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Les indications de type / 1 ,A-A ,Sol/ sont explicitées dans l'Avant propos publié avant la section 1 .La photo ci dessous est capturée sur une vidéo de 2009 à Kribi, en Afrique Equatoriale. Nimozette Filola Tron joue du tambourin pendant que je chante et danse les chants des 27 couleurs . voir les vidéos sur http://www.youtube.com/playlist?list=PLA27424CB0B5C42C3
Opus 2 :
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92
/2Em/Et le Phénix plonge dans le soleil
/5E7/et le Phénix a surgi dans le Ciel
/1Bb6/et il chante ,
tout en sèmant partout la couleur ...
*
/ 1 ,A-A ,Sol/
..../2G6/bleue ,
Bleue comme le ciel sans nuages
Et il chante :
" Kiou ! D'abord purifie toi dans le ciel et le vent ...
/2GM7/ Contemple le secret de l'équilibre ,
/2G13,9m/ l'équilibre des astres ...
et nourris ta mémoire au sein léger de la Lumière ...
/2Gdim/Invincible mais faible,
aie pitié des planètes précipitées dans le Déluge,
/5Gm/Et, vagabond du Ciel,
contemple les ossements de tes vies passées ...
/8Gdim/Nourris toi du bleu du Ciel,
de ce bleu si tranquille ...
/11Gdim/Il calme les tempêtes
à moins qu'il les déchaîne
/3Gm/car il voit la vie sur toutes les planètes...
/6Gm/Emplis ta poitrine de l'air du large,
/10Gm/efface les blessures de l'âme,
/5G11/danse plus loin que ton corps
Efface toi dans le bleu du bleu de Dieu !"
93
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur violet clair
Et il chante :
/2, E-T,La /
" - Kiou !
/1Am/Deuxièmement, sois l'eau violette ...
/4A7M/porte la à ton regard,
à ton oeil droit pour le purifier
/1Adim/et te voilà rocher dans la clarté...
/4Adim/Vie tatouée de feux et d'ombres
/7Adim/et de clarté plus claire encore
/2A9m/depuis que s'ouvrent tes paupières...
/7Am7/Lourde est la glace où scintille le Soleil ...
/5Am7/Baisers d'amour se multiplient...
/1Am7/Que tes blessures soient guéries,
/1A+/homme de feu, femme de glace
/5A/femme de glace, homme de glace
/9A+/homme de glace, femme de feu
/1Am/femme de feu, homme de feu !"
94
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur la couleur vermilllon
Et il chante :
/3, F- F+A,fa/
" Kiou !/2DM7/ Danse sur le sommet de la montagne !
/2D/Que de ta tête surgisse la source du Graal !
/2D+/Vêtu de peau de tigre rouge,
/5D/renais broyé, avalé , digéré ...
/10D/L'air est léger dans ton regard !
/1Dm/Présence Divine, je te respire !
/9Dm6/Cascades et cloches te nettoient
/2D+/des peurs, des plaies et des erreurs...
/6D+/Danse sur le sommet de la montagne !
/10D+/Que ton rêve avale la folie, /4D9m/ l'apparence lourde
Que ta chair et la pierre /10D9m/soient fécondées par le soleil !
/4D9/Et vous, créatures ,
interrogez celui qui ne meurt jamais ...
/4D13/Dansez autour de ce Soleil !
/1D13/Et même toi, la fleur, danse immobile
/5Dm/fin de renaître dans le coeur de Dieu même !"
95
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur bleue foncée,
Et il chante :
/4,T-F,do/
" Kiou ! /1C/Entendez le berger à la peau bleue !
/1C7/Recevez son amour à tous les coins de l'Univers,
/1C6/aux confins de l'immense et de l'infime !
/4Cdim/Les jambes bleues ,
/7Cdim/l'oreille droite tatouée de bleu profond...
/3CM7/Dompte tes pensées !
/9C13,9m/Eclaircis les esprits !
/2C9/Berger, âme du monde,
/8C9/rythme l'amour de ton regard !
/1C7/L'étoile de ton front multiplie ou soustrait
/10C7/Afin que soit l'abondance et la joie
/3C6/et déjoué le mauvais sort sur toutes les planètes !"
96
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur violette sombre
Et il chante :
/5,F-AK,ré/
" Kiou ! /5D/Par l'âme infinie des étoiles du dedans
/7DM7/l'ombre violette pénètre l'Univers
et nous délivre de la soif du rêve !
/6Dm7M/Par delà l'espace et le temps,
entends le chant de la présence,
/9Dm6/toute âme rencontrée au pays d'avant-naissance !
/5Dm/Que s'effacent les murs !
/3D7/Invente ton visage !
/5D7/L'ombre violette pénètre chaque tête,
/2D+/traverse l'Univers entier ...
/3Ddim/Et la colonne vivante du temple Infini
/2D/danse ses myriades d'étoiles !
/5D6/Présent partout, /10D6/je suis présent,
/2D6/libre du poids du passé, du futur
/9DM7/sans l'illusion de la distance...
/7DM7/Là chantent tous les règnes de nature,
/10Dm7/feuilles qui tremblent dans la brise,
/6Dm7M/sable apporté par la mer,
/1Dm7M/écho d e l'écume toi-même,
/3D7/et pieds dansant, faisant sonner le sol !
/1Dm7/Que s'incarne le rêve pur
/9DM7/dans le dévoilement de l'instase
/2D/qui dénoue les noeuds de la pierre ...
Souffle, propage moi invisible
/1Ddim/mais consistant aux yeux de chair
/2D/quand le regard est clair du désir du Vrai"
97
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur verte claire ,
Et il chante :
/6,E-T,fa#/
" Kiou ! /2F#/Balance de jade !
Balance de jade !
/1F#M7/Les yeux dans l'eau ...
/3F#9m/Ta main gauche tenant la balance de jade ...
Lourd est le corps de jade !
/2F#7/Oui, je veux, je veux !
/2F#dim/Je sens l'équilibre des étoiles ...
/7F#dim/Je pense l'équilibre du feu, de la pierre, de l'eau, de l'air
dans l'Infini Divin !
/10F#dim/L'aimant qui me porte
/2F#/dénoue les noeuds de la pierre !"
98
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur herbe,
Et il chante :
/7,T-E,fa/
"Kiou ! /1FM7/Vertes prairies de la pitié de Dieu
/10FM7/pour l'animal réconcilié avec l'homme de paix !
/7Fdim/Calme profond des vergers prophétiques !
/3F11/Béni soit ton bonheur
/4Fm/quand les eaux rencontrent le soleil !
/1FM7/Que ta joie rayonne ...
/1F/Cours dans les prés, saute, bondis
/3Fdim/et danse sans blessure ...
/1FM7/Et pose toi sur la rive de verdure !
/3F6/Vois tous ces fruits offerts par l'Arc-en-Ciel ...
/8F6/Ils surgissent des pierres !"
99
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur violette argentée
Et il chante :
/8,E-F,La/
"Kiou ! /2A/Fleuve violet aux reflets argentés !
/5A/Ombres légères des nuages épars ...
/1Am/Que ton bras droit se lève et commande au destin !
/8Am/Qu'un souffle chaud envahisse le Ciel !
/5A/Que soit chanté l'alphabet créateur !
/9A/Ondes de feu, à mon regard, dansez !
/4Adim/Dieu pourvoira seul à la chance
en dépit d'Injustice à la couronne de péchés ...
Et plaies soignées par Graal seul !
/4A7M/Symboles de chair et de pierre,
dévoilez vous à nos regards !
/7A7/Voir, voir, voir
Par delà les murs, par delà les voiles...
Et que la pure prière de l'Union
s'empare de la Vie !
/1Am7/Qu'il en soit ainsi dans tous les règnes de nature
/4A7M/et dans les mondes invisibles !
Anges, habitez notre danse
nos corps et nos esprits !"
100
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur violette claire éthérique
Et il chante :
/9,AK-E,Ré#/
"Kiou ! /6Eb6/Quand tes soleils résonnent à l'Infini,
/1Eb6/avance ton pied droit en direction de la lune ...
/1EbM7/Et cascades violettes ruissellent sur tes corps
Pour les purifier !
/4Ebdim/Claire la rosée, claire l'écoute ...
/7Emdim/Bondis dans l'astral pur au rythme du 9 !
/1EbM7/Entends les signaux de communion...
/6EbM7/Et que par ce compte
les oiseaux abattus /8EbM7/renaissent peu à peu !
/3Eb/Pluie, suspends toi pour la fête sur l'herbe ...
/8Eb/Et que le beau vaisseau qui sauve du Déluge
/2EbM/danse haut dans le Ciel au milieu des nuages
/1Eb+/et calme les tempêtes !"
101
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur opale claire
Et il chante :
/10,T-T,sol/
"Kiou !
/3G/Chaque semence, à chaque seconde
/5Gdim/te libère ou t'enchaîne
/2Gdim/et sculpte ton visage !
/3G9/Souviens toi
de la prière du vent sur la plage ...
/2GM7/Elle éclaire encore ton regard !
/2G6/Retrouve la mémoire ...
/5G7/Mesure ton souffle ...
/8G7/Soulève le cerf-volant de pierre !
Pas de faux pas...
/2GM7/Soulève l'Univers !
Soulève ton corps !
/8G7+/Suspends toi aux étoiles blanches,
/3Gm/à leurs reflets rouges, bleus, verts et violets !"
102
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur opale ombrée
Et il chante :
/11, T-E,sol#/
"Kiou !
/1Abdim/
Yo a yia ! Yio a o! Oyo yo!
L'opale trouvée dans la pierre
/6Abdim/soulève ta poitrine à chaque souffle !
/1Abdim/Palais de glace dans ton ventre !
/1Ab7/Un pur amour pour toutes choses ...
/6AbM7/Extase, amour !
/7Abm/Amour, présence !
Désir magique, volonté !
/3AbM7/Vers toi vont les fées, les anges ...
Le rossignol se pose sur ton épaule ...
/1Ab/Le tigre réchauffe de son souffle les pieds du nouveau-né !
/4Ab/Enfant semé ce matin là,
incarne les vertus Divines !
/1Abdim/Et que soit bénie l'Union des sexes
/1Ab/dans les reflets de l'eau !"
103
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur bleue argentée
Et il chante :
/12,F+A-F,si/
"Kiou !
/2Bm/Explose le feu !
/1B7/Souffle le vent léger !
Entends la puissance Divine ...
/1B9m/Miraculés femmes et hommes...
/4B9m/Courage, tu vivras
Triompheras de chaque obstacle !
/9B7/Patience, tous les trésors sont là ...
/1B7/Coule toi dans la fournaise d'argent bleu !"
104
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur olive verte
Et il chante :
/13,A-A,fa/
"Kiou !
/1FM7/ Panier d'olives fraîches, /3Fdim/forêt vert sombre,
De la poitrine à la rate ...
/6F7/Partout le nectar d'air !
/3F6/Présence !
/1Fm/Savoir, pouvoir, aimer !
Savoir quel mont gravir
et quel mont contourner...
/1FM7/Equilibre du feu, de l'air, de la pierre et de l'eau
en l'Infini Divin
/3F7/jusqu'à Invisible
Immortel !
/5Fm7M/Chante, chante le nectar ...
/1F139m/Il coule dans ta gorge...
/8F11/Tu l'as rêvé ...
/1F+/Il te nourrit !"
105
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur bleue verte
Et il chante :
/14,E-E,ré/
"Kiou !
/2D+/Gronde la cascade !
Un lac bleu-vert te construit ...
/3Ddim/Evanoui le labyrinthe !
/6Dm/L'amour attire les nymphes
de l'océan, des rivières, des pluies ...
/10Dm7M/L'amour transparent des ondines
/2D/te fortifie de sa douceur
/5D/jusque dans les rêves !
/10D/Lune, soulève l'océan !
/9DM7/Fruit, roule sur la berge !
/2D/Planète autour de ton étoile !"
106
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur rouge sombre ,
Et il chante :
/15,F-E,la/
"Kiou !
/1Am7/Bourdonne l'abeille rouge dans ton crâne !
/5Am/Ton foie reçoit son offrande de feu !
/8Am/Par delà toute folie humaine,
la joie partout bien au-delà des sens,
/2A7/ des pensées et des rêves !
/4A7M/Offre toi totalement ...
Telle est la clef du Graal !
/5A+/Dénoue le sort qui veut t'emprisonner...
/7A7M/Sans crainte, lève toi !
/5A11/Danse, invincible ,
de tout ton être, sans fin !
/4Am6/En tout voyage, en toute aventure,
/1Am/enivre toi de glace rouge /2A/à l'infini !"
107
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur bleue outremer
Et il chante :
/16,F-T,do/
"Kiou !
/1C/Vagues à l'horizon marin brûlent !
Ouvre ta gorge à ce feu de Justice !
Jambes de pierre.
/2C13/Peine est désert à qui rêvait du labyrinthe !
/5C13/Peine est palais à qui rêvait des bois ...
/8C13/Reçois la grande offrande ...
/5C9m/Interroge la !
Lève toi, et vois :
/2C9/ce mendiant est un roi de paix,
/3CM7/ce roi rapace, un pauvre diable sans Lumière !
/7CM7/Epargne l'innocent, contente toi ...
/1Cm7M/Tu règneras dans la douceur des journées sans obstacles !"
108
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur grise
Et il chante :
/17,T-T, si/
"Kiou !
/2B6/Sombres les nuages gris
/6B7M/dans les replis de la pierre,
/10Bm/et à ta droite leurs ondes parfumées !
/1B9m/Prosterne-toi devant l'Ame Divine !
/4B9m/Qu'elle te pénètre de la tête aux pieds !
/2B/Ne crains rien :
l'Infini est son nom !
/2Bm7/Secours la créature torturée ...
/2Bm/Change en ami ton ennemi ...
/1B9m/Reçois l'Amour !
Pure beauté, harmonie quotidienne.
/6Bm6/Enfant, le chemin de la joie, c'est celui
de la justesse des actes...
/1B7/Même les pierres énormes te protègent !"
109
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur dorée
Et il chante :
/18, Ak+E-F+T,do/
"Kiou !
/5CM7/Rayons brillants de l'or pur en fusion
/1Cm/jusque dans l'eau glacée et impassible !
/3C/Et à ta gauche leurs ondes parfumées...
/1CM7/La tête en feu !
/5C9/Et tu seras le poids du monde !
/1C7+/Comment pourra-t-il t'enchaîner ?
/3C6/Sois libre , aie confiance !
/1C6/Apprends chaque matin à renaître joyeux ...
/1C/Etudie et construis le vaisseau qui sauve du Déluge ...
/1C7/Interroge le coeur des Transparents célestes,
/3C7/et deviens pour toujours leur disciple fiable !
/4Cm7M/Alors dans la tempête où tu fus engendré
/7Cm6/il y aura toujours cet or et ce Soleil
/4Cm6/jusque dans le coeur des pierres ,
/1Cm6/un phare, une semence pour chaque naufragé ...
/1C/Et tu es le rayon du Sens dans la Matière !"
110
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur pourpre
Et il chante :
/19,F-F,sol#/
"Kiou !
/3AbM7/Siffle la puissance pourpre du feu cosmique !
/1Ab/Elle pénètre chaque créature inerte ou vive !
/1AbM7/Toi qui penses, maîtrise la force de l'éclair !
/6AbM7/Vois au delà de tes yeux ...
/7Abm/Eveille ton regard au passé, au futur,
/4Ab/au rêve du tigre
et de la rose,
/8Ab/au cri du cavalier,
/4Ab/au silence de l'arbre !
/1Abdim/Habite l'esprit du feu,
lui porteur de toute force ...
/1Ab+/Rayonne où tu choisiras d'être !"
111
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur flamme
Et il chante :
/20,F-F,do aigu/
"Kiou !
/8C/Aigu le feu central,
le germe illuminé avant de se répandre,
/3C/et de t'envelopper de sa lumière !
Car toi l'habitant de la Terre
tu es enveloppé de sa Lumière
/1C/Reçois cette vision.
Sois présent.
Extase !
/3C11/Et que ce feu transforme ton visage
/2C9/jusqu'à la profondeur de tes os
jusqu'à tes pieds et ton cerveau !
/8C/Ouvre ta vie au feu en fête !
/5C/Dans l'arbre du zénith
/1C/chuchotent les flammes de mémoire !"
112
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur brune sombre
Et il chante :
/21,T-F,fa/
"Kiou !
/1F/Explose la tête !
Explose l'Univers !
/3F/Explose la pierre brune dans l'Univers !
/5F/Flammes de toutes parts et dans la tête !
/8F6/Toujours un chant viendra pour t'inspirer !
/3F6/Et se dévoilent toutes lois à chaque instant !
/5F6/Mémoire de l'Univers !
/4Fm/Elles t'attendent les présences
/1F/de tous royaumes,
/1Fdim/végétal, minéral, animal et des rêves
/3Fdim/et des femmes, des hommes
/1Fm6/en quête d'immortalité."
113
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur noire
Et il chante :
/22,Ak+T-Ak/
"Kiou !
/2B13/Rayons d'ébène pénétrant l'espace,
/4B13/rayons dans le grand vide ...
/7B13/Source de ton souffle
/6B7M/et qui soutient la création de tout destin
et guérit !
/9B7M/Rayons d'ébène dans chaque jambe dans le noir ...
/2B6/Nuit absolue dans les replis de la pierre ...
/1B9m/Noeuds dénoués de la folie passée ...
/4B9m/Cri nouveau sur le sentier,
/8B9m/science transmutatrice de Jouvence !
/2Bm/Bond tout à coup hors de ce corps vers d'autres univers
/1B7/Transe et voyage, et long apprentissage
/2B/afin que même l'âme éthérique des pierres
/2B13/obéisse au rayon obscur de la nuit noire !"
114
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur la couleur lilas
Et il chante :
/23,Ak+A-E,sol/
"
Kiou !
/1Am/Rayons lilas, et souffle, et voix si douce
/2A7/jusqu'aux méandres du ventre sage
/5A13,9m/et bain dans l'eau glacée du sanctuaire !
/2A13/Union de l'âme à l'Infini Amour
/5A13/et grand repos, le regard immobile.
/7A11/Temple partout de l'âme du monde !
/1A7+/Chant, lance toi plus loin que cette chair
/4Adim/et reçois les signaux des sphères lointaines ...
/7Adim/Prosterne toi devant l'onde suprême ...
/1Am/Efface toi, porte encore son écho,
/5Am/multiplie l'étincelle de glace ..."
115
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur rose
Et il chante :
/24,F-Ak,do#/
"Kiou !
/1C#m/ La tête en feu !
/4C#m/Sentier de pierres roses...
Vallée qui va au coeur de la montagne...
/9C#m/Et l'infini enveloppe la pierre
/1C#m/et la pénètre au rythme de ses ailes !
/2C#7/Ainsi s'envole un enfant épuisé
/2C#m6/au delà de la mort et des générations ...
Elle t'aimante sans répit la perfection !
/1C#m/Entends la voix d'amour si douce qui te guide ...
/2C#7/Aies confiance, et vois les temps miraculés ...
/1C#M7/Invisible, reçois le rayon rose dans tes os !"
116
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur jaune
Et il chante :
/25,A-A,sol/
"Kiou !
/3G/Siffle le vent jaune !
/2GM7/Siffle le vent léger ...
/3Gm/Et souviens toi des temps où tu souffris,
/10G6/où tu perdis ta chance ...
/2GM7/Souviens toi des temps où tu appris...
/2G6/Tous ces trésors sont là ,
/6Gm/trésors de science et messages dans l'air,
/1Gçm/éveil tenace et calme dans la joie !
/10Gm/Chante et danse pour la fête éternelle !
/3Gm/Innocence, cascades et rires jusqu'au coeur
/3Gm6/qui multiplie tes ailes jaunes !"
117
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur ocre
Et il chante :
/26,T-T,do/
"Kiou !
/3CM7/Offrande de la vie éternelle dans la chair,
/5CM7/mystère de la mort et sables d'éléphant ...
/4Cdim/Toute poussière répandue dans les sillons,
/1Cm/et fil pour réparer la marionnette
/7Cdim/ou dévider son illusion
dans l'Infini !
/1C7/Ose être pur, soumets les ombres
/3CM7/errant en ce passage ...
Dompte l'esprit et le désir ...
/3C7/Sculpte le vase
avec l'argile ocre du désert ...
/1C7/Commande aux sables !
/5C+/Paisible, plonge dans la pierre
avec le rayon infini
/1C/et découvre le lieu des pépites magiques !"
118
/2Em/Et LE PHENIX plonge dans le Soleil
/1Bb/Et le Phénix a surgi dans le Ciel
/2Em/Et il sème partout la couleur orange sombre
Et il chante :
/27,F-Ak pénétrantT,ré#/
"Kiou !
/3Eb/ Le coeur de feu des oranges sacrées
/1Bb/ouvre tes yeux et soutient ta semence ...
/3Eb/Et l'Infini s'empare de la pierre ...
/1Bb/C'est le rayon d'Amour
/4Ab/Purifie toi !
/1Bb/Sobre reçois l'éclair étincelant ,
/3Eb/gravis l'échelle prophétique,
/1Bb/sculpte tes jours et ton destin,
/3Eb/invisible aux archers de Téahitoutaï !
/1Bb/Soumets l'onde de feu de leurs flèches lancées !
/3Eb/Soumets l'atome au coeur du fruit philosophal !
Kiou ! Kiou !"
119
/1F#M7/Maintenant le phénix éparpille
/5F#m/toutes les couleurs du Graal à la fois
/3D7/jusqu'aux confins de l'univers
/2Bm/et les enfants de l'arc en ciel respirent ces couleurs et dansent
/1Dm/et chacun rayonne de cette fontaine d'amour
120
/1Am/Les singes maintenant /1C/contemplent
/1Am/le soleil qui se /1C/lève
et les /3G/fleurs qui éclosent /1C/une à une
/1Dm/Alors revient l'espoir
/1Am/de la terre toute entière unie
/1F/l'humanité enfin /1C/réconciliée avec le ciel ...
/1Am/Accueillons l'ange du /1C/soleil
/3G/jusqu'aux grands arbres où sont nos /1Am/ nids,
nous les oiseaux nés de la nuit !
/1Dm/Nous avons reçu tant de forces
/1G7/des rayons d'or du Dieu d'A/1C/mour ...
/2G6/ baignons nos corps dans les /1Am/ruisseaux
/1G7/Om mer/1C/ci !
121
/1A/Tel est le théâtre des oiseaux de paradis
/1D7/l'offrande du Phénix .
Dominique entendit un matin le cri de l'oiseau merveilleux
au dessus de sa tête
/3G/alors qu'il avançait entre les parois verdoyantes
/3D7/d'un canyon tres profond
/7CM7/sur une île de la planète Terre
/3C6/Et ce cri déposa une graine dans son coeur
/3Cm/Puis il vit cette graine croître
/1D7/ multipliant baisers d'amour,
chants et danses sacrés
/3G/Or sur cette semence dorée
/1D7/veillait l'immortel Agastyar
/7CM7/rayon Divin de patience et d'amour à travers les âges
/3Cm/et du sein de la Mère Divine, âme du monde
/1C7/coule le lait des étoiles !
*
opus 52 : l'Immortel Agastyar, évoqué dans le poème sous les noms de Dobrial , ou d'Atatia Anoanomarie dans la version tahitienne.
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Sosthène
1.
Nous sommes partis
Le cœur plein des gribouillages
D'histoires de la veille
Que la pluie qui tombait
S'efforçait d'effacer.
Chemin de latérite entre nous deux, infranchissable.
L'odeur des moubins nous ouvrit la clairière
Enivrante
Avec en bordure un immense fromager,
Des pierres amoncelées comme des tombes.
La pluie battait toujours nos corps
Et les rafraîchissait
Quand elle s'accroupit et que son sexe illumina
L'herbe verte.
Nous nous sommes rencontrés
Là où le temps et l'espace
Se rejoignent, à ciel ouvert.
Longtemps après que la nuit soit tombée,
Le ciel restait rouge.
2.
Chaque matin la maison était assaillie
Percée de toutes parts de jets dorés
De cette lumière onctueuse des mois du carême
Qui pénétrait entre les lames des persiennes
Avec le chant volubile des oiseaux
Entre les parois et la tôle
Sous la porte rognée par la pluie et le sel.
Tout est maudit
Pas seulement les figuiers et les poètes
Puisque toute fin est tragique
Et que — c'est comme ça — tout a une fin
Même si nous en cherchons toujours
Et encore bêtement la raison
Depuis que nous nous sommes éloignés de l'idée,
Qui pourtant nous remplissait la paume de la main
Du même bonheur que nous procure un galet —
L'idée que nous puissions être gouvernés par le destin.
Eux, les figuiers, sont beaux et pathétiques
Dans leur élan vers la vie
Pour la retenir,
La serrer contre leur poitrine
Pour la chanter.
Et l'amour, avec le parfum
Et la profondeur de la rose
Que nous voudrions
Comme le regard de certains animaux encore
Inépuisable.
3.
Maintenant que tu respires
Que le poids de ta chair s'est allégé
Ton corps qui s'était noué comme le cep —
Réponds.
La fille morte de bon matin
S'est recroquevillée dans son linceul
Tandis que la chatte s'abandonne
Aux trois chatons nés avec la dernière lune
Qui cherchent à tâtons
Un sein.
Accueille mon exaspération
Arbre indicible accablé de ses rentes
Et qui scintille.
4.
Toute la nuit
Nous avons marché dans la rocaille
Roche sur roche, l'un sur l'autre
À nous repenter.
Une lune s'était levée tard
Qui nous avait tourmentés.
Il y avait là
Un puits de lune
Et des arbres qui suaient la lune
Éclaboussés de clartés
Vert sombre
Et ombres chatoyantes.
Tendu vers — Trop escarpé ?
Alerté
Insoutenable car
Vienne quelque chose enfin
Qui doit sourdre.
5.
Ils sont exsangues
Ils n'ont rien à raconter
Ils n'entendent pas, à quoi bon parler
Ils se dessèchent
Derrière le masque étincelant
La pourriture,
Le progrès nous a tous étriqué et la douleur,
Genoux remontés, dos raboté,
Une tombe de sel
Qui malheureusement
A toujours un bord.
Rien évidemment ne sortira de cette forge sans être
Étiré
Pas plus chien battu à verse
Ni le vieux mulet qui se laisse si docilement
Lourdes paupières baissées
Bâter.
Une femme par là-bas
S'était levée
Au beau milieu d'une algarade
Debout sur un tapis de feuilles roussies
Les deux poignets retournés — cassés
Sur les hanches
Qui lorsqu'elle s'en est allée
Eût un geste ancestral pour
Déprire sa culotte d'entre
De la fente de ses fesses.
Tout ce que le monde raconte
Est vrai
Et suffisant.
Pourtant tu veux sans cesse
Encore l'éprouver
Le fruit, comme un vieux sein
Flétri déjà
Il te faut y enfoncer le pouce
Avant de le tendre.
6.
À peine rejointes
La douceur infinie des paupières —
Deux feuilles de menthe lorsqu'elles
S'abaissent — les épaules frêles
Comme ces nuits d'avril ;
À peine rejointes
Les mains effilées et les doigts —
Caresses d'aiguilles de pins
Sous le vent.
Brusquement
Nous nous sommes retrouvés seuls
De part et d'autre du désert,
Les ailes ployées
Le regard sourd sous les cils.
Femme qui balaye les feuilles mortes
Chaque matin devant sa porte
Lèvres sèches, cheveux défaits
Invisible
Regard perdu comme une vie perdue
Sur la route qui tantôt l'a vue passer
Fleurant la fleur de campêche
La peau tendue comme baie de jujubier,
Le monde aussi est comme la douleur,
Fragmenté.
7.
Je t'embrassais,
II y avait de la terre qui remontait
Par ta bouche
Sans arrêt tu dégorgeais de la terre.
Je t'embrassais toujours.
Et tes seins qui frondaient l'air
Sous le corsage de taffetas rose
Ajouré.
Longtemps nous avons espéré ce poudroiement
Matinal
Là où nous portions nos yeux,
Une allumette qui craque
Et qui s'élève
Ardente
Derrière la scène.
Longtemps,
Depuis que cette lente mélancolie
Intarissable s'est installée
Flanquée de sonorités de tuba
Lorsque les pluies tombaient à verse
Et s'engouffraient par les gouttières.
Parfois une fraîche et joyeuse bourrasque
Faisait gicler
L'eau du prunier sur les tôles.
Alors, chaque mot tu l'as bégayé,
Nous avons ensemble ressassé chaque mot —
Comment aurions-nous pu en être insoucieux
Puisque nous savions que chacun était une promesse
Et une blessure
Qu'il nous faudrait à la fois endurer
Et restituer —
Puis, l'un sur l'autre,
Nous les avons cachés sous les roses
Dans le voisinage de poussières d'or.
Toute la démesure de la nature
Dans le figuier maudit.
8.
Peut-être les mots ne sont-ils
Que des pelles
Parfois ardentes
Qui servent à ensevelir la douleur. Sans doute
Avons-nous offensé le messager
Venu pour nous délier ta langue.
Et tandis que
Là il s'élance vers la lumière
En l'enlaçant et en l'étreignant,
Lui, abaisse les cils
Consentant : d'être sous ce destin,
En lui, de sombrer.
Il n'y a guère que les oiseaux
Qui ont ces gestes qui nous vont droit
Au cœur
Lorsqu'ils volent dans le sel gemme
Et disparaissent silencieux
Entre la frange obscure
Et la lumière,
S'efforçant de leurs ailes d'éventer
L'insondable conjuration.
Et aussi bien, nous
Avec eux, devons nous contenter
De la suave et ineffable splendeur
D'un mèsi, délivré
Et dissipé dans l'instant.
9.
Mais de l'amour
Plus que de tout autre chose,
Nous voulons être assurés
Autant, si cela se peut, que de l'existence
Et de la vérité. Ô combien alors
En pareil cas désapprenons-nous vite
À être pleinement comblés
Par une pure présence,
À nous laisser aller dans l'extase !
Comme le désir qui saisit soudain
Remplit le corps de frémissements
Et bientôt tout entier le prend
Au travers d'une pièce de figues
Parmi les troncs vigoureux et lustrés
Les tiges noueuses et les lourdes grappes des fruits
Au bout desquelles la grosse fleur conique
Violacée et pulpeuse doucement abaisse
Vers le sol un sexe mirifique.
Or ce pur élan bientôt nous le voyons
Contrarié.
Et là où il y avait un regard
Qui nous enveloppait et nous rafraîchissait
II y a à présent un œil
Qui fouille au fond d'un gouffre parmi
Les nombreux édifices que la mémoire a bâti
En empilant l'un sur l'autre
Les images et les mots.
10.
Le diable a pris le monde
Et l'illumine ;
Nous avons atteint au bonheur : juste
Une équation.
Monte à présent l'odieux bruit
Des onomatopées
(Les gens font comme ça : A - A,
voix d'infinie compassion conjuguée
À un corps dont les affinités
Chimiques sont satisfaites.
Un art
Très phonétique).
Des escargots envahissent nos maisons
Tapissent les murs bavent
Sur nos écrans — nos écrans ! —
Il faut débonder, répandre le sel
Dans les cours qui puent l'urine.
Puisque nous ne savons rien,
Maintenant que nous nous rapprochons du soleil
Tu peux venir là à présent
Vêtue de ta robe rouge
Chaussée des escarpins festonnés d'or ;
Si tu tombes dans le vide
Je garde tes mains
Entre mes mains.
Ce poème « Sosthène » de Monchoachi est extrait de son recueil L'Espère-geste, publié à Sens (France) aux éditions Obsidiane (2002), pages 79-90.
*
La Danse au lieu vide
1.
Ce sera hors ce lieu
— Flétris, flagellés —
Ce sera hors ce lieu où nous sommes
Reclus — Caparaçonnés de savoir
Vitrifiés —
Mais par dessus le mur carié
(Louvri baryè, Ouvre pour nous ! )
L'office inattendu.
Laisse ça nous mener un côté.
2.
Infigurée
Comme ça est-elle
La chose
Ni corps ni esprit
Une seule bacchanale
Dans un langage mêlé
Elle dit
Tout une seule fois tout à la fois
Laisse ça nous dire
Laisse ça parler pour nous.
3.
Derrière le nom qui nous nomme
Et que nous renions
Nous tournons dans les airs
Derrière te corps que nous portons
Et rêvons d'échapper
Pièce côté.
Flamme qui danse
Dans ton envers et que
Les yeux fermés, tu meurs
Là même d'étreindre.
4.
Sans mère nous tournons
Derrière le corps que nous portons
Ensemble-ensemble confondus
Nous roulons dans l'abîme
Laissant l'air
Lui donnant l'air pour qu'elle
Paraisse elle même
La chose même
Qu'elle parle pour son corps
Et annonce elle-même
Qui ou Quoi elle est.
5.
Couverts de sueur
Et de poussière de terre
Reconvertis
Nous tournons dans les aires
Bandeau de coton blanc
Echarpé sur la tête.
Quelque chose tremble, une certaine
Clarté, quand le dieu tombe
D'un coup nous saisit :
Virer la caye – faire retour
Dans la demeure ténébreuse.
6.
Comment chevauchés
(Lespri-a pran nou !)
Nous menons la ronde au lieu vide
Montant en l'air le corps
En même
Tout entier contr'étrécis
Dévastés, le regard inaltérable
Chantant
Aveugles désormais...
7.
...Délivré
Un même chant inépuisé
Tout en aspergeant le sol
Et puis la même boisson
Qui dévale le corps
— Du feu, di'ectement —
L'ayant secoué
Une fois d'abord tout partout
En la bouche, toussant
À n'en plus finir, la tête prise
Enfumée.
8.
Pas plus, et ce fût
À chaque passage dans
La battue de la paupière —
Ainsi est-elle comme ça
La tête enrubannée, presqu'
Évanescente, traçant
Trois fois trois
Croix
Inexplicablement
Et tout le long du mur
Des voix bleues
Des amers
Puis la paume comme ça
Tournée comme ça
En l'air —
La mesure,
Plus haut.
9.
Deux pierres sur une grosse
Souche creuse
Des voix sourdes et cassées
Des corps barbouillés
Maigres et ridés
Tout du long — Et
Le sang à terre lorsque
La lune a éclipsé.
Trois fois trois
Croix
Et des voix bleues
Tout le long du mur
Des amers.
10.
À plus, encore un peu :
Car le monde n'est pas
Cela qu'on nomme
Une chose qu'on nomme puis
L'autre, qu'ainsi on tient
À distance, empêché.
Mais quand la langue l'appelle
Et le crie
Comme un sein qui s'ouvre
II nous ravît
Nous passons à l'autre bord
Quelque chose là commence à
Profonder.
*
La beauté noire
Et là ils sont dans les nuages
Errent les enfants
comme cheins fous au gré des vents
dans les tourbillons et les turbulences du vent
Sans rame, sans voile, sans barre, sans mire
Seuls amers les constellations d'étoiles
Seuls paysages
des nuages la teinture fugace.
Lors le criquet divinò poussa sa délirante stridente
Nuages percés vers le bas
tombées les eaux du ciel en-bas
et au dessus du trou
nimbés d'un vert guère comme les nuages
raides penchés ils virent :
Un la-chai' délectable, ils virent
(Pas une chair, un la-chai, entendez-le, un sacré la-chai', ouaille !)
Splendeur insoupçonnée en-bas là
Fèves et miel,
Piments et boissons enivrantes
Et des oiseaux oranges dans l'air vert
Et des oiseaux rouges, et des oiseaux diaprés
Et des poissons misant leurs belles lumières
dans les cavernes de la mer
Et des poissons rares
Avec les belles arêtes qui font les belles parures
Et des fleurs, doux-Jésis !
Des fleurs comme tellement les enfants
Ne peuvent en voir sans laisser éclater leur joie
Sans lasser les cueillir
Les tresser et les offrir
Des néfliers, des baumes camphrés
Des amarantes roses
Des fuchsias-montagne aux pétales laineux
Des bégonias, des grappes drues d'amanoa
Et ils crièrent et dansèrent de joie
Et on les envoya demeurer sur terre
On les chassa avec des bourrades
Pour qu'ils ne reviennent pas mélanger les lignages
Et l'un derrière l'autre à la file ils coulissent vers le sol
Et là ils foulent,
Ils pressent la terre en ses teintures
dégraisseurs d'étoffes en leurs teintures
Et les oppresse là-même
Là même tout aussitôt les oppresse la beauté noire.
*
La fille à la calebasse
« Puis avons tous bu, puisant dans la coupe
Avec nos mains ou un coquillage,
Suçant des cailloux ou des os,
Les serrant ensuite à notre cœur pour nous rendre forts.
Avons gardé la médecine forte et amère
dans nos bouches
Avons pris un morceau d'argile »
Lui, parle de la sorte : « Écoute mes paroles.
Ne mange pas seul à tes repas, mais fais venir des gens
Et partage ce que tu as »
(Conmèce grand-moun longtemps).
Alors quand vient un homme pieds nus
Quand vient surgir un homme qui marche,
Quand vient paraître un homme
couvert rhades piècetés
Sur la tête chapeau paille en filangue,
chapeau noir de fumée et de crasse,
noir de la patine
noir des concrétions
Alors ils baissent leur corps jusque terre
alors ils flétrissent leur corps
S'inclinent et se rabaissent
alors devant lui ils mangent la terre
donnent un beau à ses pieds nus
Puis mettant leur corps debout,
passent à son cou colliers
guirlandes de fleurs
colliers d'hélianthes et de magnolias,
colliers plusieurs rangées
colliers nattés
colliers en plumes tressées
Le couvrent ainsi de fleurs
le couronnent de fleurs
Et les femmes arrachent leurs parures pour l'en vêtir
Garnissent ses doigts de bagues
Ornent ses oreilles
Lissent ses cheveux et les embaument
Et elles crient, elles s'écrient, elles s'exclament, elles s'étonnent
Elles s'émerveillent, elles restent bèbè
Et, parmi, y' en a un qui dit en chantant : « Sois le bienvenu, frère.
Viens manger un peu, puisque tu es passé devant notre maison
et que tu as faim,
Assurément tu dois manger.
Restez ici, assise vot' corps
pose vot' sang »
Et on lui donne à manger,
on lui porte à manger toutes qualtés :
Paniers gâteaux galettes manioc galettes maïs
bol sang caillé bouc
Toutes sortes viandes : dindes et zoeufs dindes poules cabrites
Toutes sortes fruits : sapotilles jaunes prines, griyaves
figues-pommes jujubes caroubes
Et à boire bons rafraichis sirop l'orgeat
Sirop l'anis laloë.
Et il mange puis il se lave les doigts.
Et disant qu'il a bien mangé, il dit comme ça :
« J'ai bien mangé, frère. Je désire me préparer à partir. »
Et on lui répond : « Va sans crainte, frère. Tu es venu chez nous
j'ai honte de la nourriture que je t'ai donnée. »
Et un à un, tous viennent le saluer tour à tour
les vieillards les premiers,
viennent au devant de lui,
viennent le voir
les vieillards douvant-douvant
Tous devant lui placent leurs corps rangés
Devant lui frottent leurs lèvres de farine
Et ils soufflent trois fois vers l'Est.
Et ils lui demandent de discourir
Faire un causement tout simplement,
un laudience
« Tout simplement voyez et envoyez »
Et il dit, il déclare, il indique, il raconte,
il dépose en leur cœur
Un petit maintenant un petit message
Une petite offrande une petite fumée
« Quoi que ce soit, de quelque façon que ce soit,
nous en serons émerveillés »
« …ET ELLE TOMBA BLIP À TERRE SUR LE DOS, SON CORPS GONFLA LA-MÊME
ET DE SES SEINS SORTIRENT DES COURS D'EAU QUI FORMÈRENT UN LAC ».
Et après ça, ils vont pour dire, ils parlent pour lui dire,
ils disent
ils veulent l'entendre
tout simplement,
seulement écouter le bruit de sa voix
tout simplement,
une petite fleur de montagne un petit oiseau bleu
une petite rosée
« Quoi que ce soit, de quelque façon que ce soit,
nous en serons émerveillés »
« …ET IL OTA LES HUIT CORDES DE JONC QUI COUVRAIENT SA POITRINE
ET IL PRIT LA FORME D'UN POISSON POUR S'INTRODUIRE DANS LA CALEBASSE
QUE LA JEUNE FILLE REMPLISSAIT D'EAU À LA RIVIÈRE »,
Il dit, il raconte, il dépose en leur cœur.
Ainsi l'offrande dispose la parole,
Et la parole est offrande portée dans le ventre fertile
comme telle la vie naissante
Portée devant ce qui est devant
et jetée bouler à côté craps
comme un coute zos monté
Et l'on donne à manger aux mendiants
Comme on donne à manger aux dieux.
*
Ces deux poèmes de Monchoachi, « La beauté noire » et « La fille à la calebasse » sont extraits du recueil Lémistè, publié à Bussy-le-Repos (France) chez Obsidiane en 2012. « La beauté noire » est tirée de la partie « Les Voluptés » (pages 129 à 132) et « La fille à la calebasse » de la partie « Les pieds poudrés » (pages 129 à 132).
© 2013 Monchoachi
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Le poème de Davertige « La beauté et l'amour comme inquiétude » a été publié pour la première fois en 1962 dans la première édition d'Idem . « La Légende de Villard Denis », a été publié pour la première fois en 1964 dans la deuxième édition d'Idem. Villard Denis était le nom de peintre de Davertige à Haïti.
Anacaona
Magicienne de la confiance au fond des bois
Tu n'es plus fétiche aujourd'hui car ce dialecte
Lèche tes pampres de lait pur Tes yeux me broient
L'image déferlée hors sur les mares infectes
L'innocence avant le déluge ton corps vit
Sur la merveille assez de ma vierge fragile
L'immense Ô tendresse aux fumants doigts il est dit
Pour cette source claire un hymne dans leur ville
Je t'évoque rosée algues à travers la tour
Un seul soleil qui fuit où fouine la matière
Diamant miraculeux ton feu a fait le jour
De l'herbe et le serpent d'été mur de lumières
Quand la fumée aura construit son arche bleue
J'inscrirai sur ma porte Agi-Aya Bombé
*
La beauté et l'amour comme inquiétude
_
Nous ignorons peut-être l'évolution des arbres et des forêts
Nous qui sommes poètes et fils de la nature
Car à l'heure où j'écris sur cette table chargée de fossiles
Un peuple de bonheur meurt par dessus le voile de l'aurore
Des fruits profonds s'adoucissent sur des branches
La mer franchit cette frontière de l'extase et de la passion
La Beauté et l'amour sont donc à reconstruire
Sur les astres et sur les joues la tour secrète unie à nos angoisses
Pardonne à mes rêveries et à mes errances
Une putain a le sexe pur de la tornade
Une aurore vagabonde change le jour et prend le centre
Des tourments qui viennent sur le dernier bateau
Mon dernier port galopant aux pieds de la prairie
Petit cheval du soir aux yeux de romarin
J'ai tourné sur ma tête l'herbe sans prix pour ma mémoire
Je m'en souviens et les vagues se remémorent
Où sont les joies et les plaisirs du Début de l'Amour
Je la connais la femme qui fait vibrer le paysage
La sève s'amplifie et recolore nos souvenirs anciens
L'amour nous prend et nous explique le chemin de l'Éden
Que l'enfant qui s'en va baise mes joues fanées
La roue de mer tourne les folles vagues et doit tourner
Hier la forêt près de nous était un livre
Et des oiseaux chantent sur nos épaules
L'hirondelle vers les Pôles tournait ses yeux opaques
Ce seul soleil de charbon contournant les larmes du ciel
Collier de voix autour du désert de nos corps
Celle qui venait avec cette aurore que j'aime
Qu'au centre de leur jardin se repose ma lampe
Elle s'éteint comme un tombeau sans souvenir
Cette mer fraîche c'est son profil scintillant dans le demi-soir
Un miroir aveugle aveuglant dans cette nuit sans chiffre
Ce fruit voyant dans le verger mûr de ma chambre
Ses doigts d'huile sensible réglant la geste d'incertitude
L'Équateur ce bâton de grains de réglisse dans l'émail du cancer
La structure broussailleuse limitant la vue du Poète
Au bas des ciels de zinc meurent mes yeux céruléens
Toute la NATURE est absente dans mes rêves
Et tournent et tournent les mers et les déserts
Les ciels gris de cristal les quais aux brides de l'Enfer de Rimbaud
Et non dans les mers de Cravan Arthur Arthur Artaud
Horizon lâché à midi du signe des yeux mortuaires du monde
Comme gueules battues aux battants pour l'embarcation
Le verre frotte ses doigts sur la pâleur de nos miroirs
Viennent des saisons au front de l'orage qui gronde
Horizon renversé d'obus derrière la course du mal-aimé
Apollinaire
L'azur dans la courbe des sens reprend sa douceur d'autrefois
Et au cœur du matin nous sommes à la rencontre de l'espérance
Mon île liée au péril de ma vie
Le piroguier Césaire dans les pirogues des Antilles
Marche marche dans les tuyaux de nos oiseaux aventureux
Et ce nuage d'homme d'une mémoire de course
Est le cœur plein de vie des astres de Tzara
L'amour entre et sort et fait de nous un lac sanguinolent
Dans la plainte des larmes qui charrient nos enfances
Ô larmes de la mort dans l'ivrognerie de Dylan Thomas
Corbeaux mon panthéon aux vitres de l'azur
Clouées au front du ciel entre les mains ouvertes d'Edgar Poe
Dans cet espace indivisible aucun ange n'a répondu
La chute de l'enfance a refermé le Temple
Et Rilke a ouvert la lumière sur le paysage inconnu
La rose parée de sève plus belle que le jour
Le couple de pluie Éluard et Nush se tenant d'innocence
S'en allait à travers le jour et se couchait partout
Et toi assise sur le seuil de ta grâce subtile
L'étoile que tu portes au front se souviendra de ma passion
Je me regarde dans le miroir ton enfance devient ma jeunesse
Et le vertige remplit le ciel du poids de ce poison Un pont sur ta main
Claire et tes doux yeux
Une ville reconstruite dans le parfum du demi-soir
Un oiseau chante au coin de mon miroir
Ô ciel fou de Goll au moulin de la jalousie
La PROSTITUTION a des cheveux malades comme des bêtes féroces
Dites Lautréamont derrière un vieil Océan
Ce sont les chants du monde et les nuits à la recherche du fantôme
Puisque poète ma voix a dénoué le ruisseau
Sous les arcades de l'amour des poissons au-dessus des eaux
Entourées de bois de chandelle et de quinine
La CONVULSION de L'Immaculée Conception au front de l'ombre de Breton
Ô Desnos sur le pont de la vie où passent les Nazis
Je découvre la lame sans queue mordant nos cœurs
Un seul amour ininterrompu persécuté dans cette nuit
De cyclamen quand la France dans son cycle par toi abat l'infini
Et c'est aussi sur une même route avec Elsa
Ô mes chants érigés en stèles de sable remarquable
Comme des ciels de tuf aux horizons tabous où dialoguent les Parias
Par-dessus St-Aude et le soleil au coin de la rue St-Honoré
Riez e ne riez pas de ceux qui veulent tuer leur Roi
Qui fut en pays étrange étranger de son labyrinthe de propriété
Car à chacun appartiennent les monstres qui rejettent les lois
Autour de toi Michaux l'abîme exorcise nos plaintes
Je les connais aussi ceux qui s'élèvent avec leur libation
La mer montée vers nous dans le Temple-de-Mer de Perse
L'océan dans son architecture plus grande que l'avenir
Merdre aux voyous décervelés
Merdre Merdre au Père-Ubu
Un poète fait son portrait en crabe
Là où Jésus déménage pour laisser ses cornets à dés
Ah qu'ils s'effritent ces paumes de chaux
J'ai péché sur la lampe les pierres et les hommes
Hommes de l'inquiétude je ne vous ai jamais connus
Tant que la pente sera mouvante je prendrai toujours mon bateau
Si c'est une fenêtre lyrique que l'on me donne des fleurs
J'ai des bras comme les autres pour travailler des lèvres pour baiser
Je me connais Davertige de tous les vertiges des siècles
Je les connais ces ciels de romarin où les enfants mal-nés gémirent
Où la patrie et ses nuits sauvages d'amour dialoguent
Passants dans la merveille des saisons arrêtez-vous devant ma lampe
Nos mains ont besoin d'écume et de sève
Ève ne portera plus le tort des désirs déchaînés par ses sens
Ni les voyous la puanteur qui accable le monde
Par-delà le vertige mon être pris de toute connivence
Avec les astres et les hommes
Au bras des ciels de zinc se raniment mes yeux céruléens
Toute la NATURE est présente dans mes rêves.
*
L'île déchaînée
Je ne suis qu'un adolescent qui cherche à se comprendre pour connaître le monde Ô vous les réverbères éteints sur les paupières du jour Ô grand midi parmi les fous illimité comme de vieux zombis en bobêche de souffrance Toutes les voix bivouaquent dans les plaines et dans la plainte des plantations Nombrils aux vents les yeux pleurants Omoplates et crânes huileux sur des bouteilles de fétiches L'aile d'ébène du soleil réchauffe la campagne et l'aveugle porte le poids de l'obscurité contre ses paupières Parias mon frère je vous suis montrez-moi la route des sources
Je ne suis qu'un adolescent qui cherche à se comprendre Soûlard mon Christ aux yeux d'absinthe la nuit est ivre de convulsion Par la taille le spasme l'agrippe Ô vie le bas-ventre chauffé sous le Poteau-mitan Je vais chercher une croyance Et ces jeunes nègres le cœur en sang se souviennent-ils des libations J'ai donc conscience des réverbères éteints des négresses perdues de cette flamme vive au fond des cales de l'émigration avec le diamant sur le sexe christes-marines dans la salive des mers glauques Montrez-moi la route des sources Je ne suis qu'un adolescent
Soûlard mon Christ les cheveux de sisal vert sale Illimité comme les zombis de la nuit à naître Et qui naîtra à l'arc roux de notre île Ô grands cierges allumés pourquoi notre équilibre se trouve hors de son centre Ô souvenirs Les carrefours se dévident sur l'infini le Guédé de soleil fait des pirouettes Les foules la tête au Levant lancées à l'assaut des yeux du soleil pour ce topaze de la lumière Le sable ivre recrée la chair et la pierre de la fronde ressuscite les fruits Ô saisons mortes de notre île nous vivons dans la mort comme hier vous vécûtes près des tambours à taille de vache
Entre les lianes du vent
Nous nous révélons des passants
Et nous passons sous les orages
Nos corps liés autour des âges
Cassés et ressoudés par la transe des nuits nos corps inscrits dans leur mouvement de pierre ont des gestes de moundongs d'yeux de mille lucioles Le silex initie la puissance de la sève Montrez-moi la route des sources
Je ne suis qu'un adolescent soûlard les réverbères éteints Nous entrons dans la vie et lions notre adolescence au secret de l,amour éclatant de corail sur les étoiles et les soleil Midi de tuf s'illimitant lui-même sur les incantations de l'homme Que les momies adossées à la voix des ombres les cercueils pris de pleurs s'élèvent sur les déserts les paysages et les maisons craquant de trop de sortilèges à l'ombre des visages amers et amarrés autour de soi Miroir d'ombre agissante et pourquoi s'élever dans les grottes des grillons Et la rivière descend la pluie cassée par le vent violet Nos doigts s'élèvent aux sons des nuits
Nuit de baume et de basilic
Sous le ciel le destin tragique
Attendue trop longtemps la nuit
En tes cheveux la mort nous suit
Je ne suis qu'un adolescent qui cherche les réverbères éteints car ma jeunesse est passée ainsi que la St-Jean La mer baisait la paume des boumbas et les champs amarrés autour du midi Les plantes délient l'été sur les sables Nos fronts mâchent les serpentins de rides Et les menottes du soleil défont la transe de la nuit Grand jour de maïs d'or et de poissons les fétiches se gargarisent sur nos poitrines Le siam pendu au fond du lac et sur l'étang On se réveille d'idolâtrie du grand lit de putain les yeux hypnotisés Aux flammes délirent les sables Je n'ai qu'à ouvrir les cheveux
Les chevaux refont le silence
Et je détruis tout le passé
À mes narines de fumée
Le jour par Toi reprend conscience
Les soûlards se défilent dans leur mouvement hors de nous-mêmes sur le pavé de leur délire et les grands genoux lézardés des déserts Sur nos talons anesthésiés sur nos visages fulgurants l'empreinte des scorpions renoue le fil arraché à l'hameçon et autour des vieux mâts qui supportent nos pleurs Dans la baie graisseuse des cuisses et dans le wharf étroit du sexe du printemps le ciel se mit à la dimension des sens en lit d'alcool Les lèvres se rencontrèrent sangsues mortes comme la mare éteinte hors de la nudité de la lune La foule plantée dans la persistance de l'orage ce mapou millénaire les racines de sortilège les cheveux verts de latanier dans le puits de la terre et de la chair où la Femme-Cacique disait Agi-Aya-Bombé Oh si vient le printemps les papillons seront mes frères et le suicide aux voleurs de la nuit comme Anacaona allongée et empaillée de souffrances centenaires Je ne connais rien de la vie je ne fais que parler de moi comme un vent galopant dans un toit
La nuit pleure autour de nos voix
Qu'elles montent au-dessus des eaux
Ces sirènes aux yeux de fantômes
Qu'elles s'allongent sur nos croix
Je ne sais rien hors de moi-même ce ne sont que mensonges Tout va tourner La plaine immense prend le grillon et jusqu'au bout du jour la lune folle d'abeilles a laissé couler sa chanson Ô mon ombre millénaire dans la plaine pâlissent les doigts des tambours Toutes les tombes s'ouvrent toutes les cordes s'usent par la puissance inverse de la nuit Nos yeux qui l'an passé moururent allument la chanson le front béni entre le bruissement des étoiles filantes Le grand fantôme déchaîné comme l'eau de l'écluse la sueur brûlante de la cascade des colonnes vertébrales comme la mémoire huileuse La nuit les seins ouverts croisée et décroisée sur la trace boueuse et chaude de l'homme et de la femme Le lard des lèvres se suicide sur le cramoisi de jouvence Le sang aux joues des fruits la sève aux bras des mers
Mes papillons pourquoi mes pas vous recherchent toujours La source je dois la suivre jusqu'à trouver les citronnelles et les papillons C'est la route promise...
Ô forêts sur vos tabacs vos ailes de libellules Que n'ai-je longtemps erré dans les déserts sur les pavois des rêves là où jamais le rêve ne s'éteint aux revers des lèvres sales les embouchures se raniment et le croupissement des jours éclate Qu'elle s'élève la sirène aux cheveux de jasmin de nuit au collier d'étoiles Mon grand tombeau de chaux comme un ciel arc-bouté à mon enfance Ah qu'il éclate avec le grand démon le grand poignard aux rires des rivières les mots tranchants comme des feuilles sauvages Mes mains mes pieds mon sang mes bras mes cheveux mes yeux ô Parias combien est grande la connivence Ô moi qui ne suis qu'un adolescent
La nuit éclate sur ma tête
La femme ouvre sa douce chair
Le grillon reprend sa chaleur
Je vais dormir avec mes rêves
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La légende de Villard Denis
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La légende de Villard Denis
Est une légende simple et amère
Sous le tournoiement des couteaux de l'ardoise
Et de la corde en coryphée dans les branches
Elle voit au loin la cendre du cœur tourner
Entre des crocs et des salives
Pour dire la geste du cœur-aux-chiens
La légende était à leurs pieds
Avec mes vitres brisées dévorantes
Ma chemise trop fine voulant encercler l'incendie
Voici la légende du cœur-aux-chiens
Avec la célérité des flammes de la main
Qui disent non pour son sang vif
Ses cloches sonnent avec un bruit de bois sec
Au-dessus des arbres brisés en paraboles
Pour l'entraîner dans les dangers des fantômes tourbillonnants
Près du parapet des noms en serpents
La légende de Villard Denis à vos oreilles
Court à pas d'enfant dans les feuilles
Elle était docile aux pieds de la Sainte aux yeux d'argent
Le brasier recouvrant sa face
Elle était broyée par les bruyères de vos entrailles
Et veut parler au braiment du soleil
Le langage de l'homme pathétique
Et que viennent les poètes d'antan
Et s'en aillent ceux d'aujourd'hui
Dans le cycle de ses lamentos
Derrière le voile du crâne où se tissent les funérailles fissurées
Pour contenir son dos dans la gloire de sa Parole revenue
Un voyage qu'elle entreprend à sa façon
Pour pénétrer dans l'or ouvert
Des bras de la Vierge aux cheveux blonds
C'est le cœur de Villard Denis
Émerveillé dans un monde en pâtures
Sous les nuages violets des chiens
Où gisent le glas de la tombe et l'émerveillement de ses nuits
Crépitant dessous les sanglots dans le crachoir imberbe de sa face
Un cœur aux pourceaux dans la patrie brûlée des passants
Et qui craque sur les fémurs de la fleur-aux-dents
Dévidant la bouteille de ses mots sans âge
Mourant dans la chaîne infinie des flots
Sous les flûtes de farine du cœur
Ô suaire de ma naissance
Sur la table aux tiroirs ouverts
Où le verre creuse le puits pour dévider enfin le miracle de l'arme des colonels
Des roses fanées sur la surface de la légende
S'appuyant la tête à nos genoux
Ce n'est pas adieu que je dis aux étoiles de vos talons
Qu'en Enfer les dieux vous bénissent
Et sous la girouette du sang
Chante la légende de Villard
Qui est une légende immortelle.
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Omabarigore
Omabarigore la ville que j'ai créée pour toi
En prenant la mer dans mes bras
Et les paysages autour de ma tête
Toutes les plantes sont ivres et portent leur printemps
Sur leur tige que les vents bâillonnent
Au milieu des forêts qui résonnent de nos sens
Des arbres sont debout qui connaissent nos secrets
Toutes les portes s'ouvrent par la puissance de tes rêves
Chaque musicien a tes sens comme instrument
Et la nuit en collier autour de la danse
Car nous amarrons les orages
Aux bras des ordures de cuisine
La douleur tombe comme les murs de Jéricho
Les portes s'ouvrent par ta seule puissance d'amour
Omabarigore où sonnent
Toutes les cloches de l'amour et de la vie
La carte s'éclaire comme ce visage que j'aime
Deux miroirs recueillant les larmes du passé
Et le peuple de l'aube assiégeant nos regards
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Patrick Quillier a publié des livres de poésie aux éditions de la Différence. Il est également universitaire, traducteur et compositeur de musique . Ci dessous la partition de ses CONSENTEMENTS :
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extrait du Ma'navi , ouverture " La complainte de la flûte"
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Écoute la flûte de roseau, écoute sa plainte
Des séparations elle dit la complainte
Depuis que de la roselière on m'a coupée
En écoutant mes cris, hommes et femmes ont pleuré
Pour dire la douleur du désir sans fin
Il me faut des poitrines lacérer le chagrin
Ceux qui restent éloignés de leur origine
Attendent ardemment d'être enfin réunis
Moi j'ai chanté ma plainte auprès de tous
Unis aux gens heureux, aux malheureux, à tous
Chacun à son idée a cru être mon ami
Mais personne n'a cherché le secret de mon âme
Mon secret pourtant n'est pas loin de ma plainte
Mais l'oeil ne voit pas et l'oreille est éteinte
Le corps n'est pas caché à l'âme ni l'âme au corps
Ce sont les yeux de l'âme seule qui pourraient le voir
Le chant de cette flûte, c'est du feu, non du vent
Quiconque n'a pas ce feu, qu'il devienne néant
C'est le feu de l'amour qui en elle est tombé
Et si le vin bouillonne, c'est d'amour qu'il le fait
La flûte est la compagne des esseulés d'amour
Et nos voiles par ces notes ont connu la déchirure "
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