme , ses caresses, ses gémissements, et jusqu'à ses poils ...
Cette exaltation contagieuse de la fusion amoureuse aurait-elle rendu aveugle le poète sur le désastre de la condition humaine? Non, il s'agirait plutôt , à l'échelle individuelle, d'une tentative d'exorcisme , tant nous ne pouvons compter que sur notre propre conscience et nos propres élans pour rendre la planète un peu vivable . Il reste lucide sur les limites de l'identité charnelle : ''Faut il revenir vers toi /pour goûter encore/à la méchanceté inconsciente/de tes 20 ans ?'', ou encore : ''Mais faut il revenir/dans ton enfer/avec des blessures/aux entrailles ?''
Le poète ne peut échapper à la problématique existentielle de nos incarnations humaines, où sur le plan matériel, jouissances et douleurs semblent corollaires. L'amour physique parait alors ne pouvoir fournir que des indices, des reflets de la règle du Jeu de l'Amour Cosmique : '' Je suis en quête d'une métaphore/dans la densité/de ton sein gauche.''
C'est ainsi que la poésie se transforme en une tentative de magie bienveillante ,en un artisanat alchimique inspiré par un ange gardien ,sorte d'antidote aux sorcelleries criminelles qui flattent et vampirisent les égos : '' J'entends une voix lointaine disant/''ce pays est un devoir à rédiger''
Et c'est par ce rayonnement spirituel où la dignité se conquiert par l'humilité d'un perpétuel apprentissage que le poète peut déchiffrer dans la présence de la femme une ''signature des étoiles '' et la lui révéler, et qu'il peut affirmer : ''Je porte en moi/une pétition à signer/avec les doigts de l'invisible''.
Dominique Oriata TRON
docteur ès Etudes Théàtrales de l'Université de Paris
La préface ci dessus a été dactylographiée le 1er septembre 2015 sur l'île Aimeho (appelée aussi Moorea), dans l'Océan Pacifique. Par ailleurs le recueil de Joubert JOSEPH, qui en détient le copyright, n'est pas le choix des quelques poèmes déjà publiés dans Arevareva. Il s'agit d'un nouvel ouvrage , et nous mentionnerons comment il sera disponible dès que l'auteur le rendra public.