chant et musique par Dominique Oriata Tron le 4 avril 2013:
http://www.wat.tv/audio/thibaut-hingrai-mon-ami-yan-63cl1_2hlcv_.html
À mon ami Yan, Paris, le 7 décembre 2009
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Manteau de neige et brûlure du froid
La neige comme contradiction
Désordre et unité
Dispersion
Enthousiasme
Chahut joyeux
Des cadeaux pour tout le monde
Légèreté et lourdeur
Éphémère et durée
Entrave et liberté
Vie et mort, la joie retrouvée de la vie
face à la redécouverte de la mort
Force la contemplation, absorbe les sons
Le monde qui nous invite à jouer avec lui.
Comme un être vivant
(comme un animal).
Nuée angoissante
Ne cessera-t-elle donc jamais de tomber?
Au creux des cabanons, les hommes se réfugient,
attendent la fonte,
qu'on leur laisse un peu de place,
meurent les envahisseurs!
La vue d'une plume de glace
me fait éternuer, j'ai mal à la gorge,
mon nez coule, boire, respirer deviennent
une souffrance.
Que meurent les envahisseurs!
Je suis pauvre et on m'accuse du choléra
Je veux rejoindre mon aimée,
pourquoi m'empêches-tu de passer?
Ah
Quelle inconstance, les hommes,
c'est pour cela que nature préfère
rester choses!
H20, cristaux de glace, à l'année prochaine!
*
FILS ET FILLES DE JOIE , ET AUTRES POÈMES
J’ai passé la nuit dans une maison,
En apposition.
Vous savez, une de ces auberges comme on en trouve
Dans l’Evangile, chez Baudelaire, et Villon
Au milieu de la forêt et du temps qui passe,
J’y ai appris que la poésie réchauffait les pieds,
Que ce n’était pas un mensonge que rien ne lui résistait
Ah, j’y ai fait l’amour encore jusqu’au petit matin,
Entre les tables, écoutant les pas de la danseuse et du mouvement qui soigne
Près du chat, du gros chat et de sa compagne.
Omar tu avais raison
Au vin des échansons
*
La littérature boude
La littérature boude.
Elle sabote.
Elle n'existe que quand elle sabote,
elle est là quand elle sabote.
Littérature, vas-tu marcher au pas?
Non pas, mon pas, c'est de ne pas, pas le pas, pas à pas.
Alors donne-moi ton pas, donne-moi ton pas!
Ca me botte!
dit-elle en riant, en s'enfuyant. Ca me botte!
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Poétique
A l’aurore, je m’ennuie
Le matin m’asseoir
Me hâtant le soir
La nuit est mon zénith.
A l’ouest la mort
Là contre, je vis
Le sud m’a pris
L’Est est mon nord.
Où d’autres veillent
Chacun à leur tour :
Je meurs la veille
Je nais un autre jour
Où je vais est le camp :
- Mon temps est le quand.
*
POETICA
De manhã escureço
De dia tardo
De tarde anoiteço
De noite ardo.
A oeste a morte
Contra quem vivo
Do sul cativo
O este é meu norte.
Outros que contem
Passo por passo:
Eu morro ontem
Nasço amanhã
Ando onde há espaço:
– Meu tempo é quando
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Parce que la terre
tourne autour du soleil
Lorsqu’un disciple lui demandait: « Pourquoi ? », le Golem répondait: « Parce que la terre tourne autour du soleil ».
Un jour, alors que chantaient les cigales et que tous méditaient, repus et ensommeillés, auprès des oliviers, le plus petit d’entre eux se dressa brusquement et vint secouer la grosse bedaine du Golem : « Mais maître, parce que la terre tourne autour du soleil n’est pas la réponse à toutes les questions ! ». Le Golem ouvrit les yeux dans un demi-sourire dont on ne savait s’il exprimait la satisfaction prolongée d’avoir fait un bon repas ou celle d’entendre son disciple se révolter et sans même ouvrir la bouche, répondit d’un laconique : « Tu as raison ». « Mais alors, lui demanda le disciple, pourquoi réponds-tu toujours: parce que la terre tourne autour du soleil ? ». « Parce que la terre tourne autour du soleil » répondit le Golem. Et il dormait déjà.
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