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Rhissa Rhossey : Je n'oublierai jamais , et autres poèmes

timia

 

Pour la poésie touarègue en français et en tifinagh, cliquer sur :

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et Rhissa Rhossey

"Jour et Nuit, Sable et Sang, poèmes sahariens »

Éditions Transbordeurs

 

 

Numériser0031 (2)

 

 

*

 

Nomades

 

Hier encore

Ils comptaient les étoiles

Ils avaient tout le temps

Et tout l'espace 

Solitaires et libres

N'écoutant que l'écho 

De leur voix

 

Aujourd'hui 

Contrariés

Leur lourd voile

Obstrue leur regard

Et ils ne peuvent compter les étoiles

Pourtant encore ils rêvent

Leurs rêves lumineux

Comme la voie lactée

Est en suspens dans le chant

Des canons.

 

Leur mouvement pris en otage

Dans le filet des frontières

Héritier d'une époque

Sans gloire

Les fils du vent et des étoiles

Font du Silence et de l'oubli

Leur triste mélodie

*

Prière d'un bouzou

 

Le charbon sort de chez moi 

Mais je suis dans les ténèbres 

L'Uranium sort de chez moi 

Mais je suis pauvre. 

L'Aïr est une immense nappe phréatique 

Mais j'ai soif. 

Chez moi, il y a d'immenses

Plaines fertiles ... inexploitées. 

Chez moi il y a deux axes routiers :

Celui qui Exporte l'Uranium

Et celui qui Exploite le Charbon. 

Et vous voudriez que je me taise 

De toute façon je me tais 

Puisque je suis en majorité Analphabète 

Et patati patata 

Que les bavards se taisent 

Que les braves meurent

Et que les lâches coopèrent 

Pour la pérennité du système 

Des loups. 

 

Amen!

*

Souvenir

 

 

 

Je me souviens

D'un jour et d'une nuit 

D'un jour de soleil 

D'une nuit de glace

Un souvenir de lutte 

En ce temps-là 

Mon passé entier 

Était deux fois dix ans!

Mon avenir: : l'Éternité 

Ou l'instant suivant 

Parce que j'avais vingt ans J

E voulais changer le monde 

Le modeler à ma guise 

Le façonner à mon goût 

C'est tout 

J'avais lu un livre Vert

Et un autre Rouge 

Et beaucoup d'autres

De toutes les couleurs 

D'ailleurs 

Tout cela est beau 

Mais trop confus 

J'avais besoin d'une chose : 

La LIBERTÉ 

Cela au moins était clair

Ironie du sort

Un jour ils m'ont pris 

De ma maison 

À leur prison

Ça n'a pas été long 

*

Tam-tam

 

C'est la nuit profonde 

Et le tam-tam gronde

Il gronde 

Très fort

Encore baraqués

Devant les tentes

Chameaux et chameliers

S'impatientent

Car longue est l'attente.

 

C'est la nuit profonde

Et le tam-tam gronde

Il gronde

Très fort

Il appelle ceux des vallées

Et ceux des plaines

Il les appelle tous

A la grande fête.

 

C'est la nuit profonde

Et le tam-tam gronde

Tourbillon de poussière

Et vertige des âmes

Cadence des corps

Hommes et bêtes

Réconciliés

Par le tam-tam

Tournoient

Et tournoient encore.

 

C'est la nuit profonde

Et le tam-tam gronde

TENDEN Goumaten

Entraîne tout

Dans sa fureur

Elle viole les âmes

Les perce, les envole

Rien que déchaînement

Désordre, folie

Les mots délivrés d'eux-mêmes 

Epousent la fuite

Des gestes

Dans l'espace

Nocturne

 

C'est la nuit profonde

Et le tam-tam gronde 

Par la magie l'IRREEL

Côtoie le Réel

Le vrai et le faux se confondent.

*

Ténéré

 

 

Terre ancestrale 

Terre mythique 

Terre magique

Terre nombril de la terre 

On te dit cruelle 

Moi, je te dis maternelle 

Non, je ne dirai jamais 

Les secrets de ton lait

Mère, la manne de tes mamelles 

Mais je dirai la magie 

Ta magie 

D'ensemencer la vie 

Dans le vide 

Tes dunes 

Ne sont pas des ras de sable sans vie

Tes dunes sont vivantes

Vivante ta lune 

Ton silence n'est pas un gouffre 

Mais clémence pour qui souffre 

Et qui s'interroge

Sur cette nature que l'on s'arroge

 

*

TENERE 

 

Terre de méditation 

Terre de création 

Terre d' artistes 

Terre ÉTERNELLE

L'Homme est peintre

Sur pierre 

La femme est mannequin

Le jour lumière 

La nuit poète 

Le vent ciseleur

Sur marbre 

 

 

TENERE 

Tes enfants ne sont pas

Des marionnettes

Qu'on exhibe pour théâtre 

A quatre sous 

Ce sont des caravaniers 

Qui tissent la fraternité 

Ce sont de grands artisans 

De l'Unité 

 

 

TENERE 

N'est-ce pas encore 

Ta magie 

Cette nostalgie 

Qui toujours ramène à toi 

Les Hommes de toutes les fois 

Ta loi étant Ie toit 

De l'Univers?

Mer autrefois 

Paradis ou Enfer Demain? 

Qui dira le mystère ?

*

Thingalène

 

 

Salut THINGALÈNE

Remparts où butent

Toutes les basses volontés 

Tour au sommet 

Réservée aux âmes pures 

Tu es mon ARC DE TRIOMPHE

Monument divin 

Tu es pétri de la pierre 

De la pierre pure et dure

Larmes de feu 

Vomissures des sables 

Ou pilier de la terre 

Dis-moi montagne qui es-tu 

Vestige des hommes de prestige 

Sommet aux grandeurs de vertiges 

Kaocen et Dayak t'ont habité 

Jamais je ne cesserai de te chanter 

*

Imbroglio

 

 

Les jours passent 

Les braves trépassent

La résistance s'effiloche

Et dans mon cœur 

Le désenchantement 

Va de sa pioche 

Dans chaque vallée

Sur chaque colline 

Chacun crie sa tribu 

Et revendique déjà 

Son lopin de terre

Celui-là dénonce son frère 

Cet autre tue son père 

'Oh ! Frère d'ÉGUIGUlRE 

Oh ! Compagnon de TAZIRZlT

Étaient-ce les paroles prophétiques 

Qui se réalisent ? 

La révolution est conçue par les savants

Les braves y meurent

Et les lâches en profitent 

Qu'en penses-tu RABITINE ?

INZAD trouve-t-il toujours écho

Aux oreilles de ceux de l'épée? 

*

PRIERE

 

Seigneur 

Les charognes et les mangeurs de boue

Ont prostitué L'esprit du souffle 

Ils ont péché contre 

La pureté originelle du souffle 

Oh qu'il était grand 

Jadis le souffle

Quand il fusionnait les cœurs

Dans un même brasier d'espoir

Et subitement petit et vil Le souffle 

Quand il dressait Frères contre frères

Pour un grain de riz 

Et un océan de mensonges 

Oh Seigneur 

Ne leur pardonne point 

Ceux-là qui ont falsifié 

L'esprit du souffle 

Par leurs ventres qui ne remplissent jamais. 

Par leurs regards qui percent les mystère

Par leurs bouches qui disent plus 

Qu'il ne faut dire 

Oui ! Je les renie 

*

Je n'oublierai jamais

 

 

Je n'oublierai jamais

Un enfant de l'AÏR 

Qui mourut un soir

De grande gloire 

Un jeune homme du terroir 

Qui parlait le langage

De la terre 

Partout il semait des étoiles 

Aux enfants il parlait d'école 

Aux femmes de machines à coudre

Aux hommes de chantiers 

De grands champs de blé

Aux jeunes de son âge 

Dans son langage sans nuage

Il ordonne la résistance 

Jusqu'au bout du souffle 

La lutte et le sacrifice 

Marquèrent en lettres immuables 

Son éphémère passage sur la terre

Étrange prophète de l'amour et du travail 

Qui arrosa de son sang

Ses rêves innocents

Et nourrit de son corps 

La glaise maternelle 

Pour l'éternité 

 

Il mourut un soir 

Le cœur plein d' espoir. 

Au milieu des cris et du vacarme

En démontant le tambour-major

D'une fête barbare 

Où le sang coulait à flots

Rougissant encore plus l'aurore

Où la chair valsait avec le fer

Où le feu déchirait l'aube

 

Les années ont passé

Le Martyr demeure

Si vous voulez le sentir

Allez à TIMIA 

Quand l'oasis sort de de son sommeil

Comme une coquille qui s'ouvre

Sur sa perle du matin

Offrant sa beauté à L'Espoir

D'un jour naissant

Là au milieu des jardins

Dans les sables 

Ou sur les montagne 

Il est dans chaque grenadier

Dans chaque dattier

Dans chaque barrement d'ailes

Il fait partie du paysage

Comme la cascade

Comme l'humus qui nourrit la fange

Comme le chant des petites bergères

Qui perce les nuages 

 

Si vous voulez le sentir 

Allez à TIGGUIDA

*

La Résistance était en moi

 

 

 

Il fut un temps j'ai porté la résistance 

Au plus profond de mes fibres 

Elle était dans mon sang 

Elle était dans mes larmes

Elle était dans ma sueur 

Elle était ma moelle épinière 

La résistance était mon souffle

Elle était les pulsations mêmes de mon pouls 

Elle était en chaque atome de mon corps 

La résistance était en moi 

Elle était dans mes nerfs 

Et dans mes muscles 

*

Lecture

 

 

À la lumière jaune 

De ta lampe-tempête 

Tu t'éclaires 

Le soir quand 

Tout repose 

Et que le village

Retrouve son âme 

Dans le sillage 

De la nuit 

 

Couché à plat ventre 

Courbé sut ton livre 

La face éclaboussée de lumière jaune 

Tu déchiffres l'écriture 

Qui déjà t'appelle à l'aventure 

Énigmatique des temps 

Futurs 

 

Et puis la nuit s'éveille

*

Les mots

 

 

Les mots ! 

Ils sont dociles 

Doux et charmants 

Ils vous suivent partout 

Tout au long des chemins 

Et vous font tout dire

 

Il faut beaucoup de patience 

Pour les apprivoiser 

Surtout quand ils sont d'une autre race 

Il suffit d'un rien pour les effaroucher 

Je crois qu'ils n'aiment pas le bruit 

Et préfèrent la solitude 

 

Ils sont omnivores 

Ils se nourrissent d'un grain de joie 

D'un grain de douleur 

Ils boivent l'eau des océans, des mers 

Et même des petits ruisseaux 

 

Le poète est leur berger

Il les compte et recompte chaque soir 

Quand le silence descend sur la terre 

Pourvu qu'ils soient au rendez-vous 

Il y a des mots.. Blancs d'innocence

Gais comme des agneaux 

Il y en a des Noirs comme des corbeaux

Amers comme des bourreaux

Et d'autres tristes comme des tombeaux 

Ce sont là des mots douleurs

Et moi pour les exorciser je veux 

Des mots volcans 

Laves fumantes de vérité 

Des mots tempêtes 

Désarçonnant des remparts de préjugés 

Des mots brasiers 

 

Ce sont de grandes chevauchées

Des mots inapprivoisés 

Des mots débridés 

Qu'il me faut 

Ce sont des mots indisciplinés 

Des mots sans limite

Des mots sans entrave 

Des mots sans papier

Des mots "viole-frontière qu'il me faut

Des mots nomades-sans-escale 

 

Il me faut des mots boucliers

Des mots rebelles 

Des mots pilonne-caserne 

Des mots mine-Cubli 

Des mots roquettes-mépris 

Je veux des mots [eux follets Je veux des mots feux follets

Je veux des mots fous

Des mots, des mots furieux 

Des mots Forts

*

Les Sept

 

 

Ils sont Sept 

Sept 

Un chiffre étrange 

Étrange et mystique 

Sept 

Emportés du fin fond 

De la nuit 

Vers où 

Par où 

Sept hommes 

emportés 

disparus 

Pourquoi 

Pour qui 

Ils sont sept 

Je pose sept fois 

La même question

 

TAMGAK 

TAGUIRERTE 

TINZAWATENE 

Ou TAIKARENE 

Montagnes majestueuses de mon bled 

Ô rochers mystérieux 

Et silencieux 

N’avez-vous rien vu passer 

AQMI Français ou Américains 

De grâce 

Allez-y ailleurs 

Porter vos conflits 

Nos enfants en ont assez 

Assez du chant des canons 

*

Hommage à Aimé Césaire

 

Le silence du Tambour-major

 

Jeudi 16 avril 2008 

Au bout du petit matin... 

L'immensité du désastre 

L'humanité retient son souffle 

Des larmes sur les cinq continents 

Les océans stagnent 

Les fleuves suspendent leurs cours 

Tambours, koras et balafons 

Ravalent leurs sons 

Les rois des forêts, savanes et déserts 

Retiennent leurs gestes 

Qui se figent 

Et même les oiseaux au fond du ciel 

Immobilisent leur envol 

Les chiens se taisent ...

La tragédie des rois... 

La tempête sanglote, 

LUMUMBA tourne dans sa tombe 

Un Nègre 

Un très grand Nègre 

Se retire 

Un poing ferme et dur 

Un poing de fraternité et de dignité 

S'en va 

Mais la Révolte 

La Révolte demeure 

Aimé Césaire

*

 

A l'abri de leur regard

 

 

Les étoiles peuvent pâlir 

Le soleil s'éclipser 

Mon âme toujours s'éclaire 

De sa lumière éternelle. 

Je sais qu'ils titubent encore 

Dans la nuit. 

Ils tâtonnent hélas 

Mais leurs mains sèches

Ne caressent que des rêves morts. 

Croyant meilleur leur sort 

Ils ont tous abdiqué 

Seigneur sauve-les de la nuit 

La nuit douloureuse et sans fin 

Qui entrave le mouvement 

Qui aveugle le regard 

Qui alourdit la langue 

Cette nuit oppressante 

Qui nous emportera tous Inéluctablement 

Si nous ne fusionnons pas 

Nos lumières éternelles 

Qui palpitent secrètes 

Au fond de nous 

À l'abri de leur regard. 

*

Ashamor

 

Seul

Il n'a pas de toit

A ses yeux

Pas de lois qui tiennent

Devant lui l'impossible recule

Il recule chaque jour un peu plus

Il n'est rien

Il a tout

De la vie en attendant le meilleur

Il prend le pire

 

Magicien de Génie

De ces rêves, il fait des réalités

*

AÏR

 

Pour Aboubé

 

 

Au bout du monde 

L'AIR 

Chez moi, 

Il y a plein de vallées 

Peuplées de jardiniers 

Au salut facile 

Plein de plaines 

Aux noms de femmes

Des montagnes 

Aux écritures oubliées.

 

Dans ce pays 

Il n'y a pas toujours 

De quoi se vêtir 

Mais le cœur y est 

Chaud à l'amour

 

Très souvent 

Le ventre y est vide 

Le cœur ramassé 

Pour s'y amuser Il suffit d'une peau de chèvre 

D'un mortier de bois 

Quelques belles 

Et la fête commence 

Les fêtes balancent 

Et cadencent

 

Ce pays est beau 

Et pour les yeux 

Et pour le cœur

 

 

 

*

Au magicien de la boue

A Mousa Abou,architecte touareg

 

 

Enfant du terroir 

Véritable fils de la glaise 

Que de la fange 

Tes doigts d'ange 

Nous érigent des cités 

Où il fera bon vivre

La terre du Sahel 

Craquelée et assoiffée 

Devient matière première

Entre tes mains de magicien 

 

Fertilise-la 

Cette terre d'abandon 

Et dis-nous le secret de la création

Érige-nous des villes

Des villes saines 

Des villes sans exclusion 

Des villes sans bidonville 

Oui, des cités sereines 

Accordées à l'espace

À l'air, à l'eau À la vie 

 

Fils des tentes 

Flottantes 

À tous les vents 

Qui saurait 

Mieux que toi

Donner un abri

Aux sans-abri 

Qui disputent 

Aux rats 

Le rez-de-chaussée? 

Architecte aux doigts d'or

Enracine-nous à la terre 

*

Blessure

 

Vendredi 28 août 1992 

Un jour macabre s'est levé 

Sur la cité au Minaret millénaire 

Comme un fleuve en crue 

La haine a déferlé

La haine Nue 

Sauvage 

Tumultueuse 

Une meute désemparée 

Sans chef ni subordonné 

S'est ruée vers la ville 

La ville innocente et docile. 

Alors commença la danse barbare 

Des proies faciles 

Maison par maison 

La horde écumait la ville 

Mettait dans ses fourgons 

Des civils innocents. 

La peur s'installait 

Les miens traqués

Rasaient les murs.

Partout on arrête 

On torture sans murmure 

Sous des yeux douloureusement 

Indifférents

Exultant, applaudissant le carnage

Le deuil s'installait 

La douleur incommensurable.

 

Dans les gares 

Sur les routes 

Dans les rues

Et jusqu'au fond des case

Sinistrement silencieuses 

Ils arrêtent les miens 

Tous les miens 

Tapis à l 'ombre de la terreur

Les miens entassés 

Dans la honte 

Dans la sueur 

Dans les larmes.

Les miens Au creux des cellules sordides

Puantes

Puantes de mille pourritures...

 

 

Oh Seigneur! De quel Répondaient les miens !

Pourquoi endossent-ils les péchés

De tout l'univers ? 

Le fils et le père enchaînés

À la même chaîne de la honte.

Les frères rampant dans la sueur et le sang 

Sous les caresses cruelles

Des lumières brûlantes. 

 

Seules les femmes 

Debout dans la tourmente 

Le poing dur

L'insulte à la bouche

*

Chant funèbre pour Mano Dayak

 

 

Tu n'est plus

Et mes larmes ne tariront plus 

Ton sang, ton corps et tes os 

Sont à jamais mêlés à ces sables que tu as

tant aimés

Es-tu mort au-dessus de CHIRIET aux dunes 

dorées 

Ou en amont de TAMGAK qui rime avec ta 

lutte ? 

Sont-ce les terres maternelles de TEMET qui 

te retiennent 

Qui te réclament pour l'Éternité ? 

Le désert est FIDÈLE 

Comme tu l'as porté à bout de bras, au 

bout du monde 

Le TÉNÉRÉ te porte désormais en son sein 

Pour toujours ton ÂME aura la clarté de ses 

dunes 

Et ta MÉMOIRE la grandeur de ses montagnes 

Ta mère est deuil, et tu es le Fils de

toutes les mères 

Ton père est en deuil, et tu es le Fils de tous

les pères 

Ton frère est en deuil, et tu es le Frère de

TOUS les HOMMES, 

GRAND GUIDE 

La caravane est au bout de l'étape 

Et la SOURCE annoncée n'est pas loin 

Dans la nuit sans étoile et par la tempête 

Tu nous as menés et à présent 

REPOSE-TOI EN PAIX 

*

Foule

 

 

Foule, Foule 

Je t'aime dans ton docile 

Mouvement 

Dans ton harmonie 

Dans ta cohérence 

Foule, Foule 

Fais corps avec mon corps 

Fais de mon âme Ton Esprit 

 

 

Foule, je te crains 

Dans ta folie 

Quand Furieuse

Tu foules du pied 

Ce que tu as construit 

Foule, Foule 

Tu es belle 

Quand tu foules la tyrannie 

 

Foule 

Tu es à l'image 

De l'homme 

Insaisissable

Dans ton élan 

Imprévisible 

Dans ton surgissement 

 

Foule 

Tu es femme 

Quand tu aimes

Et l'Amour 

Coule

De tes mains 

De tes yeux 

De ton cri 

 

Foule 

De tous les continents 

De toutes les couleurs 

J'aimerai toujours 

Voir s'écraser

À la face des tyrans 

Ton cri

Mon cri 

Ton poing 

Mon poing 

 

Foule, fais foule avec mes Rêves 

*

Poème pour célébrer la paix

 

 

Nigériens, mes frères 

Quelle est donc cette brise 

Qui souffle sur la terre 

Du Moro Naba 

Ce vent si frais gui souffle 

Du pays des « hommes intégrés » 

Ce vent aux relents de paix ? 

Oh patrie 

Patrie aimée 

Patrie mienne 

Rectifie ta marche

Va droit sur le chemin 

De la paix et de ]'amour 

À la haine, à la violence 

Fais volte-face pour toujours 

PAIX 

 

PAIX sur toutes les races de chagrins 

Tant de vallées ont baigné dans le sang 

Tant de koris où ne coulent plus

Que des larmes 

Tant de morts sans nom 

Tant de haine dans les coeurs 

Tant de chaînes sans raison 

Tant d'innocents dans les fournaises 

Des prisons 

Souviens-toi PATRIE 

Oh PATRIE 

Des fuites éperdues des familles traquées

Ah ! Les songes inachevés 

Des nuits saturées de mensonges ! 

 

PAIX

Paix pour l'âme de mes morts 

Pour les blessés dans leur corps 

Pour les blessés dans leur coeur 

Pour les mutilés 

Pour les déportés 

Pour les prisonniers 

Pour les exilés 

Pour les égarés

Pour tous, PAIX et espoir

Oh Patrie regarde

Regarde autour de toi 

Ce monde sans loi 

Ce monde qui brûle 

Qui hurle, hurle, hurle 

J'ai dit : Libéria Taylor la mort ! Taylor la torture ! 

 

Horreur ! 

Les longues files

Des orphelins et veuves qui enfilent 

Les labyrinthes inhospitaliers des exils 

J'ai dit : Burundi ! 

Ces frères qui s'entre-déchirent!

*

POURTANT

 

Au coin d'un lopin 

De terre oublié 

Je feuillette 

Des rêves morts 

Éclaboussés de nuit 

 

Il n'y avait pas d'oiseau 

Pas d'arbre 

Pas même un brin d'herbe 

Tout est triste 

Et désolé 

 

Pourtant 

De mon talon nu 

La source est née 

Et mes rêves s'animèrent 

 

Le jour fut 

Il y eut plein d'oiseaux

Beaucoup d'arbres 

Et plein d'herbe 

 

Tout est beau 

Et charmant 

Quand le jour s'élève !

*

Pas de nom

 

Mon frère d'outre-mer

Surtout pas de nom

Je ne suis pas le fils 

Du vent et des nuages

Je suis le fils de la fange

De la fange stérile et rouge

Sables, montagnes et pierres

Je suis le fils de la terre

Maternelle

Silence, oubli, mépris

Je suis l'enfant des douleurs

Éternelles

Non, frère, je ne suis pas

Je ne suis plus

Le Seigneur du désert 

Mais l'esclave 

Des horizons nus

*

Para nymphe pour un muselé

Pour Mamana Abou, directeur du journal «le Républicain», éd

 

 

 

 

Ils l'ont encore arrêté 

Mon pote

Pour la énième fois

Décidément tu n'as pas la cote 

Oui ta salive est sabre 

De canon contre leurs mensonges 

Ton encre acide qui dévoile 

La toile mesquine de leur supercherie 

Rappelle-toi mon pote 

Hier c'était le feu 

Ils ont brûlé Le Républicain. 

Naïfs, ils ont bastonné pour faire 

Taire la conscience 

Aujourd'hui ils bâillonnent 

Ils bâillonnent la grande gueule 

Ou la grande plume 

Oui la conscience éclairée de 

La presse nigérienne, j'ai dit :

Mamane Abou !

Et je vois le pays entier debout 

Debout dans les rues pour dire NON !

.Libérez-le, il n'a fait que DÉNONCER 

Libérez-le, il n'a fait qu' ÉCRIRE

Libérez-le, il n'a fait que DÉVOILE

Dé-voi-lé ! 

 

 

 

*

JE N'OUBLIERAI JAMAIS

pour Almoudou Introudourène  Zinder, 22 février 1999

 

Je n'oublierai jamais / Un enfant de l'AÏR  / Qui mourut un soir / De grande gloire  / Un jeune homme du terroir  / Qui parlait le langage / De la terre  / Partout il semait des étoiles  / Aux enfants il parlait d'école  / Aux femmes de machines à coudre / Aux hommes de chantiers  / De grands champs de blé / Aux jeunes de son âge  / Dans son langage sans nuage / Il ordonne la résistance / Jusqu'au bout du souffle  / La lutte et le sacrifice  / Marquèrent en lettres immuables  / Son éphémère passage sur la terre / Étrange prophète de l'amour et du travail  / Qui arrosa de son sang / Ses rêves innocents / Et nourrit de son corps  / La glaise maternelle  / Pour l'éternité

Il mourut un soir  / Le cœur plein d' espoir / Au milieu des cris et du vacarme / En démontant le rambour-:major / D'une fête barbare / Où le sang coulait à  flots /  Rougissant encore plus  l' aurore / Où la chair valsait avec le fer / Où le feu déchirait l'aube / Les années ont  passé / Le Martyr demeure /  Si vous voulez le sentir / Allez à TIMIA  / Quand  l'oasis sort de  de son sommeil / Comme une coquille qui s'ouvre / Sur sa perle du matin / Offrant sa beauté à L'Espoir / D'un jour naissant / Là au milieu des jardins / Dans les sables  / Ou sur les montagne / Il est dans chaque grenadier / Dans chaque dattier / Dans chaque battement d'ailes / Il fait partie du paysage / Comme la cascade / Comme l'humus qui nourrit la fange / Comme le chant des petites bergères / Qui perce les nuages

Si vous voulez le sentir  / Allez à TIGGUIDA / Là  il est dans chaque épi de blé  / Qui défie le ciel bleu  / Si vous voulez le sentir / Allez à TIGGUIDIT  / Là il est dans chaque poignée de main  / Qui construit demain  / Je n'oublierai jamais  / La sentinelle fantôme / D'un enfant dans l'AÏR  / Qui veille sur le sommeil des petites gens / Par-delà les ténèbres 

 

Rhissa Rhossey

 

 

 

*

 

 

 

POÈME POUR CÉLÉBRER LA PAIX

Nigériens, mes frères / Quelle est donc cette brise / Qui souffle sur la terre / Du Moro Naba / Ce vent si frais gui souffle / Du pays des " hommes intégrés / Ce vent aux relents de paix ? / Oh patrie / Patrie aimée / Patrie mienne / Rectifie ta marche / Va droit sur le chemin / De la paix et de ]'amour / À la haine, à la violence / Fais volte-face pour toujours / PAIX

 

PAIX sur toutes les faces de chagrins / Tant de vallées ont baigné dans le sang / Tant de koris  où ne coulent plus / Que des larmes / Tant de morts sans nom / Tant de haine dans les cœurs / Tant de chaînes sans raison / Tant d'innocents dans les fournaises / Des prisons / Souviens-toi PATRIE / Oh PATRIE / Des fuites éperdues des familles traquées / Ah ! Les songes inachevés / Des nuits saturées de mensonges !

 

PAIX / Paix pour l'âme de mes morts / Pour les blessés dans leur corps / Pour les blessés dans leur cœur / Pour les mutilés / Pour les déportés / Pour les prisonniers / Pour les exilés / Pour les égarés / Pour tous, PAIX et espoir / Oh Patrie regarde / Regarde autour de toi / Ce monde sans loi / Ce monde qui brûle / Qui hurle, hurle, hurle / J'ai dit : Liberia Taylor la mort ! Taylor la torture !  / Horreur ! / Les longues files / Des orphelins et veuves qui enfilent / Les labyrinthes inhospitaliers des exils / J'ai dit: Burundi !

 

Ces frères qui s'entre-déchirent !

 

 

 

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