• Alexandre Gerbi : Les organes pertinents

     

    Alexandre Gerbi : Les organes pertinents

     

    Les organes pertinents

    à Dominique Oriata Tron

    (auteur des images ci dessous, opus 204, 465 ,275,710)

     

     

    Epilogue improbable des épluchures survenues,

    l’action des grandes pierres reluisait dans le noir.

    Comment parvenir à l’informe,

    comment désexciter la bolée ainsi offerte ?

    Comment rasséréner l’inopiné des choses ?

    Tout continua, longtemps.

     

    Et puis un matin,

    alors que l’eau tournait dedans l’écluse,

    le champ du ciel s’emplit d’un élixir talé,

    d’une paresse semblable aux plateaux ajourés

    qui parfois couvrent l’abyme.

     

     

     Alexandre Gerbi : Les organes pertinents

     

    Plusieurs mâts avaient surgi.

    D’en-haut d’eux, l’adéquate puissance

    fomentait d’hallucinants vertiges.

     

    Et visions.

    On eût cru l’ajouré converti en épigone

    dans la simple clarté des vagues.

    Lentes.

     

    Pourtant enfin revinrent les glaces.

    Pour rire ?

    Que nenni,

    vous qui savez la patience du Paradisier sensé,

    la croissance inéluctable dans l’azur et la chaleur,

    le torrent, la bonté des plantes, la source cachée

    d’où changent, cataractent, rugissent les aurores libérées.

     

    Ô

     

    Alexandre Gerbi : Les organes pertinents

     

    A présent dans le calme,

    par l’amour ourdi d’impénétrables murmures,

    perché sur la cime du plus beau des arbres,

    hulule l’oiseau chanteur.

     

    Ses plumes étincellent et s’ouvrent en myriades de pôles,

    comme des sentiments ourlés.

    Ses yeux luisent d’un éclat serein.

    Tu vis en lui.

    La Vie.

     

    La Vie même te constituait,

    ce que tu appelleras le vif.

    Ce vif que tu propages à la toile

    – comme à la flûte ou aux cordes –

    contemplée

    et par toi, en toi, contemplante.

     

    Cette plante tressée en monde,

    en toi, en jours, jaillissait donc, soudaine.

    Infinie d’horizons et profondeurs.

    Galbée comme le firmament.

    Festin de saumon cru et d’algue estimée,

    d’étamines et de pistils pris au sérieux,

    d’étoile suspecte, d’air infini…

    Jusqu’à retirer du sépulcre oublié, enfin,

    la prudente ligature…

     

    Parachever le fléau qui nous outragea,

    pour mieux l’abolir…

    Caresser l’oblongue danse des machines

    et, par sa grâce, supplanter la forêt

    qu'infusent les artères sèches,

    les lacets gorgés de sèves,

    pour mieux l’entourer, la boire,

    enfin s’en féconder…

    Seriez-vous égarés !

     

    Alexandre Gerbi : Les organes pertinents

     

    Alors encore s’y remettre, au turbin,

    garantir les ondes,

    amalgamer les outils pressés,

    sonder les souches.

    Parcourir la terre et labourer tout en chantant,

    retourner un humus parcouru d’insectes minuscules,

    de poissons d’or, d’argent, de grenouilles

    géantes naines et de sauterelles décomposées…

     

    Seulement ainsi

    combleront les mousses et les feuilles

    l’antique pari.

     

    Et sous cette oriflamme regarnie,

    les fleurs et leurs enfants enjamberont la pareille.

     

     

    L’inoculée et l’Alhambra

    fascineront les tours

    et balaieront les épuisements,

    clameront l’advention du cobalt,

    du sparadrap et des toisons,

    le miracle du champ, l’écaille des murmures.

     

    Les organes pertinents.

     

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